APRNEWS : Le Kitabus, la bibliothèque mobile qui sillonne l’Est de la RDC

APRNEWS : Le Kitabus, la bibliothèque mobile qui sillonne l’Est de la RDC

Son objectif, apporter des livres à des élèves des zones isolées et encourager la culture de la lecture. Cette bibliothèque mobile se veut comme une alternative dans un contexte de manque de bibliothèques dans la ville et le déficit de livres dans les écoles et les foyers.

Nous sommes sur la cour de l’ISP, une école située dans la périphérie de la ville des montages, Bukavu. Un minibus au design bleu vert avec des dessins en jaune et blanc fait ses dernières manœuvres, sous les regards de jeunes pensionnaires de l’établissement.

Les enfants sont curieux de découvrir ce véhicule qu’ils ont reconnu. Ce bus est équipé d’étagères contenant une variété de livres et de quelques sièges pour les lecteurs.

Au volant, le coordinateur du projet Kitabus, Ferdinand Chito Chibambo. Il est à la fois chauffeur, bibliothécaire, encadreur d’enfant et coordinateur. Il lui a fallu rouler pendant une trentaine de minutes pour rallier le centre-ville de Bukavu, à cette école.

L’arrivée de la bibliothèque mobile sur le campus crée de l’enthousiasme. Les écoliers filles et garçons sont pressés de se jeter dans le bus parqué devant leur salle de classe.

Une joie de courte durée, parce que le bus du livre ne mettra que quelques heures dans cette école avant de repartir, mais les apprenants en ont profité pour se faire de beaux souvenirs.

« J’ai aimé voir le bus KITABUS ici et j’aimerai que ce bus puisse revenir plus souvent ici et lire encore. Je suis passionnée par la lecture, j’aime beaucoup lire, je trouve lire super » souligne Nyota, une écolière de 5e primaire.

Pour cette première arrivée de la bibliothèque mobile dans son école elle a lu : ‘’Kirikou et les hommes et les femmes’’.

Livre qu’elle n’a pas fini de lire faute de temps. Tout comme Nyota, son camarade de classe Ohizi Muchiza Emmanuel n’a pas fini de lire.

Olivier, un autre élève, bien qu’il reçoive régulièrement des livres comme cadeaux de la part de son papa, n’a pas boudé le plaisir d’embarquer pendant quelques heures dans le minibus rempli de livres.

« Les livres que j’ai à la maison sont des livres de Français lectures mais ici, il y a des livres de compte, des dessins animés. Il y a beaucoup de livre que j’ai manqué mais je suis déjà satisfait par ce que je vois ici », souligne cet écolier de 11 ans.

Nyota ou Emmanuel, aucun de ces écoliers n’a jamais vu une bibliothèque dans leur école, comme le confie la directrice Kaningini Bora. « Nous n’avons pas une bibliothèque en soi mais nous utilisons des livres et nous sommes en train de réfléchir à comment dès l’année prochaine avoir une bibliothèque,’’ souligne-t-elle.

Amener le livre vers les lecteurs

L’idée de créer Kitabus est venue tout premièrement de ce contexte de manque de bibliothèques dans la ville de Bukavu, souligne Ferdinand Chito Chibambo, venu au volant du minibus. « Il faut savoir que la ville de Bukavu n’a pratiquement pas de bibliothèque publique et moins encore d’écoles. Les seules écoles qui peuvent en avoir sont surement les anciennes écoles, elles sont vraiment très peu nombreuses ».

Ce manque de bibliothèques dans la région a poussé l’institut Français à aller vers le public avec les livres. Cela pour répondre aux besoins criants de la population, de la jeunesse, des familles concernant la lecture.

KITABUS a pour mission d’encourager une habitude de lecture durable même après le passage explique le coordinateur Ferdinand.

Plusieurs écoles et centre culturel ont demandé à travers la direction de l’institut français de Bukavu, qu’il leur soit donné l’occasion d’accueillir le Kitabus.

A Bukavu, plusieurs personnes n’accèdent pas à la Bibliothèque ou au livre. Pourtant cette ville est réputée d’être parmi « les villes des intellectuels ». Seules, quelques écoles vieilles de quelques décennies possèdent des bibliothèques, qui parfois ne sont pas à jour.

Pour l’écrivain, Faustin Muliri, Kitabus va permettre de faciliter l’accès aux livres aux gens qui aimeraient bien lire mais qui n’ont pas cette facilité d’accéder aux livres pour diverses raisons.

« Il y a le problème de déplacement lié aux moyens de transport, il y a le problème lié à l’accès aux bibliothèques parce qu’il faut payer des frais pour avoir accès aux bibliothèques, donc les frais d’adhésions, cartes de membres, … Il y a divers problèmes qui font que les gens n’ont pas le temps de se déplacer vers les bibliothèques.’’ Ce qui, selon Faustin Muliri, fait que l’initiative Kitabus est un salut pour Bukavu.

La principale raison, selon M. Muliri, qui explique le fait que les populations de Bukavu ne lisent pas, c’est la pauvreté. « Puisque le revenu est faible, les gens n’ont pas d’argent à mettre à la fois dans la nourriture, dans la scolarisation des enfants, dans le paiement de loyer, dans le transport, dans les soins médicaux et trouver encore de l’argent à investir dans la lecture.’’ Explique-t-il. Il estime que la lecture devient le besoin cadet de la population. Il souligne aussi que les gens voudraient bien lire mais ils n’ont pas accès aux livres.

Bien choisir les livres pour répondre aux besoins des populations

Cet écrivain alerte tout de même les initiateurs de la bibliothèque mobile sur les choix de livres. Pour lui c’est bien d’apporter les produits littéraires, des livres vers le public. Mais encore faut-il que ces produits littéraires répondent aux besoins du public en lecture.

Faustin veut également voir des livres congolais de Bukavu dans cette bibliothèque mobile. « Donc pour moi, l’idée est un salut mais pourvu qu’il tienne compte des intérêts directs, des aspirations des lecteurs en matière de choix des livres à lire. Il n’est pas question d’imposer des livres mais il est question d’abord de vérifier quels sont les livres que les gens voudraient bien lire d’abord, et trouver ces livres là et les mettre à la disposition du public ».

Jusque-là Kitabus a déjà visité 5 écoles et centres culturels. Et dans le futur, kitabus ambitionne d’ouvrir de plus en plus toutes les portes de la chaîne du livre qui ont été fermées depuis longtemps dans la ville de Bukavu, explique l’institut français qui pilote le projet.

« Notre vocation sera de nous déployer dans un public beaucoup plus large, beaucoup plus adulte et beaucoup plus outillé dans les livres.’’ Souligne un responsable de l’Institut.

Aprnews avec Bbc.com

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