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Afghanistan: un rapport d'ONG dénonce une «litanie d'abus» des talibans

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Mercredi, 22 septembre 2021

Afghanistan: un rapport d'ONG dénonce une «litanie d'abus» des talibans

Toutes les avancées des ces vingt dernières années pour les droits humains et la liberté d'expression en Afghanistan, les talibans les démantèlent « de façon systématique ». C'est ce que dénoncent trois ONG dans un rapport publié ce mardi 21 septembre, listant une série d'exactions et d'abus survenus depuis mi-août, des dizaines de témoignages à l'appui.

« Les talibans ont tenté de persuader le monde qu'ils allaient respecter les droits de l'homme, mais les informations du terrain montrent une toute autre réalité. » C'est ce que souligne le rapport réalisé par Amnesty International, la Fédération internationale pour les droits de l'homme (FIDH) et l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT).

« Nous n’avions aucune illusion concernant le vrai projet des talibans, explique Nathalie Godard, directrice de l'action auprès d'Amnesty France, interrogée par Heike Schmidt, du service international de RFI. Aujourd’hui, on a la preuve qu’ils ont comme projet, d’abord, de démanteler les avancées des droits humains de ces dernières années et d’imposer une répression tous azimuts sur la société civile, sur les femmes, sur les journalistes, sur les défenseurs des droits humains et sur toutes les personnes qui s’opposeraient à eux. »

Le rapport documente une « litanie » de violations des droits humains : intimidation et répression des femmes, des défenseurs des droits de l'homme, représailles contre les fonctionnaires de l'ancien gouvernement, atteintes à la liberté d'expression.

Basé notamment sur une dizaine de témoignages directs, le rapport couvre la période du 15 août, date de la chute de Kaboul aux mains des talibans, jusqu'au 12 septembre.

« Climat de peur » 

« Les défenseurs des droits humains sont dans une situation de grande peur et avec une menace permanente, alerte Nathalie Godard. Par exemple, un défenseur afghan des droits humains qui a réussi à quitter le pays, a dès l’arrivée des talibans subi des intimidations directes, des menaces directes. Les personnes connaissaient son nom, le menaçaient. Et ses collègues ont été violemment frappés, ont reçu des coups de fouet. Cet homme a réussi à quitter l’Afghanistan, mais a témoigné aussi de la menace directe et réelle à laquelle sont confrontés les défenseurs des droits humains, aujourd’hui à Kaboul. Des défenseurs qui, quand ils restent à Kaboul, sont pris au piège en raison de la très grande difficulté pour quitter le pays encore aujourd’hui. Donc il y a à la fois des menaces directes, des persécutions, des cas qu’on a directement documentés et un climat de peur qui est présent. »

« Conséquence du climat de peur engendré par la prise de pouvoir des talibans, selon le rapport, de nombreuses Afghanes portent aujourd'hui la burka, s'abstiennent de sortir de chez elles sans un tuteur masculin et cessent certaines activités pour éviter violences et représailles. »

Les trois ONG appellent le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à établir un mécanisme d'enquête indépendant pour recenser ces abus. 

Aprnews avec Rfi