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A propos des accusations d’Amnesty International et de leur reprise dans la presse béninoise

Jeudi, 8 avril 2021

Depuis quelques heures, les médias locaux et internationaux mettent l’accent sur les « déplorables conditions d’emprisonnement d’opposants béninois ». Cette reprise d’une conclusion récente de l’ONG Amnesty International sans aucun effort d’analyse de la situation aux plans sanitaire, infrastructurel et dans une certaine mesure politique n’est pas de nature à honorer la presse locale.

Une bonne partie de la presse internationale, quant à elle, ne fait qu’appliquer sa routine en matière d’agenda des élections africaines. Il faut en effet savoir que les médias étrangers sont peu enclins à pointer du doigt les gouvernements qui collaborent et leur rapportent donc de l’argent. Ne faisant pas partie de ces clients, le gouvernement béninois subit depuis plusieurs années des attaques injustifiées. Il faut rappeler qu’Amnesty International qui a dénoncé les fameuses conditions de détention a nommé le 29 mars dernier une nouvelle secrétaire générale en la personne d’Agnès Callamard, spécialiste des droits humains. Dans les heures ayant suivi sa nomination, l’ONG internationale a condamné les conditions de vie de détenus et des arrestations arbitraires en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Bénin, 3 pays qui sont sur le devant de la scène pour leur actualité politique. Cette situation laisse penser que l’ONG tente dans une manœuvre un peu étonnante de se positionner sur l’actualité et de revenir par conséquent sur le devant de la scène.

En plus, en sous-entendant que les opposants sont prioritairement arrêtés, l’ONG ignore volontairement le principe de séparation des pouvoirs en accusant l’exécutif pour une situation relevant du pouvoir judiciaire. En effet, aucune mention n’est faite de proches du pouvoir en place en prison et aucune enquête n’est faite sur leurs conditions de détention. Par ailleurs, lorsqu’on évoque les fameuses restrictions de droits de visites, il faut avoir vécu dans une grotte pour ne pas se rendre compte qu’à cause de la pandémie de Covid-19, les restrictions de visite sont appliquées par la plupart des pays de la planète pour éviter les contaminations en milieu pénitentiaire.

Finalement, ce qui choque le plus lorsqu’on considère cette accusation, c’est le refus de voir l’évolution des conditions de détention générale des prisonniers au Bénin. Il suffit de faire quelques recherches sur les conditions de détention entre 2012 et 2016, ayant fait l’objet de nombreux rapports, pour se rendre compte des progrès effectués, notamment grâce à de partenaires comme le PNUD qui accompagnent le Bénin pour améliorer les conditions de vie de tous les détenus et pas seulement de ceux qui bénéficient d’une exposition médiatique. Parce qu’en effet, et c’est là le problème, les conclusions d’Amnesty International et les articles des différents médias sur le sujet ne s’émeuvent que de la situation de détenus qui auraient pu participer aux élections présidentielles en cours, jetant aux oubliettes tous les autres prisonniers. Ce qui laisse penser que cette campagne organisée a essentiellement des objectifs politiques.