APRNEWS: Les États du Sahel vers la création d’une banque régionale d’investissement

APRNEWS: Les États du Sahel vers la création d’une banque régionale d’investissement

À l’approche de la réunion des ministres de l’Économie et des Finances de l’Alliance des États du Sahel (AES) prévue pour le 16 janvier à Bamako, des experts en provenance du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont entamé, dès le 14 janvier, des discussions sur la mise en place d’une banque régionale d’investissement. Ces travaux, qui se poursuivront pendant plusieurs jours, abordent également des problématiques liées au développement des infrastructures et au renforcement du commerce entre ces pays.

Lors de l’ouverture des discussions, Alhousseini Sanou, ministre malien de l’Économie et des Finances, a expliqué que cette rencontre faisait partie des initiatives clés prévues dans le cadre de la feuille de route de la Confédération des États du Sahel. Cette feuille de route vise à concrétiser des projets prioritaires touchant plusieurs domaines, en particulier ceux relevant du développement. Parmi les actions à mettre en œuvre figurent le prélèvement confédéral AES, la facilitation de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace AES, ainsi que le soutien à des projets intégrateurs pour améliorer les infrastructures de transport et garantir la sécurité énergétique des pays membres.

Discussions sur des questions stratégiques pour les trois pays de l’AES

La question du financement des infrastructures, en particulier les réseaux de transport reliant les pays membres, a également été abordée par Dogori Bassirou, directeur général de l’Économie et des Réformes du Niger. Il a souligné que les États du Sahel rencontrent d’importantes difficultés pour relier des villes comme Niamey, Ouagadougou ou Bamako, et que ces problèmes doivent être résolus rapidement. Le but étant de trouver des solutions concrètes permettant d’améliorer la connectivité régionale et de répondre aux attentes des populations.

De son côté, Diallo Bagaré Saidou, conseiller technique au ministère de l’Économie et des Finances du Burkina Faso, a précisé que les discussions portaient sur des questions stratégiques pour les trois pays de l’AES. Ces sujets incluent l’accès à l’énergie, la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que l’harmonisation des politiques de commande publique. L’objectif est de poser les bases d’un développement rapide et durable qui bénéficiera à l’ensemble des États membres de l’alliance.

Contexte de tensions croissantes avec la CEDEAO

Il est important de rappeler que cette initiative fait suite à la création officielle de l’Alliance des États du Sahel, qui a eu lieu le 16 septembre 2023 avec la signature de la Charte du Liptako-Gourma. Cette alliance, constituée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, a été mise en place dans un contexte de tensions croissantes avec la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), organisation régionale qui regroupe 15 pays d’Afrique de l’Ouest. Les relations entre les trois États du Sahel et la CEDEAO se sont détériorées suite à plusieurs facteurs, dont la prise de pouvoir par des régimes militaires dans ces pays et leur volonté de se distancer des anciens liens coloniaux avec la France.

La création de cette alliance de défense collective est, entre autres, une réponse aux pressions exercées par la CEDEAO sur les régimes militaires du Sahel. L’organisation régionale avait, en effet, imposé des sanctions économiques et diplomatiques aux trois pays après les coups d’État qui ont renversé les gouvernements démocratiquement élus. Cette situation a conduit à une détérioration des relations diplomatiques non seulement avec la CEDEAO, mais aussi avec la France, ancienne puissance coloniale, dont la présence militaire dans la région a longtemps été un sujet de friction.

Levier pour financer les projets essentiels au développement

Dans ce contexte de tensions, les dirigeants de l’AES ont décidé de se concentrer sur des projets qui renforcent l’intégration régionale et l’autosuffisance, en particulier dans les domaines économique et infrastructurel. La création d’une banque régionale d’investissement, un des sujets clés de cette réunion, pourrait constituer un levier pour financer les projets essentiels au développement des pays de l’Alliance. Cela permettrait de réduire la dépendance à l’égard des institutions financières internationales et de promouvoir un modèle de développement plus adapté aux besoins locaux.

Les discussions actuelles entre les experts du Burkina Faso, du Mali et du Niger témoignent de la volonté de ces pays de coopérer pour surmonter leurs défis économiques et sécuritaires communs. La mise en place d’une telle banque pourrait également servir de mécanisme pour soutenir l’industrialisation, la création d’emplois et le renforcement des infrastructures essentielles à la croissance économique.

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