
APRNEWS: Nicolas Sarkozy est confronté à 7 ans de prison et d’une amende de 300 000 euros.
Après des semaines d'un procès très tendu, les juges qui ont reproché à Nicolas Sarkozy "un pacte de corruption inconcevable, inouï, indécent" avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi. ont demandé 7 ans de prison, 300.000 euros d'amende et 5 ans d'inéligibilité à son encontre.
Un réquisitoire particulièrement sévère. Après presque deux mois de procès, le parquet a requis 7 ans de prison, 300.000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilité contre l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy ce 27 mars. L’ex-président était jugé pour « financement illégal de campagne électorale », « corruption passive », « recel de détournement de fonds publics » et « association de malfaiteurs ».
Il risquait jusqu’à 10 ans de prison, 375.000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité pouvant monter jusqu’à 5 ans.
« Un pacte de corruption » conclu avec « un régime sanguinaire »
L’inflexibilité des magistrats n’est pas vraiment une surprise. Ils avaient fustigé mardi en débutant leurs requisitions le « pacte de corruption inconcevable, inouï, indécent » noué en 2005 par celui qui était alors ministre de l’Intérieur et plusieurs de ses proches avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi.
Ce « pacte » avait été « conclu avec (un) régime sanguinaire », avait encore asséné le parquet financier de Paris avec « pour objectif de soutenir financièrement la campagne » présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Les juges n’avaient pas de « positionnement figé » avant le procès, avaient-ils ajouté. Mais les dix semaines de débats, marqués par les « explications extravagantes » des trois anciens ministres Éric Woerth, Brice Hortefeux et Claude Guéant, chacun à des postes-clefs pendant la campagne présidentielle et de l’ancien président, ont « renforcé » et « transformé ce positionnement en intime conviction ».
Les dénégations de Sarkozy
La thèse de « la vengeance » évoquée à plusieurs reprises par le septuagénaire a également été balayée par les procureurs qui ont vu en lui le « véritable décisionnaire, le véritable commanditaire » de « ce pacte de corrption ».
Autant dire que les dénégations de l’ex locataire de l’Élysée n’ont pas convaincu. « Vous ne trouverez jamais, jamais non pas un euro, mais pas un centime libyen, dans ma campagne », s’était défendu au début du procès Nicolas Sarkozy.
« J’ai eu l’impression qu’on était parti du postulat ‘Sarkozy coupable' », que « l’enjeu » n’était plus la « recherche de la vérité » mais pour le parquet financier de « ne pas perdre la face », avait encore affirmé l’ex-chef de l’État.
Mais face aux éléments réunis par l’enquête puis le déroulé du procès, Nicolas Sarkozy a peiné à se défendre.
L’affaire avait commencé en 2012 lorsque Mediapart avait publié une note des services secrets libyens tendant à prouver que le régime lybien avait versé 50 millions d’euros au camp Sarkozy peu avant le début de la campagne de 2007.
Une affirmation qui s’ajoutait aux déclarations du fils de Mouammar Kadhafi un an plus tôt qui évoquait pour la première fois dans une interview à Euronewsun financement libyen de la campagne du candidat de l’UMP, l’ancêtre des LR.
Des valises de billets
En 2013, la justice française se saisissait de l’affaire en ouvrant une information judiciaire pour notamment, « corruption » et « trafic d’influence ». Les juges s’appuyaient également sur les déclarations du sulfureux homme d’affaires franco-libanais Ziad Takkiedine qui, interrogé par le juge Van Ryumbeke quelques mois plus tôt dans un autre dossier, affirmait détenir la preuve de ce financement.
Il expliquait alors avoir remis trois valises de billets au ministère de l’Intérieur, occupé alors par Nicolas Sarkozy. Lors d’une perquisition, les enquêteurs avaient découvert un versement de 500.000 euros depuis l’étranger sur l’un des comptes bancaires de Claude Guéant, son ancien directeur de campagne.
Pendant tout le procès, ce ancien très proche du président, un temps locataire de la place Beauvau, à la santé désormais fragile, s’est empêtré dans ses dénégations. Quant à Brice Hortefeux et Éric Woerth, ils ont tous les deux tenté de minimiser leur rôle dans cette affaire.
Le parquet a requis contre Claude Guéant 6 ans de prison et 100.000 euros d’amende, 3 ans de prison, 150.000 euros et 5 ans d’inégilibilité contre Brice Hortefeux et un an de prison avec aménagement de peine possible et 3.750 euros d’amende contre Éric Woerth.
L’ex-chef de l’État a déjà été condamné à un an de prison ferme en décembre dernier dans l’affaire « Paul Bismuth ». Il porte désormais un bracelet électronique et se pourvoit devant la Cour européenne des droits de l’homme.