APRNEWS: Rien ne va plus entre l’Algérie et le Mali

APRNEWS: Rien ne va plus entre l’Algérie et le Mali

L'Algérie et le Mali ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs. Cependant, les relations entre les deux pays n’ont pas toujours été mauvaises. Retour historique.

Les autorités de transition de Bamako accusent régulièrement l’Algerie de soutenir en sous-main les rébellions touarègues ou les groupes terroristes actifs dans le nord du Mali.

Dans l’affaire du drone abattu début avril au-dessus de Tinzaouatène, Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, accuse là encore Alger de soutenir le terrorisme.

« Le collège des Chefs d’Etat de la confédération AES considère la destruction du drone des forces armées maliennes comme étant une action visant tous les Etats membres de la confédération AES et une voie perfide dans le cadre de la promotion du terrorisme ainsi que de contribuer à la déstabilisation de la région. » 

Alger rejette ces accusations et indique dans un communiqué que son espace aérien a été violé sur une distance de 1,6 km par un drone qui prenait une « trajectoire offensive ».

L’Algérie a ensuite rappelé, par mesure de réciprocité, ses ambassadeurs en poste au Mali et au Niger et différé la prise de fonction de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso. 

L’Algérie a aussi annoncé la fermeture de l’espace aérien avec le Mali. Bamako a fait de même dans la foulée, en guise de réciprocité.

Soutien du Mali au FLN algérien

Les relations entre le Mali et l’Algérie remontent à 1960, quand le Mali a accédé à l’indépendance. A l’époque, l’Algérie, elle, lutte encore pour obtenir son indépendance de la France.

Le président Modibo Keita aurait ainsi permis à Abdelaziz Bouteflika qui séjournait à Gao, dans le nord du Mali, d’envoyer des armes vers l’Algérie pour soutenir la lutte du FLN.

Les deux pays partagent une frontière de plus de 1 300 km et leurs liens ont longtemps été complexes mais teintés de respect. Jusqu’en 2023.

Après avoir appelé à la fin de la Minusma, les autorités de transition mettent un terme aux accords pour la paix et la réconciliation nationale issus du processus d’Alger. Ces accords ont été signés à Bamako en 2015 mais presque toutes les négociations ont eu lieu dans la capitale algérienne, entre les mouvements armés et les autorités maliennes, sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keita.

Retrait des pays de l’AES du Cemoc

L’affaire du drone a fait déborder le vase. Les tensions diplomatiques accumulées ont conduit les pays de l’AES, notamment le Mali et le Niger à décider de quitter le Cemoc, le Comité d’Etat major opérationnel conjoint. Cette structure regroupe aussi les forces armées de l’Algérie et de la Mauritanie.

Mais selon Aly Tounkara, directeur exécutif du Centre d’études sécuritaires et stratégiques au Sahel, ce retrait n’aura pas de conséquences étant donné le peu d’activité de la structure.

« Un tel retrait du Mali du Cemoc aurait peu d’incidence sur la sécurité et la défense. Pour qui connaît aujourd’hui les rapports tendus entre le Mali et l’Algérie, mais aussi entre la Mauritanie et le Mali, naturellement si le Cemoc fonctionnait normalement, des doutes et des clichés n’allaient pas persister entre les différents membres de ce comité. » 

Bamako décrie régulièrement la présence, sur le territoire algérien, de chefs de groupes rebelles vaincus à Kidal par l’armée malienne, mais aussi de chefs terroristes. Des accusations qu’Alger qualifie de « graves et de non fondées ».

Et les relations entre les deux pays continuent de se détériorer.

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