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Algérie : Rabah Karèche, entre liberté de presse et désinformation

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Mercredi, 30 juin 2021

Algérie : Rabah Karèche, entre liberté de presse et désinformation

La cour de Tamanrasset a décidé, mardi, de renvoyer l’affaire du journaliste Rabah Karèche devant le tribunal correctionnel. Une décision qui a provoqué l’indignation de la presse et de l’opinion publique algérienne.

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L’affaire du journaliste algérien Rabah Karèche a été renvoyée vers le tribunal correctionnel ce mardi 29 juin. Karèche est accusé de « diffusion de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public ». Un chef d’accusation parmi d’autres, qui relève d‘un vide juridique intersidéral en matière de cybercriminalité en Algérie.

Pour les sympathisants de Karèche, sa famille, et les médias, le procès serait une énième répression de la liberté d’expression en Algérie. Rabah Karèche a été arrêté le 18 avril, et placé depuis en détention provisoire. Le tribunal de Tamanrasset a décidé, donc, de confirmer les demandes de poursuite du procureur. Ce qui a mis en relief les différentes pressions qui entourent l’affaire. D’un côté, la société civile appelle à une libération inconditionnelle de Karèche. De l’autre côté, l’Etat s’est exprimé sur le sujet.

En effet, dans la forme, l’affaire de Karèche progressait comme un délit commun. Et ce, jusqu’à ce que le président Abdelmadjid Tebboune ne se prononce sur le sujet. Le chef d’Etat algérien a déclaré : « Il (Rabah Karèche) a joué à tort au pyromane sur un sujet très sensible ».

L’affaire Karèche, où tout le monde perd

Algérie : Rabah Karèche, entre liberté de presse et désinformation

Ainsi donc, le président aurait dépassé la présomption d’innocence. Ce qui aurait, selon les avocats de Karèche, exercé une pression sur la justice. Les avocats estiment aussi que Karèche soit visé pour ses articles sur l’implication de gendarmes dans la contrebande de l’or dans le Sud algérien. Or, Karèche a été arrêté pour avoir diffusé un article sur un conflit tribal sur fond de nouvelles délimitations territoriales. Les déclarations de Tebboune concernent donc le sujet du tribalisme et le conflit ahaggar-touareg dans le Sud algérien.

On remarque, par ailleurs, que la « désinformation » dont est accusé Karèche concerne la publication de l’article sur les réseaux sociaux. Personne de l’entourage de Karèche n’a fait état d’un harcèlement quelconque qu’aurait subi le journaliste avant. Karèche est, notamment, un opposant du pouvoir algérien, et a toujours tenu des propos dénonciateurs, presque incendiaires, sans être enquiquiné par les autorités.

Pour la sœur et la femme de Karèche, la justice aurait accusé le journaliste pour son appartenance ethnique kabyle. Le journaliste est spécialisé dans les sujets socio-politiques touareg. Toutefois, son article « l’Ahaggar, la bataille des territoires » pourrait, en effet, être considéré comme sensible. Alors que l’Algérie commence à résoudre l’héritage tribaliste grâce à la mouvance politique portée par le Hirak, suggérer un début de conflit tribal dans un contexte électoral n’est pas parfaitement innocent. Mais là encore, le président Tebboune a certainement pris partie en délibérant sur le sujet. L’Algérie est dotée, comme l’a déclaré l’avocat de Karèche, d’un système hyper présidentiel.

Enfin, d’un autre côté, l’immixtion de la société civile n’est pas bien différente. Bien que cette dernière ne soit pas tenue par le secret de l’instruction. C’est une affaire où tout le monde perd. Et dont la sémantique est très dommageable pour l’Etat algérien, mais surtout pour Karèche.

Aprnews avec Le journaldelafrique