
APRNEWS:Bamako confrontée à une grave crise du carburant provoquée par l’embargo djihadiste
Depuis plusieurs semaines, la capitale malienne, Bamako, ressent désormais pleinement les effets de la crise du carburant qui sévit dans une grande partie du pays
Cette situation est causée principalement par un blocus imposé par des groupes armés djihadistes affiliés à al-Qaïda, notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM), qui multiplient les attaques ciblées contre les convois de carburant.
Les régions du centre, du nord et de l’ouest du Mali, telles que Mopti, Gao, Kayes et Ségou, sont déjà confrontées à de graves difficultés d’approvisionnement. Bamako, jusque-là relativement épargnée, connaît depuis début septembre une pénurie croissante. Les stations-service affichent régulièrement des files d’attente longues de plusieurs centaines de mètres, certaines étant totalement à sec. Les prix officiels de l’essence et du gasoil sont fixés respectivement à 775 et 725 francs CFA le litre, mais sur le marché noir, les tarifs dépassent parfois 1 000 francs CFA, alimentant la spéculation et la peur d’une pénurie totale.

Cette crise résulte d’attaques systématiques sur les routes reliant le Mali aux ports d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et de Dakar (Sénégal), principales voies d’approvisionnement. Plus de 100 camions-citernes ont été incendiés ou détruits, paralysant l’acheminement des produits pétroliers essentiels à l’économie nationale.
Face à cette situation critique, le gouvernement de transition tente de rassurer la population. Le ministre de la Sécurité, le général Daoud Aly Mohammedine, a annoncé l’adoption prochaine de « mesures fortes » pour stabiliser l’approvisionnement. Par ailleurs, des convois de camions-citernes sont désormais escortés par les forces armées maliennes, une démarche visant à atténuer les attaques sur les corridors stratégiques.
Certaines figures influentes de la région de Mopti cherchent aussi à engager un dialogue avec le JNIM pour obtenir la levée du blocus. Toutefois, ces tentatives diplomatiques restent pour l’instant sans succès.
Cette crise énergétique met en lumière la vulnérabilité structurelle du Mali, dépendant à 100% des importations pour ses besoins en carburant, et confronté à une insécurité chronique qui affecte plusieurs secteurs clés comme les transports, l’agriculture et les services publics.
À Bamako, la population oscille entre résignation et inquiétude grandissante, alors que les autorités maintiennent l’interdiction de stockage domestique d’essence, laissant peu de solutions face à cette épreuve.
