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APRNEWS - France : La pénurie de pilule abortive, nouveau symbole des pénuries de médicaments

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Jeudi, 20 avril 2023

APRNEWS - France : La pénurie de pilule abortive, nouveau symbole des pénuries de médicaments

APRNEWS - Les récentes difficultés d’approvisionnement en MisoOne et en Gymiso, deux pilules abortives utilisées dans la majorité des IVG en France, ne sont que les derniers exemples d’une problématique identifiée de longue date.

APRNEWS - Après le paracétamoll’amoxicilline et les antidiabétiques… la pilule abortive. Depuis plusieurs semaines, l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) tire la sonnette d’alarme sur la pénurie, dans plusieurs régions, de Gymiso et de MisoOne, des pilules abortives à base de misoprostol, un médicament utilisé dans 76 % des interruptions volontaires de grossesse (IVG) en France.

Si François Braun, le ministre de la Santé, a préféré parler de « tensions d’approvisionnement » sur ces pilules abortives et assuré, ce mercredi 19 avril sur RMC, que la situation reviendrait à la normale dans les 15 prochains jours, de plus en plus de pharmacies et de Français ont des difficultés à se procurer leur traitement – tous médicaments confondus.

D’après l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), quelque 3 000 molécules ont ainsi fait l’objet de pénuries en 2022, rapporte franceinfo, alors qu’en 2018, elle n’en avait recensé que 800 incidents. 29 % des personnes vivant dans l’Hexagone ont même déjà personnellement fait l’expérience de pénuries, selon un sondage de France Assos Santé, réalisé par l’Institut BVA en 2022.

À l’heure actuelle, « toutes les classes de médicaments sont concernées » par les ruptures de stock, fait savoir l’ANSM au HuffPost. « Mais trois classes parmi les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) sont plus particulièrement exposées : les anti-infectieux, les médicaments du système nerveux et les médicaments du système cardiovasculaire », précise l’agence de santé.

Plusieurs facteurs

Quelle est la cause de ces pénuries ? Selon l’ANSM, elles sont principalement dues à l’insuffisance de la « capacité de production » en France, à des « difficultés survenues lors de la fabrication des matières premières ou des produits finis » ou encore à « des défauts de qualité sur les médicaments ». Ajoutez à cela la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine et la hausse des prix de l’énergie, et vous obtenez la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui.

En effet, en 2020 et 2021, lors des deux années de confinement, les épidémies hivernales de grippe et de bronchiolite ont été particulièrement peu virulentes grâce aux gestes barrières et à la baisse des interactions sociales. Avec leur retour en force en 2022, la soudaine hausse de la demande n’avait pas été anticipée par les industriels. « Les stocks n’ont pas été à la hauteur habituelle » et « les lignes de production doivent être relancées », avait détaillé l’ANSM lors d’une conférence de presse en novembre 2022.

L’invasion de l’Ukraine et la hausse des prix de l’énergie ont par ailleurs eu des conséquences sur le conditionnement de certains médicaments. « Certains des produits utilisés par l’industrie pharmaceutique proviennent d’Ukraine », tels que « l’aluminium pour les blisters » ou encore « le verre pour les aiguilles d’injection », illustrait en janvier Bruno Bonnemain, le vice-président de l’Académie nationale de pharmacie, dans Viva Magazine.

Enfin, la production mondiale des principes actifs, délocalisée à 80 % en Chine et en Inde, a engendré des difficultés accrues ces derniers mois. Selon l’ANSM, les pénuries sont un problème « à l’échelle européenne et internationale ». Or, lorsque la demande mondiale augmente, les industriels ne sont pas toujours en mesure d’augmenter leurs capacités de production dans les usines asiatiques. Les pays importateurs se livrent alors à une course aux stocks et la France, qui s’avère plus sévère en termes de prix que ses voisins, n’est pas nécessairement le pays le plus attractif pour les producteurs.

Quelles solutions pour y remédier ?

Le gouvernement et l’ANSM disposent de plusieurs leviers pour limiter les pénuries. Ils peuvent notamment identifier des alternatives aux médicaments en tension, interdire l’exportation par les distributeurs, limiter la vente ou prioriser certains patients. Dans le cas de la pilule abortive, il a par exemple été décidé de réserver la distribution des boîtes d’un comprimé de MisoOne aux pharmacies de ville et d’importer sa version italienne.

Début février, les ministères de la Santé et de l’Industrie ont consenti à opérer des hausses de prix « en contrepartie d’engagements des industriels sur une sécurisation de l’approvisionnement du marché français ». Ils ont également annoncé un moratoire sur les baisses de prix des génériques considérés comme stratégiques sur le plan industriel et sanitaire. Des mesures réclamées de longue date par les pharmaciens et les industriels.

Plusieurs voix s’élèvent enfin pour relocaliser la production de médicaments à l’échelle européenne, voire française. Une volonté affirmée dans l’Hexagone dès le début de la pandémie de Covid-19, mais qui, trois ans plus tard, n’a pas encore montré ses effets.

Source : huffingtonpost