APRNEWS: L’Afrique de l’Ouest vise l’autosuffisance en riz

APRNEWS: L’Afrique de l’Ouest vise l’autosuffisance en riz

La BAD apporte sa contribution au projet de développement de la filière riz, qui permettra d’augmenter la production et la productivité, ainsi que les revenus générés.

Par l’intermédiaire du FAD (Fonds africain de développement), la Banque africaine de développement a approuvé un premier financement de 99,16 millions de dollars pour développer les chaînes de valeur régionales rizicoles. Cette décision est prise dans le cadre du Projet de développement des chaînes de valeur régionales rizicoles résilientes en Afrique de l’Ouest.

Le Sénégal, par exemple, avec un potentiel d’irrigation de 240 000 hectares dans la vallée du fleuve Sénégal, pourrait atteindre des rendements de 5 à 7 tonnes par hectare, bien au-dessus des zones de culture pluviale.

Malgré ses atouts, la région ne parvient pas à atteindre l’autosuffisance en riz ; l’objectif initial de 2025 a été repoussé de dix ans, mais ce Projet de développement vise à s’en rapprocher au plus tôt. L’objectif du projet est de renforcer la sécurité et la souveraineté alimentaires dans la région, en favorisant les investissements publics et privés dans les chaînes de valeur du riz pour accroître l’autosuffisance en riz.

Ce financement de 99,16 millions $ est destiné au premier groupe de bénéficiaires qui inclut la Gambie et la Guinée-Bissau, ainsi que la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et le Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice). La CEDEAO a lancé un plan décennal de 19 milliards $ en soutien à la filière.

L’ensemble des dons de la BAD représente 91,2 % du coût total du projet. Les gouvernements de la Gambie et de la Guinée-Bissau contribueront chacun pour 5,2 % et les bénéficiaires pour 1,7 %, en nature. La CEDEAO et AfricaRice contribueront, quant à eux, respectivement à hauteur de 1,2 % et 0,8 % du coût total du projet.

Celui-ci permettra d’augmenter la production et la productivité rizicoles ainsi que les revenus générés pour les agriculteurs, notamment les femmes et les jeunes. Il permettra aussi d’accroître la résilience et les capacités adaptatives des exploitations et des systèmes de production rizicoles face aux changements climatiques ainsi que la transformation, la mise sur le marché et le commerce intrarégional du riz.

 

Un Observatoire du riz

Il prévoit de développer des infrastructures d’irrigation et de renforcer la durabilité des services d’irrigation, d’appuyer la dissémination d’intrants et de semences améliorées et climato-intelligentes, de renforcer les unités de transformation et la mise sur le marché du riz national, en veillant particulièrement à renforcer les compétences et l’accès aux financements pour les femmes et les jeunes. Le projet prévoit aussi de renforcer les coopératives agricoles et l’accès à la mécanisation, tout en renforçant les capacités adaptatives et de résiliences des agriculteurs face aux changements climatiques et aux évènements extrêmes.

Le riz ivoirien

Au niveau régional, le premier projet régional porté par AfricaRice assurera un accompagnement technique régional pour favoriser l’innovation dans les chaînes de valeur rizicole dans les pays d’intervention du projet en Afrique de l’Ouest. Cela inclut une évaluation des besoins en semences et variétés dans les différents pays ainsi que la production et la distribution de semences améliorées.

Le second projet régional, porté par la CEDEAO, se concentrera sur les réformes politiques et réglementaires régionales et leur harmonisation dans son espace. Elle contribuera à améliorer la gouvernance du secteur du riz en Afrique de l’Ouest par l’intermédiaire de l’Observatoire du riz de la CEDEAO. Ce programme bénéficiera donc aux quinze pays de l’Afrique de l’Ouest.

Selon certains spécialistes, l’Afrique de l’Ouest n’atteindra ses objectifs qu’à condition de financer la professionnalisation des chaînes de valeur, de la production à la livraison. La culture du riz reste l’apanage de petites exploitations, isolées, qui peinent à trouver des débouchés, quand elles ne sont pas cantonnées à l’auto-production. Bien sûr, les États africains hésitent à faire le choix de l’agriculture intensive, qui risque de priver de revenu de nombreux petits producteurs.

Face à la concurrence – notamment celle de l’Inde –, les gouvernements songent à augmenter les taxes à l’importation mais cette solution ne peut être durable et doit accompagner une politique plus volontariste de soutien à la filière, jugent les spécialistes.

 

La hausse des rendements est possible

Selon un rapport de l’OCDE et la FAO, le continent représentera 41 % des importations mondiales de riz d’ici dix ans, soit plus de 26 millions de tonnes annuelles, contre 17 millions aujourd’hui. La consommation par habitant augmentera également, passant de 25,1 kg en 2023 à 28,5 kg en 2033. Le rapport estime que le Nigeria, principal importateur ouest-africain, pourrait doubler ses achats à près de 4 millions de tonnes de riz d’ici 2033. À l’inverse, souligne le rapport, le potentiel d’amélioration des rendements est important. Le Sénégal, par exemple, avec un potentiel d’irrigation de 240 000 hectares dans la vallée du fleuve Sénégal, pourrait atteindre des rendements de 5 à 7 tonnes par hectare, bien au-dessus des zones de culture pluviale. Au Mali, seulement 36 % des 2,2 millions d’hectares irrigables sont exploités.

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