
APRNEWS: Quand l’État ivoirien poignarde Air Côte d’Ivoire dans le dos.
Le partenariat entre des institutions publiques ivoiriennes et la compagnie aérienne française Corsair pour des tarifs préférentiels a suscité l'indignation, car il affaiblit délibérément Air Côte d’Ivoire, la compagnie nationale. Alors qu'Air Côte d’Ivoire a connu un développement significatif et avait des projets ambitieux, ce partenariat met en péril sa position sur la ligne Abidjan–Paris. En favorisant une compagnie étrangère, les autorités ivoiriennes compromettent l'emploi local, l'économie nationale et la souveraineté du pays. Des mesures sont proposées pour soutenir Air Côte d’Ivoire et protéger les intérêts nationaux, soulignant l'importance de préserver les entreprises stratégiques du pays.
Quand l’État ivoirien poignarde Air Côte d’Ivoire dans le dos.
Au journal télévisé de 20h de la RTI, les Ivoiriens ont appris avec étonnement, voire indignation, que plusieurs institutions publiques, dont des ministères et des directions générales, ont signé un partenariat avec la compagnie aérienne française Corsair afin de bénéficier de tarifs préférentiels pour leurs déplacements en France.
Ce choix peut sembler anodin. Il est en réalité tragique. Car pendant que l’on prône à grands discours le patriotisme économique, les autorités ivoiriennes elles-mêmes donnent l’exemple contraire, en affaiblissant délibérément Air Côte d’Ivoire, la compagnie nationale qu’elles ont pourtant portée sur les fonts baptismaux en 2012 avec l’ambition d’en faire un fleuron sous-régional.
Une incohérence stratégique
En 2022, Air Côte d’Ivoire a transporté 850 000 passagers, avec une flotte composée de 11 appareils, dont les récents Airbus A320 neo acquis pour moderniser ses opérations. Elle dessert aujourd’hui 26 destinations, dont 16 internationales, et emploie directement plus de 750 personnes.
En mai 2024, la compagnie a annoncé l’ouverture d’une ligne directe Abidjan–Paris, prévue pour le second semestre 2025, avec l’objectif stratégique d’en faire la vitrine du savoir-faire ivoirien dans le ciel international, et de renforcer l’ambition de faire de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny un hub régional majeur.C’est dans ce contexte de développement, d’investissements lourds (plus de 250 milliards de FCFA injectés depuis 2012), et d’efforts constants d’amélioration, que des institutions publiques ivoiriennes choisissent de détourner leur trafic au profit d’un concurrent étranger. Un non-sens économique. Un suicide politique.

Imagine-t-on un instant que des institutions françaises signent un accord préférentiel avec une compagnie étrangère (TAP Portugal ou Delta Airlines) au détriment d’Air France, pourtant subventionnée et défendue bec et ongles par l’État français ? Inenvisageable. Inacceptable.
En France, en Allemagne, au Maroc, au Rwanda, les compagnies nationales sont protégées, soutenues, valorisées. Elles sont des symboles de souveraineté. Des vitrines économiques. Des leviers d’influence.
Pourquoi ce qui est évident ailleurs semble si difficile ici ?
À qui profite le crime ?
Corsair n’est pas une entreprise philanthropique. C’est une société à capitaux privés, en quête de parts de marché. Elle perçoit dans Air Côte d’Ivoire une menace stratégique sur la ligne Abidjan–Paris, d’autant que cette dernière cible la diaspora ivoirienne, les hommes d’affaires, les fonctionnaires et les touristes – une clientèle jusqu’ici captée par Corsair et Air France.
En signant ce partenariat jusqu’en 2028, les autorités ivoiriennes offrent un bouclier commercial à Corsair, le temps que la compagnie nationale peine à décoller. Une fois la concurrence étouffée, les prix préférentiels disparaîtront. C’est une tactique bien connue. Elle n’a rien à voir avec l’amitié franco-ivoirienne. C’est du pur capitalisme de prédation.

Si l’État ne soutient pas Air Côte d’Ivoire, qui le fera ?Chaque billet acheté auprès d’une compagnie étrangère, c’est moins de revenus pour notre économie, moins d’emplois locaux, moins d’investissements dans les infrastructures, moins de marge de manœuvre stratégique.
Et demain, qui garantira la continuité du service aérien national dans les zones moins rentables ? Corsair ? Non. Seule une compagnie nationale le peut, au nom de l’équité territoriale et de la continuité républicaine.
Les propositions de FIER :
1. Révision immédiate de la convention avec Corsair, ou à défaut, l’exigence d’une clause de réciprocité commerciale.
2. Priorisation d’Air Côte d’Ivoire dans tous les déplacements officiels des institutions ivoiriennes sur les lignes qu’elle dessert.
3. Campagne nationale de soutien à Air Côte d’Ivoire, impliquant les Ivoiriens de la diaspora, les entreprises locales et les citoyens.
4. Incitations fiscales pour les entreprises privées qui choisissent la compagnie nationale pour leurs déplacements.
5. Audit de gouvernance et renforcement du management d’Air Côte d’Ivoire, pour garantir sa performance, sa transparence et sa compétitivité.
La Côte d’Ivoire d’abord, pas à moitié !
Nous, membres de l’association FIER, disons haut et fort : La Côte d’Ivoire doit cesser d’être un marché livré à la merci des intérêts étrangers.
Nous avons le droit et le devoir de protéger nos entreprises stratégiques.Nous appelons à une mobilisation citoyenne, médiatique et politique pour défendre Air Côte d’Ivoire, car ce n’est pas qu’une entreprise, c’est une part de notre souveraineté.
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