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APR NEWS - Décryptage : la dette française en route vers les 3000 milliards d’euros

Dette - Budget - Emmanuel Macron
Jeudi, 9 juin 2022

APR NEWS - Décryptage : la dette française en route vers les 3000 milliards d’euros

APRNEWS - La trajectoire des Finances publiques est une matière a priori rébarbative. Et pourtant elle détermine à 100% le taux d'imposition qui est édicté à l'endroit des contribuables.

APRNEWS - Autant dire que la trajectoire est fondamentale voire stratégique au regard du dynamisme économique et financier du pays.

De manière aussi surprenante que choquante, le Gouvernement a décidé de contourner les obligations issues de l'article 46 de la LOLF en matière de projet de règlement de la Loi de Finances et vient d'indiquer que cette donnée cruciale ne serait rendue publique qu'en Juillet soit un mois après la date légale du 1er Juin.

Entre-temps, les citoyens auront été appelés aux urnes. Ce n'est plus une ficelle c'est un câble de téléphérique pour ériger un camouflage budgétaire.

Indigne du rang et de l'histoire de notre démocratie.

En matière budgétaire, il y a d'un côté les politiciens et d'un autre les hommes d'État dans la veine de Pierre Mendès France. Pour sa part, avec ses récentes déclarations radiophoniques hasardeuses, Bruno Le Maire a choisi son camp.  Hélas pour notre pays.

Au cours de l'émission animée par Sonia Mabrouk, le ministre de l'Économie a énoncé ce qu'il considère comme des vérités premières. Selon ses dires, la France reviendrait à 3% de déficit public en 2027 et verrait sa dette publique se contracter dès 2026.

Il faut le souhaiter mais un souhait ne signifie pas une anticipation ferme de la réalité.

Les spécialistes de la conjoncture et les agences de notation ne partagent pas l'optimisme de l'ancien élu de l'Eure – qui ne se représente pas, certain qu'il doit être de sa cote de popularité – et ne valident pas cette propension à minorer la récession qui se fait jour et la future hausse des taux de la BCE qui va être un choc comme l'a dit le président de la JP Morgan.

Les dernières communications de l'Insee ont indiqué que l'inflation est durable et vivace ce qui change la donne de milliers de décisions microéconomiques.

En 2021, le déficit budgétaire a été de 161 Mds d'Euros suivant les 206 Mds de 2020. Ainsi, il s'élève à 6,5% en 2021 ( contre 8,9% du PIB en 2020 ).

La France présente donc un ratio des dépenses publiques au PIB d'un peu plus de 59% en 2021.  Il n'est pas inutile de rappeler que la première tranche du Plan de relance européen a induit une majoration des recettes donc de réduire le déficit de 0,6% du PIB.

Permettez-moi d'attirer l'attention du lectorat : on minore notre déficit présent en référence à un Plan de relance qui constitue bel et bien une dette future !

Certains socialistes " canal historique " veulent alourdir  l'endettement de l'Union européenne qui a le plus grand mal à générer des ressources propres. On a donc créé un étage de plus à l'endettement public au plus grand plaisir intellectuel d'un président de la République poliment qualifiable de dépensier. Son premier mandat en atteste. Quant au second il démarre dans le flou pré-électoral et dans une réponse de caméléon.

Ainsi, le déficit budgétaire pour 2022 risque fort de devoir intégrer les effets de la récession qui vient et, dès lors, ce déficit sera proche de 160 Mds soit deux fois le montant des recettes issues de l'Impôt sur le Revenu.

Comme ce déficit se transforme mécaniquement en dette publique, il nous faut constater que la dette française va évoluer vers le cap symbolique des 3.000 milliards d'Euros.

Un vrai défi pour tous sauf pour Monsieur Le Maire, éternel optimiste par fonction davantage que par nature. Quant à nous, gardons à l'esprit que l'épargne française n'est rien d'autre que la caution de fait de notre endettement public.

Par Jean-Yves Archer

Source : Atlantico