
APRNEWS: Un homme condamné à mort pour avoir critiqué le président Kaïs Saïed sur les réseaux sociaux
Le mercredi 1er octobre 2025, le tribunal de première instance de Nabeul, dans le nord-est de la Tunisie, a condamné Saber Chouchane, un travailleur journalier de 56 ans, à la peine de mort.
Cette décision exceptionnelle survient après qu’il a publié sur Facebook des messages jugés insultants envers le président Kaïs Saïed et porteurs d’atteinte à la sécurité de l’État. C’est la première fois qu’une telle sanction est prononcée dans un pays où la peine capitale n’a pas été exécutée depuis plus de trente ans.
Saber Chouchane, père de trois enfants et sans emploi stable, gérait un compte baptisé « Kaïs le misérable », où il diffusait des critiques du chef de l’État, des caricatures, des appels à la mobilisation pour la libération des détenus politiques, ainsi que son soutien au parti islamo-conservateur Ennahda, fortement réprimé depuis la prise du pouvoir autocratique par Kaïs Saïed en 2021.
Son avocat, Oussama Bouthalja, s’est dit « choqué » et « incrédule » face à ce verdict, précisant avoir fait appel. La condamnation a immédiatement suscité une onde de choc en Tunisie, avec plusieurs voix dénonçant un climat de répression croissante et une atteinte grave à la liberté d’expression.
Depuis la dissolution du Parlement élu, le renforcement des pouvoirs présidentiels, et la mise sous tutelle de la justice, la Tunisie est confrontée à une fragilisation inquiétante de l’État de droit, avec de nombreux opposants arrêtés ou condamnés pour des motifs souvent jugés politiques. La condamnation de Saber Chouchane illustre à la fois la montée en puissance de la répression et le contexte de tensions sociales marqué par la réclamation grandissante de justice et de libertés par la société civile tunisienne.
Le frère du condamné, Djamal Chouchane, a exprimé son incompréhension et sa détresse, dénonçant la double peine de la pauvreté et de la répression qui frappe leur famille : « On n’arrive pas à croire une telle sentence. Nous sommes une famille qui souffre déjà de la pauvreté, et maintenant l’oppression s’ajoute à cela. »
