APRNEWS: Propos identitaires et xénophobe, un citoyen écrit au Procureur de la République

APRNEWS: Propos identitaires et xénophobe, un citoyen écrit au Procureur de la République

Cette plainte, rédigée par Docteur Osman Chérif, citoyen ivoirien, met en lumière des propos gravestenus par Célestin Serey Doh, président du Conseil régional du Guémon et ministre délégué aux affaires maritimes. Ces déclarations, jugées xénophobes, identitaires et exclusionnistes, visent directement Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, et soulèvent des questions cruciales sur l'unité nationale et les valeurs républicaines en Côte d'Ivoire. Voici une analyse détaillée de la plainte et des enjeux qu'elle soulève 

𝐏𝐋𝐀𝐈𝐍𝐓𝐄 𝐏𝐎𝐔𝐑 𝐏𝐑𝐎𝐏𝐎𝐒 𝐗𝐄́𝐍𝐎𝐏𝐇𝐎𝐁𝐄𝐒 𝐄𝐓 𝐈𝐍𝐂𝐈𝐓𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐀̀ 𝐋𝐀 𝐇𝐀𝐈𝐍𝐄 𝐈𝐃𝐄𝐍𝐓𝐈𝐓𝐀𝐈𝐑𝐄

À Monsieur le Procureur de la République auprès du Tribunal de 1ère instance du Plateau,

𝐌𝐨𝐧𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐏𝐫𝐨𝐜𝐮𝐫𝐞𝐮𝐫,

Je viens, par la présente, porter à votre attention des propos d’une 𝐞𝐱𝐭𝐫𝐞̂𝐦𝐞 𝐠𝐫𝐚𝐯𝐢𝐭𝐞́, tenus par 𝐌𝐨𝐧𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫 𝐂𝐞́𝐥𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧 𝐒𝐞𝐫𝐞𝐲 𝐃𝐨𝐡, 𝐏𝐫𝐞́𝐬𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐮 𝐂𝐨𝐧𝐬𝐞𝐢𝐥 𝐫𝐞́𝐠𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥 𝐝𝐮 𝐆𝐮𝐞́𝐦𝐨𝐧 et 𝐦𝐢𝐧𝐢𝐬𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞́𝐥𝐞́𝐠𝐮𝐞́ 𝐚𝐮𝐱 𝐚𝐟𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐫𝐢𝐭𝐢𝐦𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐝𝐮 𝐦𝐢𝐧𝐢𝐬𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐩𝐨𝐫𝐭𝐬, lors d’une récente intervention publique.

Dans ses déclarations, ce dernier a tenu des 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐨𝐬 clairement 𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭𝐢𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬, 𝐱𝐞́𝐧𝐨𝐩𝐡𝐨𝐛𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐞𝐱𝐜𝐥𝐮𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬 sur la nationalité connue de 𝐌𝐨𝐧𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫 𝐓𝐢𝐝𝐣𝐚𝐧𝐞 𝐓𝐡𝐢𝐚𝐦, 𝐏𝐫𝐞́𝐬𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭 en exercice 𝐝𝐮 𝐏𝐃𝐂𝐈-𝐑𝐃𝐀, en affirmant notamment :

🗣 « 𝐈𝐥 𝐬’𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐓𝐡𝐢𝐚𝐦. 𝐐𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐭𝐮 𝐪𝐮𝐢𝐭𝐭𝐞𝐬 𝐥𝐞 𝐒𝐞́𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐥 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐞𝐧 𝐂𝐨̂𝐭𝐞 𝐝’𝐈𝐯𝐨𝐢𝐫𝐞, 𝐭𝐮 𝐯𝐚𝐬 𝐬𝐚𝐮𝐭𝐞𝐫 𝐝’𝐚𝐛𝐨𝐫𝐝 𝐮𝐧 𝐩𝐚𝐲𝐬. 𝐈𝐥 𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐦𝐞𝐧𝐭𝐢𝐫 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐮𝐢 𝐞𝐭 𝐧𝐨𝐮𝐬, 𝐨𝐧 𝐚 𝐦𝐞̂𝐦𝐞 𝐟𝐫𝐨𝐧𝐭𝐢𝐞̀𝐫𝐞. 𝐂’𝐞𝐬𝐭 𝐟𝐚𝐮𝐱. 𝐒𝐨𝐧 𝐩𝐚𝐩𝐚 𝐞𝐬𝐭 𝐒𝐞́𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐚𝐢𝐬, 𝐬𝐚 𝐦𝐚𝐦𝐚𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐒𝐞́𝐧𝐞́𝐠𝐚𝐥𝐚𝐢𝐬𝐞…𝐋𝐞 𝐧𝐨𝐦 𝐓𝐡𝐢𝐚𝐦 𝐞𝐬𝐭 𝐝𝐞 𝐪𝐮𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐫é𝐠𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐂ô𝐭𝐞 𝐝’𝐈𝐯𝐨𝐢𝐫𝐞 ? 𝐂𝐞 𝐧’𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮’𝐢𝐥 𝐚 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝𝐢 𝐜𝐡𝐞𝐳 𝐇𝐨𝐮𝐩𝐡𝐨𝐮ë𝐭 𝐪𝐮’𝐨𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐦ê𝐦𝐞 𝐜𝐡𝐨𝐬𝐞. 𝐒𝐨𝐧 𝐩𝐚𝐩𝐚 𝐞𝐬𝐭 𝐒é𝐧é𝐠𝐚𝐥𝐚𝐢𝐬.»

Ces propos constituent une 𝐚𝐭𝐭𝐞𝐢𝐧𝐭𝐞 𝐠𝐫𝐚𝐯𝐞 aux principes républicains et 𝐚̀ 𝐥’𝐮𝐧𝐢𝐭𝐞́ 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞, en ravivant 𝐝𝐞𝐬 𝐭𝐞𝐧𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐭𝐡𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 et en portant atteinte à la 𝐝𝐢𝐠𝐧𝐢𝐭𝐞́ 𝐝’𝐮𝐧 𝐜𝐢𝐭𝐨𝐲𝐞𝐧 𝐢𝐯𝐨𝐢𝐫𝐢𝐞𝐧.

Le père et la mère du Président Tidjane Thiam n’ont jamais, juridiquement, détenu la nationalité sénégalaise. Ces propos mensongers et identitaires tombent sous le coup du code pénal notamment :

📜 𝐀𝐫𝐭𝐢𝐜𝐥𝐞 𝟐𝟐𝟕 : « 𝐐𝐮𝐢𝐜𝐨𝐧𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐞 𝐫𝐞𝐧𝐝 𝐜𝐨𝐮𝐩𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐫𝐚𝐜𝐢𝐬𝐦𝐞, 𝐝𝐞 𝐱𝐞́𝐧𝐨𝐩𝐡𝐨𝐛𝐢𝐞, 𝐝𝐞 𝐭𝐫𝐢𝐛𝐚𝐥𝐢𝐬𝐦𝐞 𝐨𝐮 𝐝𝐞 𝐝𝐢𝐬𝐜𝐫𝐢𝐦𝐢𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐮𝐧𝐢 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐢𝐧𝐞 𝐝’𝐞𝐦𝐩𝐫𝐢𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝’𝟏 𝐚̀ 𝟐 𝐚𝐧𝐬 𝐞𝐭 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐚𝐦𝐞𝐧𝐝𝐞 𝐝𝐞 𝟓𝟎𝟎.𝟎𝟎𝟎 𝐚̀ 𝟐.𝟎𝟎𝟎.𝟎𝟎𝟎 𝐅𝐂𝐅𝐀. »

📜 𝐀𝐫𝐭𝐢𝐜𝐥𝐞 𝟐𝟑𝟏 : « 𝐋𝐚 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐮𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐝’𝐢𝐧𝐟𝐨𝐫𝐦𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐦𝐞𝐧𝐬𝐨𝐧𝐠𝐞̀𝐫𝐞𝐬 𝐚̀ 𝐫𝐞𝐥𝐞𝐧𝐭 𝐫𝐚𝐜𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐨𝐮 𝐭𝐫𝐢𝐛𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞, 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥’𝐢𝐧𝐭𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐥𝐞𝐯𝐞𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐚𝐮𝐭𝐞́ 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞, 𝐞𝐬𝐭 𝐩𝐮𝐧𝐢𝐞 𝐝’𝐞𝐦𝐩𝐫𝐢𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝟓 𝐚̀ 𝟏𝟎 𝐚𝐧𝐬. »

📜 𝐀𝐫𝐭𝐢𝐜𝐥𝐞 𝟐𝟐𝟗 : « 𝐋𝐚 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐚𝐦𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐥’𝐢𝐧𝐣𝐮𝐫𝐞 𝐚̀ 𝐜𝐚𝐫𝐚𝐜𝐭𝐞̀𝐫𝐞 𝐱𝐞́𝐧𝐨𝐩𝐡𝐨𝐛𝐞 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐩𝐮𝐧𝐢𝐞𝐬 𝐝’𝐞𝐦𝐩𝐫𝐢𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝟓 𝐚̀ 𝟏𝟎 𝐚𝐧𝐬. »

En vertu de ces dispositions, et du principe fondamental de l’égalité devant la loi, nul, pas même un ministre en fonction, n’est au-dessus des lois de la République.

C’est pourquoi je vous prie, 𝐌𝐨𝐧𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐏𝐫𝐨𝐜𝐮𝐫𝐞𝐮𝐫, de bien vouloir 𝐨𝐮𝐯𝐫𝐢𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐞𝐧𝐪𝐮𝐞̂𝐭𝐞 contre 𝐌𝐨𝐧𝐬𝐢𝐞𝐮𝐫 𝐂𝐞́𝐥𝐞𝐬𝐭𝐢𝐧 𝐒𝐞𝐫𝐞𝐲 𝐃𝐨𝐡 pour ces propos contraires aux valeurs démocratiques et républicaines de notre pays.

Dans l’attente d’une action de votre part pour préserver la quiétude sociale et l’unité nationale, veuillez agréer, Monsieur le Procureur, l’expression de ma considération distinguée.

𝐃𝐨𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐎𝐬𝐦𝐚𝐧 𝐂𝐡𝐞𝐫𝐢𝐟
Citoyen Ivoirien

 

Contexte des propos incriminés 

Célestin Serey Doh a tenu des déclarations publiques remettant en cause la nationalité ivoirienne de Tidjane Thiam, en affirmant que ses parents étaient sénégalais et en questionnant l’origine ivoirienne du nom « Thiam ». Ces propos ont été perçus comme une attaque personnelle et une tentative de discréditer Thiam sur des bases ethniques et identitaires.

Points clés de la plainte 

Violation des principes républicains :

Les propos de Célestin Serey Doh sont accusés de porter atteinte à l’unité nationale et de raviver des tensions ethniques. Ils contredisent les valeurs de la République, qui prônent l’égalité et la non-discrimination.

Caractère xénophobe et discriminatoire :

Les déclarations sont qualifiées de xénophobes et exclusionnistes, car elles suggèrent que Tidjane Thiam ne serait pas pleinement ivoirien en raison de ses origines supposées. Cela constitue une forme de discrimination basée sur l’identité.

Diffamation et mensonge :

La plainte souligne que les affirmations de Célestin Serey Doh sont fausses, car les parents de Tidjane Thiam n’ont jamais détenu la nationalité sénégalaise. Ces propos relèvent donc de la diffamation et de la propagation de fausses informations.

Infractions pénales 

La plainte cite plusieurs articles du code pénal ivoirien qui criminalisent les actes de racisme, de xénophobie et de discrimination :

Article 227 : Sanctionne le racisme, la xénophobie et la discrimination.

Article 231 : Punit la diffusion d’informations mensongères à caractère raciste ou tribaliste.

Article 229 : Réprime la diffamation et l’injure à caractère xénophobe.

Appel à l’action 

Le plaignant demande au Procureur de la République d’ouvrir une enquête contre Célestin Serey Doh pour ces propos, afin de préserver l’unité nationale et de garantir que nul, pas même un ministre, n’est au-dessus des lois.

Enjeux et implications 

Menace pour l’unité nationale 

Les propos de Célestin Serey Doh risquent de diviser la population ivoirienne en exacerbant les clivages ethniques et identitaires. Cela pourrait nuire à la cohésion sociale, surtout dans un contexte politique tendu à l’approche des élections.

Politisation de l’identité 

Cette affaire illustre comment l’identité et la nationalité peuvent être instrumentalisées à des fins politiques. Cela rappelle les débats autour de l' »ivoirité » dans les années 1990, qui avaient profondément divisé le pays.

Responsabilité des dirigeants 

En tant que ministre et figure publique, Célestin Serey Doh a une responsabilité particulière dans le choix de ses mots. Ses propos, jugés irresponsables, pourraient ternir l’image du gouvernement et du RHDP.

Impact sur Tidjane Thiam 

Ces attaques pourraient renforcer la popularité de Tidjane Thiam en le présentant comme une victime de persécution politique, à l’image d’Alassane Ouattara dans les années 1990.

Recommandations et perspectives 

Ouverture d’une enquête 

Il est essentiel que les autorités judiciaires enquêtent sur ces propos pour déterminer s’ils constituent effectivement une infraction pénale. Cela renforcerait la confiance des citoyens dans l’État de droit.

Sensibilisation et éducation 

Le gouvernement et la société civile devraient promouvoir des campagnes de sensibilisation contre la xénophobie et le tribalisme, afin de renforcer l’unité nationale.

Responsabilisation des élites 

Les dirigeants politiques et publics doivent être tenus à un standard élevé de conduite, en évitant les discours incendiaires et en privilégiant le dialogue et l’inclusion.

Dialogue politique 

Les partis politiques devraient s’engager dans un dialogue constructif pour éviter que les débats ne dégénèrent en affrontements identitaires ou ethniques.

Cette plainte met en lumière un problème récurrent en Côte d’Ivoire – L’utilisation de l’identité et de la nationalité comme armes politiques. Les propos de Célestin Serey Doh, s’ils sont avérés, constituent une violation grave des valeurs républicaines et une menace pour l’unité nationale. Il appartient désormais à la justice de trancher cette affaire, tout en rappelant que la cohésion sociale et le respect des différences sont essentiels pour l’avenir du pays.

Décryptage Delafosse François -Dominique
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