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APRNEWS : Les raisons de l'instabilité dans le Nord du Bénin

Instabilité - situation - Contributeur
Mardi, 12 juillet 2022

APRNEWS : Les raisons de l'instabilité dans le Nord du Bénin

APRNEWS - L'insécurité qui frappe le Sahel s'étend désormais aussi au nord du Bénin. La pauvreté et les changements climatiques comptent parmi les éléments qui ont favorisé dans la zone, l'émergence de groupes criminels et extrémistes.

APRNEWS - Il n'y a qu'une soixantaine de kilomètres entre Tanguieta et Porga. Mais pour relier ces deux villes du département d'Atakora, dans le nord-ouest du Bénin, il faut passer trois checkpoints.

Entre décembre 2021 et juillet 2022, les forces de sécurité béninoises ont été attaquées quatre fois par des hommes armés. Les autorités imputent ces attaques au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, le JNIM, considéré comme l'un des groupes jihadistes les plus puissants du Sahel.

L'imam de Porga, Mounou Y'Moussa

L'imam de Porga, Mounou Y'Moussa

Musulmans menacés

"Nous menions des vies tranquilles. Mais aujourd'hui, tout est incertain et il y a l'insécurité", témoigne Mounou Y'Moussa. Imam de la mosquée centrale de Porga, il a déjà reçu de nombreuses menaces. Et il n'est pas le seul : "J'ai remarqué que beaucoup de gens ne venaient plus à la mosquée. Je leur ai demandé pourquoi et ils m'ont dit qu'on les avait menacés. Ils m'ont dit qu'il fallait prendre les armes pour mener une nouvelle guerre. Y compris des machettes s'il le faut.", raconte l'imam.

Le nord du Togo sous état d’urgence sécuritaire

Un couvre-feu est en vigueur à partir de 19h. Les habitants de Porga n'ont plus le droit de sortir à la tombée de la nuit.

"On sent la méfiance"

Le père Igor Kassah, le seul prêtre catholique de la localité, est arrivé dans la ville en septembre dernier. Il ne peut plus célébrer que les messes du dimanche. "On sent la méfiance entre les gens, on parle souvent d'infiltrés", raconte-t-il avant d'ajouter qu'il a décidé de rester aux côtés de ses concitoyens qui n'ont pas le choix.

Oswald Padonou, président de l'Association béninoise d'études stratégiques et de sécurité (ABESS), confirme la montée de l'insécurité dans le nord du Bénin, à la frontière entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger"Au début, on pensait à un phénomène de transit de djihadistes dans les zones frontalières. Maintenant, on parle de micro-cellules [terroristes] et de recrutement dans le nord du Bénin…Le phénomène d'extrémisme islamiste a pris pied graduellement dans les zones marginalisées."

Disparition des forêts, érosion des sols

Avec le réchauffement climatique, la pluviométrie s'est effondrée dans la région, les sols s'érodent et les périodes de sécheresse sont devenues plus fréquentes. D'après le Global Forest Watch, le Bénin aurait perdu plus de 20% de ses forêts depuis l'an 2000.

Les conflits, parfois violents, sont devenus fréquents entre fermiers et éleveurs

Les conflits, parfois violents, sont devenus fréquents entre fermiers et éleveurs

Ceci accentue les tensions entre les communautés d'agriculteurs et d'éleveurs.

Des violences ont éclaté en janvier dans le village de Boribansifa, entre les fermiers waama et les Peulssemi-nomades.

Simplice Mangopa, agriculteur et membre du conseil de village, explique que les accords qui apaisaient les relations entre les communautés pour les pâtures sont devenus caducs quand les Peuls ont commencé à s'installer. "Nous, les anciens, avons essayé de stopper les jeunes qui voulaient détruire les maisons des Peuls. Mais ils ne nous ont pas écoutés. Un garçon a été tué et un de mes enfants a pris une balle dans le bras."

L'Institut néerlandais Clingendael estime que les incidents violents ont augmenté de 30% au Bénin depuis 2017. Principalement dans le centre et le nord, des régions pauvres, où la population manque depuis longtemps d'infrastructures de base.

Source : Dw