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APR NEWS : Pourquoi les larmes font du bien

Lundi, 28 février 2022

APR NEWS : Pourquoi les larmes font du bien

APRNEWS - "Pleure un bon coup, ça ira mieux !". Voilà un adage que l’humain entend à maintes reprises durant son existence. Par réflexes ou par émotions, pleurer s’opère dès la naissance. Mais en fonction de l’âge, du sexe, de la culture et de l’environnement familial, le phénomène diffère. D’un point de vue physiologique, mais aussi psychologique, les larmes ont de nombreux bienfaits. Mais quels sont-ils exactement ? La psychologue Michèle Hosseini nous éclaire.

Les larmes protègent l’œil

APRNEWS - Pour hydrater et nourrir la cornée, les glandes lacrymales sécrètent en permanence des larmes "basales" contenant des lipides, du mucus et un peu d’eau. Le film lacrymal protégeant la cornée se constitue de trois couches :

- une couche lipidique, lubrifiant et prévenant l'évaporation ;

- une couche aqueuse, nourrissant et protégeant la cornée ;

- une couche mucinique, permettant l'arrimage du film lacrymal à la cornée.

Proche du liquide céphalo-rachidien, la composition des larmes contient principalement du sel et des antiseptiques comme les lysozymes et les lactotransferrines. Les larmes jouent donc un rôle très important dans la protection de la cornée et protègent ainsi des infections. Enfin, par réflexe, l’œil peut produire des larmes pour évacuer un corps étranger ou soulager une irritation liée à un gaz comme celui produit par l’oignon après avoir été coupé.

Pleurer pour apaiser les douleurs

Les larmes pourraient bien contenir une protéine : "l’opiorphine", un antidouleur et antidépresseur naturel. Isolé à partir de la salive humaine en 2010, l’Institut Pasteur poursuit ses recherches pour la détecter dans d’autres fluides comme les larmes. Selon la chercheuse Catherine Rougeot, chef du laboratoire de pharmacologie des régulations neuroendocrines, "l'opiorphine serait aussi efficace que la morphine pour inhiber une douleur aiguë".

Signaler sa détresse et susciter l’empathie

Comme le soutient la psychologue Michèle Hosseini, "les pleurs sont un moyen de communication". Au début de la vie, un bébé pleure. "C’est un signal de détresse, la manifestation d’un mal être ou d’une angoisse. La mère donne un sens à ses pleurs et apporte la consolation nécessaire pour essayer de faire disparaître la souffrance", analyse-t-elle. "Les pleurs sont à la frontière du corporel et du psychique. Une fois que le langage permet la communication, le statut des pleurs est différent", souligne la psychologue.

Plus tard, les pleurs peuvent fonctionner comme un signal pour attirer l’attention des autres et susciter la sympathie ou faire baisser l’agressivité. "Pleurer est lié au désir de consolation. Il est si fortement ancré en nous, que l’on peut se demander si ce n’est pas une trace du lien mère-enfant". Les pleurs peuvent avoir un effet bénéfique si la personne souffrante attire "la compréhension d’un être bienveillant. Mais, pleurer face à une personne hostile peut enfoncer encore plus la personne sujette aux pleurs", ajoute Michèle Hosseini. 

Pleurer varie en fonction de l’âge du genre et de la culture. "Dans l’Angleterre du XIXème siècle, l’idéal du contrôle émotionnel en société fonctionnait à plein régime", souligne la psychologue. "Il y a aussi des endroits où il est bien vu de pleurer : les enterrements par exemple. Là, la manifestation de la tristesse en société permet de souder un groupe".

Pleurer pour faire baisser la tension émotionnelle

Pleurer est l’expression d’une émotion aussi naturelle qu’incontournable dans une vie. "Les larmes résultent d’un trop plein intérieur, comme quelque chose qui déborde de soi", entame Michèle Hosseini. "Elles peuvent apaiser la détresse et faire revenir le corps à l’équilibre, celui d’avant les pleurs. Sans pour autant que le conflit psychique soit résolu", précise la psychologue clinicienne. "La tension émotionnelle n’est pas que le résultat d’une émotion négative", elle peut aussi être une conséquence de la joie, comme lors d’un mariage ou de la réussite à un examen par exemple.