APRNEWS: Macky Sall sauveur sous Wade devenu fossoyeur de l’économie ?

APRNEWS: Macky Sall sauveur sous Wade devenu fossoyeur de l’économie ?

Lorsque Macky Sall accède à la présidence du Sénégal en 2012, il incarne l’espoir d’un renouveau pour un pays en quête de changement. Ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade, il promet de rompre avec les pratiques de son prédécesseur et de redresser une économie en difficulté. Pendant douze ans, il dirige le pays avec une main de fer, multipliant les grands projets et vantant ses succès économiques. Pourtant, à l’heure du bilan, les révélations du nouveau gouvernement dressent un tableau bien plus sombre de son héritage.

Le 26 septembre 2024, le Premier ministre Ousmane Sonko lève le voile sur l’état réel des finances publiques sénégalaises, six mois après l’investiture du président Bassirou Diomaye Faye. Le constat est sans appel : la situation serait « catastrophique », bien loin de l’image de prospérité affichée par l’ancien régime. Le déficit budgétaire aurait été largement sous-estimé, tandis que la dette publique atteindrait en réalité 15 000 milliards de francs CFA, soit près de 83% du PIB, bien au-delà des 13 000 milliards annoncés.

Une gestion opaque au service d’intérêts particuliers

Les accusations portées par le nouveau gouvernement ne se limitent pas à des erreurs de gestion. Ousmane Sonko dénonce une « corruption généralisée » et des pratiques opaques visant à « détourner en masse des deniers publics ». Plus de 2 500 milliards de francs CFA auraient ainsi été dépensés sous le sceau du secret défense, permettant à certains dignitaires de s’enrichir indûment.

Cette révélation jette une lumière crue sur les années Sall, transformant l’image du président bâtisseur en celle d’un fossoyeur de l’économie nationale. Les grands projets d’infrastructure, longtemps présentés comme le symbole du dynamisme économique du pays, apparaissent désormais comme autant d’occasions de détournements et de gabegie.

Un parcours judiciaire semé d’embûches

Face à ces révélations alarmantes, la question de la responsabilité juridique de l’ancien président et de ses ministres se pose avec acuité. Cependant, le cadre légal actuel rend complexe toute poursuite judiciaire à l’encontre d’un ancien chef d’État.

La Constitution sénégalaise offre en effet une protection considérable au président de la République pour les actes commis dans l’exercice de ses fonctions. Seule l’accusation de haute trahison pourrait ouvrir la voie à des poursuites, mais la procédure est longue et exigeante. Elle nécessiterait un vote à la majorité des trois cinquièmes de l’Assemblée nationale, suivi de la mise en place d’une Haute Cour de justice composée de magistrats et de députés.

Dans le système actuel, ces obstacles juridiques pourraient entraver la volonté affichée par le gouvernement de faire toute la lumière sur la gestion passée. Néanmoins, l’horizon politique pourrait offrir de nouvelles perspectives. Les prochaines élections législatives, si elles aboutissent à une majorité favorable au camp du président Faye et du Premier ministre Sonko, pourraient ouvrir la voie à des réformes du cadre légal.

Une victoire aux législatives permettrait en effet au nouveau pouvoir d’envisager des modifications constitutionnelles ou législatives visant à faciliter la poursuite d’anciens dirigeants en cas de malversations avérées. Cela pourrait inclure une révision des conditions de mise en accusation pour haute trahison ou l’introduction de nouvelles dispositions concernant la responsabilité financière des hauts responsables de l’État.

Toutefois, de telles réformes devraient être menées avec prudence pour éviter tout risque d’instrumentalisation politique de la justice. L’enjeu sera de trouver un équilibre entre la nécessité de rendre des comptes et le respect des principes fondamentaux de l’État de droit, notamment la présomption d’innocence et la séparation des pouvoirs.

Dans l’immédiat, le gouvernement semble privilégier la voie des enquêtes approfondies et de la transparence, comme en témoignent les déclarations du ministre de la Justice, Ousmane Diagne. Cette approche pourrait permettre d’établir les faits de manière objective, laissant ensuite à la justice le soin de déterminer les suites à donner, dans le respect du cadre légal en vigueur ou potentiellement modifié.

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