APRNEWS : Les données sur la pauvreté en Côte d’Ivoire ne reflètent pas fidèlement la situation réelle.
Les données officielles indiquent une baisse du taux de pauvreté, passant de 39% à 37 % en 2024 (Institut National de Statistique). Les données officielles indiquent une baisse du taux de pauvreté, passant de 39% à 37 % en 2024 (Institut National de Statistique). Cependant, cette estimation repose sur une méthodologie critiquable, notamment l'utilisation d'un revenu médian estimé à seulement 750 FCFA/jour. Cette valeur est déconnectée des réalités économiques actuelles, marquées par une inflation importante et un coût de la vie en constante augmentation. Selon l'économiste ivoirien Thierry Amoussou, l'analyse des indicateurs de pauvreté doit intégrer les disparités régionales et les coûts liés à des besoins essentiels tels que l'alimentation, la santé et l'éducation.
La Côte d’Ivoire, pays en pleine croissance économique, affiche des taux de pauvreté qui suscitent des interrogations. Selon les statistiques officielles, le taux de pauvreté serait en baisse, mais cette réalité chiffrée ne correspond pas toujours à la vie quotidienne des Ivoiriens.
Premièrement, la méthodologie utilisée pour mesurer la pauvreté peut être contestée.
Les enquêtes se basent souvent sur des seuils de consommation qui ne tiennent pas compte des réalités locales, comme les variations des prix des denrées alimentaires et des services de base.
De plus, ces enquêtes sont parfois réalisées dans des zones urbaines, négligeant les conditions de vie difficiles des populations rurales.
Ensuite, la croissance économique, bien que réelle, ne profite pas équitablement à tous. Les inégalités se creusent, et de nombreux Ivoiriens restent en marge des bénéfices de cette croissance. Les emplois créés sont souvent précaires et mal rémunérés, ce qui ne permet pas de sortir durablement de la pauvreté.
Enfin, le manque d’accès aux services essentiels comme l’éducation, la santé et l’eau potable continue de freiner les efforts de réduction de la pauvreté.
Les chiffres officiels peuvent masquer ces défis, donnant une image trop optimiste de la situation.
Il est crucial de considérer les réalités vécues par les Ivoiriens et d’adapter les mesures de pauvreté pour mieux refléter la complexité de leur quotidien.
La pauvreté. Selon les données de la Banque mondiale, environ 39% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté national en 2021. Cette situation est exacerbée par des inégalités régionales, avec des taux de pauvreté plus élevés dans le nord et l’ouest du pays.
Les statistiques révèlent également que la pauvreté touche particulièrement les zones rurales, où l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux infrastructures de base est limité. Les jeunes et les femmes sont également plus vulnérables, souvent confrontés à des obstacles pour accéder à l’emploi et aux ressources.
Pour lutter contre cette pauvreté persistante, plusieurs solutions peuvent être envisagées :
1. Renforcement de l’éducation : Investir dans l’éducation, en particulier pour les filles, est crucial pour briser le cycle de la pauvreté. Des programmes de bourses et de sensibilisation peuvent encourager la scolarisation.
2. Promotion de l’agriculture durable : Étant donné que la majorité de la population dépend de l’agriculture, des initiatives visant à améliorer les techniques agricoles et à assurer l’accès aux marchés peuvent augmenter les revenus des ménages.
3. Accès aux microcrédits : Développer des programmes de microfinance pour soutenir les petites entreprises et l’entrepreneuriat local peut stimuler l’économie et créer des emplois.
4. Renforcement des infrastructures : Investir dans les infrastructures de transport, d’eau et d’électricité est essentiel pour améliorer la qualité de vie et favoriser le développement économique.
Une approche intégrée et multisectorielle est nécessaire pour réduire la pauvreté en Côte d’Ivoire et assurer un avenir meilleur pour tous ses citoyens.
Selon Dr Osman Cherif
Ce gouvernement sous-évalue les chiffres par ses calculs contestables : Revenu médian et pauvreté sous-évalués
Les données officielles indiquent une baisse du taux de pauvreté, passant de 39% à 37 % en 2024 (Institut National de Statistique). Cependant, cette estimation repose sur une méthodologie critiquable, notamment l’utilisation d’un revenu médian estimé à seulement 750 FCFA/jour. Cette valeur est déconnectée des réalités économiques actuelles, marquées par une inflation importante et un coût de la vie en constante augmentation.
Selon l’économiste ivoirien Thierry Amoussou, l’analyse des indicateurs de pauvreté doit intégrer les disparités régionales et les coûts liés à des besoins essentiels tels que l’alimentation, la santé et l’éducation. Dans son article « Les défis de la pauvreté en Afrique de l’Ouest » (2021), il explique bien que les données globales masquent souvent les inégalités profondes entre les zones urbaines et rurales.
De plus, des experts comme Ndongo Samba Sylla, auteur de « L’arme invisible de la Françafrique : Une histoire du franc CFA », critiquent également les méthodologies statistiques utilisées pour calculer les indicateurs économiques en Afrique. Sylla affirme que ces méthodologies, souvent héritées de modèles occidentaux, ne reflètent pas fidèlement les réalités locales, notamment en ce qui concerne les secteurs informels.
Le livre « Pauvreté, inégalités et politiques publiques en Afrique » de Fidelis K. Akinnifesi explique également comment des approches inadéquates de mesure de la pauvreté conduisent à sous-estimer les défis réels des populations. Ces analyses montre le risque que le gouvernement ivoirien prend en minimisant les disparités, en particulier en milieu rural, où les ménages consacrent une grande part de leurs revenus à la survie quotidienne.
Enfin, selon les données de la Banque Africaine de Développement (BAD), le seuil de pauvreté en Côte d’Ivoire devrait être recalibré pour tenir compte de l’évolution des prix des biens de première nécessité. La BAD souligne que l’approche utilisée par certains gouvernements peut servir à embellir artificiellement les résultats pour des raisons politiques, au détriment de l’analyse objective des besoins sociaux. (Cf Côte d’Ivoire: Boosting Competitiveness and Inclusive Growth – Country Partnership Framework for the Period FY16-FY19.)
Par Delafosse François – Dominique