APRNEWS: Pourquoi la Chine refuse les passeports de l’Alliance du Sahel

APRNEWS: Pourquoi la Chine refuse les passeports de l’Alliance du Sahel

La décision de l'ambassade chinoise au Mali de ne pas reconnaître les passeports de l'Alliance des États du Sahel (AES) souligne les défis des gouvernements militaires en place pour obtenir une légitimité internationale. 

La décision de l’ambassade de Chine au Mali de ne pas reconnaître les passeports délivrés par l’Alliance des États du Sahel (AES) – regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso – est un développement significatif dans le contexte géopolitique régional. Cette décision souligne les défis auxquels font face les juntes militaires au pouvoir dans ces pays pour obtenir une reconnaissance internationale et légitimer leur alliance.

Contexte de l’Alliance des États du Sahel (AES)

Création de l’AES : L’AES a été formée en septembre 2023 par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, trois pays dirigés par des juntes militaires ayant pris le pouvoir par des coups d’État. Cette alliance vise à renforcer la coopération sécuritaire, économique et politique face aux défis communs, notamment le terrorisme et l’ingérence étrangère.

Objectifs : Les pays membres cherchent à affirmer leur souveraineté et à réduire leur dépendance vis-à-vis des anciennes puissances coloniales et des organisations internationales comme la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest).

La décision de la Chine

Refus de reconnaissance des passeports AES : En refusant de reconnaître les passeports délivrés par l’AES, la Chine envoie un signal clair : elle ne reconnaît pas l’alliance comme une entité légitime sur la scène internationale.

Implications diplomatiques : Cette décision est un revers pour les juntes, qui cherchent à obtenir une reconnaissance internationale pour leur alliance. Elle montre que même des partenaires traditionnels comme la Chine, qui entretient des relations économiques et stratégiques avec ces pays, restent prudents face à cette nouvelle alliance.

Enjeux pour les juntes militaires

Légitimité internationale : Les juntes au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso peinent à obtenir une reconnaissance internationale, notamment en raison de leur arrivée au pouvoir par des coups d’État et de leur position critique envers les institutions régionales comme la CEDEAO.

Isolation diplomatique : Le refus de la Chine, un partenaire stratégique, pourrait encourager d’autres pays à adopter une position similaire, renforçant l’isolement diplomatique des pays de l’AES.

Impact sur les citoyens : Les citoyens des pays membres de l’AES pourraient rencontrer des difficultés pour voyager ou effectuer des démarches administratives à l’étranger si leurs passeports ne sont pas reconnus.


Réactions possibles des pays de l’AES

Renforcement de l’alliance : Les pays de l’AES pourraient réagir en renforçant leur coopération interne et en cherchant de nouveaux partenariats avec des pays ou des organisations qui reconnaissent leur alliance.

Diplomatie proactive : Les juntes pourraient intensifier leurs efforts diplomatiques pour convaincre d’autres pays de reconnaître l’AES et ses documents officiels.

Recherche d’alternatives : Les pays de l’AES pourraient envisager de créer des mécanismes bilatéraux avec des partenaires stratégiques pour faciliter les voyages et les échanges, même en l’absence de reconnaissance internationale de l’alliance.


Implications pour la Chine

Prudence diplomatique : La Chine, tout en maintenant des relations économiques et stratégiques avec les pays de l’AES, semble adopter une position prudente pour ne pas s’aliéner d’autres acteurs internationaux ou régionaux.

Intérêts économiques : La Chine est un partenaire économique clé pour les pays du Sahel, notamment dans les secteurs des infrastructures, des mines et de la sécurité. Elle pourrait chercher à préserver ces intérêts tout en évitant de soutenir ouvertement une alliance controversée.


Perspectives régionales

Tensions avec la CEDEAO : L’AES est perçue comme une alternative à la CEDEAO, ce qui pourrait exacerber les tensions entre les pays membres de l’alliance et les autres États de la région.

Impact sur la stabilité régionale : Le manque de reconnaissance internationale de l’AES pourrait compliquer les efforts de stabilisation dans la région, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la gestion des crises humanitaires.

Recherche de nouveaux partenariats : Les pays de l’AES pourraient se tourner vers d’autres partenaires, comme la Russie ou la Turquie, pour obtenir un soutien diplomatique et stratégique.

Le refus de la Chine de reconnaître les passeports de l’Alliance des États du Sahel (AES) est un coup dur pour les juntes militaires au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Cette décision souligne les difficultés auxquelles ces pays font face pour obtenir une reconnaissance internationale et légitimer leur alliance. Elle met également en lumière les défis diplomatiques et stratégiques dans une région marquée par l’instabilité et les rivalités géopolitiques. À long terme, la capacité de l’AES à surmonter ces obstacles dépendra de sa capacité à renforcer sa coopération interne, à nouer de nouveaux partenariats et à démontrer son utilité sur la scène régionale et internationale.

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