
APRNEWS: Les États-Unis expulsent 42 ressortissants ouest-africains vers le Ghana
Depuis début septembre 2025, les États-Unis ont expulsé au moins 42 ressortissants d'Afrique de l'Ouest vers le Ghana dans le cadre d'un accord bilatéral controversé visant à lutter contre l'immigration clandestine, a révélé récemment le groupe de défense des droits humains ghanéen Democracy Hub.
Ces expulsions forcées ont eu lieu en trois vagues successives : les 6 septembre, 19 septembre et 13 octobre 2025.
Accord secret et contestations juridiques à Accra
Le président ghanéen John Mahama avait annoncé le mois dernier que le Ghana acceptait d’accueillir ces personnes originaires de la région dans le cadre du vaste programme migratoire de l’administration américaine sous le président Donald Trump. Toutefois, le gouvernement ghanéen fait face à de vives critiques pour avoir conclu cet accord sans consultation parlementaire.
Lundi 13 octobre, Democracy Hub a déposé une plainte devant la Cour Suprême du Ghana, dénonçant la mise en œuvre « inconstitutionnelle » de cet accord par le président Mahama. L’ONG reproche notamment la détention dans des camps militaires et le transfert des expulsés sans aucun procès ou inculpation, ce qui viole selon elle les droits fondamentaux et les procédures légales en vigueur.
L’avocat représentant Democracy Hub, Oliver Barker-Vormawor, a affirmé que ces opérations se déroulent « sans ratification parlementaire » et au mépris des garanties légales essentielles. Cette plainte vise à faire annuler l’accord et à protéger les droits des personnes concernées.
Conditions de détention et renvois vers les pays d’origine
Selon des déclarations d’avocats et de personnes expulsées, certaines ont été renvoyées dans leurs pays d’origine, parfois sans papiers, tandis que d’autres auraient été abandonnées dans des pays tiers. Les expulsés rapportent des traitements brutaux, notamment des menottes et des camisolés de force lors du transfert vers le Ghana.
Le ministre ghanéen des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, a admis que ce geste d’accueil s’est fait en échange d’allègements des restrictions américaines en matière de visas, dans un contexte de négociations commerciales et diplomatiques, notamment concernant l’AGOA (African Growth and Opportunity Act).
Enjeux et réactions
Cette situation met en lumière la complexité des enjeux migratoires entre les États-Unis et les pays d’Afrique de l’Ouest, soulevant des questions d’ordre juridique, humanitaire et diplomatique. Tandis que Washington cherche à renforcer ses frontières, de nombreuses organisations alertent sur le respect des droits humains des migrants expulsés.
La plainte déposée devant la Cour suprême du Ghana sera un moment crucial dans cette affaire, où se confronteront enjeux politiques, légaux, et droits fondamentaux.
