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APR NEWS : le coup de bluff de la Sonatrach au secours de l’Europe

Gaz - Sonatrach - OIL AND GAS
Mercredi, 2 mars 2022

APR NEWS : le coup de bluff de la Sonatrach au secours de l’Europe

APRNEWS - Plusieurs dirigeants algériens et à leur tête, le patron de la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, tentent de faire croire aux européens que l’Algérie peut fournir davantage de gaz à l’Europe, en cas de chute brutale des exportations russes, en l’acheminant notamment via le gazoduc Transmed reliant l’Algérie à l’Italie. Un coup de bluff, comme l’expliquent nos amis d’Algérie Part.

APRNEWS - L’Algérie n’a nullement la capacité de couvrir les immenses besoins des pays de l’Union Européenne qui dépendent à hauteur de 43 % du gaz russe pour répondre à leurs besoins les plus élémentaires comme le chauffage domestique, la production de l’électricité ou le fonctionnement des unités de leur tissu industriel. En effet, plus de 43 % du gaz importé dans l’Union européenne provenait de Russie en 2020.

De son côté, l’Algérie couvre à peine 11 % des besoins en gaz naturel des pays de l’Union Européenne. Et ses réserves sont limitées sans oublier que sa production nationale ne pourra en aucun cas monter encore crescendo pour grappiller de nouvelles parts de marchés en Europe.

Les chiffres sont effectivement éloquents. La production nationale du gaz naturel s’élève à 130 milliards de mètres cubes. Cette production nationale stagne depuis 2018 et elle peine à progresser en raison de la diminution des réserves existantes et du coût très onéreux des investissements nécessaires pour exploiter l’ensemble des gisements abritant potentiellement des réservoirs importants en gaz naturel.

La majeure partie de cette production nationale est destinée à la satisfaction des besoins… nationaux. Depuis 2020/2021, des rapports internes au sein de Sonatrach consultés par Algérie Part démontrent que plus de 60 % du gaz naturel produit par l’Algérie est orienté exclusivement vers les divers besoins nationaux.

En effet, rien que la consommation domestique via le raccordement au réseau de gaz naturel, ce qui est appelé communément gaz de ville en Algérie, nécessite la consommation de 48 milliards mètres cubes par an. A ces volumes considérables, il faut rajouter d’autres grosses quantités de gaz naturel indispensables pour la production de l’électricité.

Il faut savoir qu’en Algérie, pas moins de 99 % de l’électricité consommée par les Algériennes et Algériens est produite à partir… du gaz naturel. Depuis 2020/2021, la production de l’électricité nécessite une consommation annuelle dépassant les 20 milliards de mètres cubes.

La Sonatrach utilise également d’importants volumes de gaz naturel pour les réinjecter dans les puits des hydrocarbures. Il s’agit d’un procédé très important pour le maintien en vie des gisements de nos hydrocarbures. Le recyclage du gaz naturel ou d’autres gaz inertes permet d’augmenter la pression dans le puits, provoquant la dissolution de plus de molécules de gaz dans le pétrole abaissant ainsi sa viscosité et augmentant le débit à la sortie du puits.

La technique de la réinjection de gaz concerne la réinjection de gaz naturel dans un réservoir souterrain, généralement dans un réservoir contenant déjà à la fois du gaz naturel et de pétrole brut, afin d’augmenter la pression dans le réservoir et ainsi augmenter le débit de pétrole brut ou encore séquestrer le gaz qui ne peut pas être exporté. Après que le brut ait été pompé, le gaz naturel est une fois encore récupéré. Comme bon nombre des puits découverts partout dans le monde contiennent du pétrole brut lourd, ce processus augmente leur production.

Pour répondre aux besoins de cette réinjection, la Sonatrach consomme annuellement plus de  20 milliards de mètres cubes. La Sonatrach consacre également pas moins de 5 milliards de mètres cubes au torchage de gaz.  Le torchage ou « brûlage des gaz » est l’action de brûler, par des torchères, des rejets de gaz fossile à différentes étapes de l’exploitation du pétrole et du gaz naturel. Il se pratique principalement faute d’infrastructures de traitement et de transport (gazoduc ou unité de liquéfaction) qui permettraient sa commercialisation.

A la fin de toutes ces consommations purement nationales et internes, il ne reste à l’Algérie qu’une quarantaine de milliards de mètres cubes qu’elle peut consacrer aux exportations vers l’étranger notamment l’Europe. Il faut savoir que la consommation nationale de gaz naturel est passée de 32% en 2000 à 62% aujourd’hui, dont 40% en propane, alors que le taux de couverture en électricité, dont la production dépend du gaz, a atteint 99%.

Avec à peine 40 mètres cubes de gaz destinés à l’exportation, l’Algérie est devenu, malheureusement, un petit acteur gazier sur la scène internationale qui ne peut pas afficher de plus grandes ambitions faute d’une production capable de transcender les besoins nationaux. Les investissements nécessaires à l’augmentation de la production nationale de gaz naturel se chiffrent à plusieurs dizaines de milliards de dollars et sans des investissements étrangers, la Sonatrach ne pourra jamais assumer toute seule cet immense coût financier d’autant plus qu’il faut compter plusieurs années pour entamer l’exploration des nouveaux gisements et ensuite lancer la mise en service de leur production.

Source : Mondafrique