APRNEWS: La fortune cachée du président Mahamadou Issoufou
Ce texte a été publié lundi sur les réseaux sociaux du Niger par Boussada Ben Ali, journaliste, partisan du Président renversé Mohamed Bazoum, qui dit avoir coordonné les investigations d’un collectif d’enquêteurs indépendants. L’auteur vient d’être inscrit, il y a quelques jours, au fichier des personnes, groupe de personnes ou entités impliqués dans des actes terroristes (FPGE) pour le soupçon de « production et de diffusion de données de nature à troubler l’ordre public ». Neuf autres personnes – deux anciens ministres, des activistes sur les réseaux sociaux et des rebelles – ont été inscrits en même temps que lui, ce qui pourrait être le prélude à une procédure de déchéance de nationalité. Installé en Libye depuis des années, Boussada Ben Ali s’en prend régulièrement, à l’ancien Président Mahamadou Issoufou qu’il accuse d’être l’artisan du coup d’Etat de juillet 2023.
« Alors que le Niger traverse une crise politique sans précédent, avec l’irruption des généraux au pouvoir suite à un coup d’État orchestré par Issoufou Mahamadou et exécuté par son fidèle Tiani, nous avons décidé de vous livrer les résultats partiels d’une longue enquête sur la fortune cachée de Issoufou Mahamadou pour vous permettre de mesurer l’ampleur des dégâts commis sous son règne.
Ce coup d’État réalisé dans un contexte de stabilité remarquable sous Bazoum Mohamed et de réelles perspectives d’amélioration de la situation économique du pays était fait sur la base d’un contrat très précis : une transition militaire n’excédant pas six (6) mois et la réélection à terme de Issoufou Mahamadou à la Présidence de la République .
Nous publions aujourd’hui les résultats partiels de cette enquête portant sur la richesse de cet homme avide de pouvoir et d’argent, de façon à permettre à l’opinion nationale et internationale de mieux découvrir le personnage.
Il s’agit pour nous, ici, de lever un coin du voile sur l’immense richesse cachée de l’ancien Président Issoufou Mahamadou. Ces révélations sont le fruit d’une enquête longue, rigoureuse et éthique, menée sur plusieurs mois par un collectif de Nigériens résidant pour certains au pays et d’autres à l’extérieur, fondée sur des informations fiables, vérifiées et vérifiables.
Une fortune officielle en croissance exponentielle
Pendant les dix (10) années qu’il a passées à la tête de l’Etat, Issoufou Mahamadou s’est employé à amasser les richesses au point où le poids de sa fortune actuelle lui a fait perdre la raison. Pour lui, tout s’achète ici sur terre, y compris l’honneur et la dignité des Nigériens.
En examinant les déclarations annuelles du patrimoine de Issoufou Mahamadou publiées par la Cour des Comptes, on est toujours effaré par le rythme de croissance de celui-ci. Au point où, vers la fin de son régime, lui-même gêné aux entournures, a cru devoir inventer une justification en disant que ses acquisitions sont dues à de l’argent qu’il reçoit de certains…chefs d’État africains !!!
En acceptant cette justification, la Cour des Comptes s’est rendue coupable de forfaiture. Le principe de la déclaration périodique du patrimoine de certaines personnes assumant des charges publiques vise à leur assigner un comportement intègre en adéquation avec les exigences éthiques de leur mission. Quand un chef d’État d’un pays souverain annonce officiellement recevoir de l’argent d’autres chefs d’État, il avoue ses propres manquements vis-à-vis du code d’honneur qui régit l’exercice de ses charges éminentes. Le principe de la souveraineté de l’État interdit à celui qui en est le chef d’accepter de l’argent pour lui, quelle qu’en soit la provenance. Faire cela, c’est se rendre coupable d’infamie. Comment au juste aurait réagi la Cour des Comptes si Issoufou Mahamadou avait dit qu’il recevait son argent des chefs d’État de France, des États-Unis, de Chine ou de Turquie ? Aurait-elle accepté qu’un ministre justifie son enrichissement par des cadeaux en provenance de ses homologues du Nigeria ou de l’Algérie ?
Comme on le voit, rien qu’à s’en tenir à ses propres déclarations de biens, Issoufou Mahamadou s’est rendu coupable d’un enrichissement illicite scandaleux qui le déshonore à jamais et le disqualifie pour toujours à assumer des nouvelles charges politiques.
Mais les choses sont pires avec lui, car en vérité ses déclarations de patrimoine sont totalement insincères, mensongères sur toute la ligne. Elles sont mensongères parce qu’elles minorent considérablement la valeur vénale des éléments du patrimoine d’une part et surtout parce qu’elles omettent l’essentiel de sa richesse, d’autre part.
Une centaine de maisons et d’immeubles au Niger
Ainsi, s’agissant de ses biens immobiliers à Niamey, du peu que nous en savons, Mahamadou Issoufou n’a jamais déclaré ce qui suit :
– Sa maison située derrière l’ambassade des États-Unis, achetée à Hama Zada ;
– Ses deux (2) maisons sises à Koira Kano, face au Lycée Lumière ;
– Son grand domaine du quartier Koubia Nord. C’était là qu’il prévoyait de s’installer avant d’opter pour Losso Goungou où il a construit ses deux châteaux de conte de fées, que sa deuxième épouse Malika appelle affectueusement « Villas Butterfly » en raison de la forme qui rappelle celle d’un papillon aux ailes déployées ;
– Le siège de la Fondation Issoufou Mahamadou enregistré sous un prête-nom ;
– Les trois (3) grands immeubles face à l’hôtel Bravia, eux aussi enregistrés sous des prête-noms ;
Dans la région de Zinder, il n’a jamais déclaré la maison construite en 2019 à Maja, dans le village de ses oncles maternels, sur la route Zinder-Tanout. Il n’a jamais mis pied dans cette luxueuse maison d’une valeur supérieure à 100 millions de francs CFA, vouée décidément aux araignées et aux termites.
En vérité, la famille Issoufou Mahamadou possède pas moins de 100 maisons presque toutes de grand standing dont des immeubles, notamment le plus grand et le plus luxueux immeuble privé de Niamey situé dans la zone du Château 1, au Plateau, appartenant à son épouse Malika. Par ailleurs, notre enquête nous a permis de découvrir que dame Malika a utilisé le nom d’un certain Ezzedine, un homme d’affaires libanais résidant en Côte d’Ivoire et mari de sa grande sœur Khaïra, pour bénéficier du régime du code des investissements pour construire un grand Centre commercial (Mall) d’une valeur de plusieurs milliards de francs CFA dans l’enceinte du stade Général Seyni Kountché.
Deux appartements dans les beaux quartiers de Paris
Dans ses différentes déclarations de patrimoine, Issoufou Mahamadou n’a jamais fait, non plus, cas de ses biens hors du Niger.
Pourtant notre enquête nous a permis de découvrir qu’il en possède plus à l’extérieur du Niger notamment :
– Un appartement situé au 7-19 rue du Docteur Germain Sée, dans l’arrondissement le plus cher de Paris, à savoir le 16ème. Cette acquisition date de 1999. Il a acquis cet appartement au retour d’un voyage à Taïwan où, accompagné d’un officiel du Burkina Faso, il a été présenté aux autorités de ce pays comme candidat à l’élection présidentielle du Niger prévue pour la fin de la même année. Il avait promis aux autorités taïwanaises de l’époque de rétablir les relations diplomatiques avec leur pays au cas où il serait élu. C’est l’argent reçu à Taïwan suite à cet engagement qui lui a permis d’acquérir cet appartement à Paris. C’est d’ailleurs là où a résidé sa 2ème épouse Malika, depuis son mariage en 2004 jusqu’en 2011, date de leur accession au pouvoir.
Cet appartement n’a jamais été déclaré, même pas en 2011, de peur que les Nigériens ne découvrent qu’il possède un appartement qu’il ne saurait posséder légitimement au regard de sa carrière bien connue de tous.
– Un appartement de très grand standing d’une valeur de plusieurs millions d’euros, enregistré au nom de Ezzedine encore, au 55 boulevard Lannes, toujours dans le 16ème arrondissement de Paris, en face de l’ambassade de Russie et non loin de celle du Niger. C’est dans cet appartement que loge Mahamadou Issoufou quand il séjourne à Paris depuis qu’il n’est plus Président. C’est là qu’habitent en ce moment les 3 enfants de Malika qui poursuivent leurs études à Paris depuis la fermeture du lycée La Fontaine de Niamey, alors que les enfants d’autres Nigériens ont vu leur scolarité perturbée.
– Un appartement cossu dans le plus chic quartier de New York à Manhattan, enregistré au nom de sa fille aînée qui vit dans ce pays.
– Un appartement à Montréal, au Canada, dans l’un des plus beaux quartiers de la ville. C’était là que la fille aînée de Malika avait passé sa classe de seconde en 2023 avant de rejoindre ses petits frères à Paris à la rentrée scolaire 2023-2024. Cet appartement est enregistré au nom de Abdallah Wafi, le mari de Kebira, une autre grande sœur de Malika. Le défunt Abdallah Wafi (paix à son âme) était un modeste commissaire de police du Niger qui, vers la fin de sa carrière a pu, à l’instar de ses autres collègues, décrocher un poste dans une mission de l’ONU au Congo puis d’ambassadeur aux USA. Les fonctions qu’il a occupées pourraient certainement lui permettre de construire une maison convenable à Niamey, mais nullement un appartement à Montréal.
En outre, il faut aussi savoir que Mahamadou Issoufou est le vrai propriétaire de la ferme avicole » Œufs d’or » située sur la route de Namaro, la plus grande et la plus moderne ferme avicole du Niger. L’investissement dans cette ferme a coûté un peu plus de sept (7) milliards de francs. C’était son fils Abba qui s’en occupait.
Enfin Mahamadou Issoufou possède une compagnie maritime immatriculée en Asie. Combien de bateaux possède-t-il ? Nos informations ne sont pas encore consolidées. Ce qui est sûr, c’est que ses activités d’armateur sont florissantes. Et le plus gros de sa fortune dissimulée se trouverait en Turquie.
Notre enquête n’est pas achevée mais la publication des résultats partiels vise à montrer au peuple nigérien que celui qui a plongé le pays dans le chaos pour préserver ses propres intérêts et régner en maître sur le Niger a certes réussi à faire taire certaines voix qui avaient jadis la réputation de le dénoncer mais il existe toujours de vrais patriotes, qui continueront la lutte pour faire payer à Issoufou Mahamadou ses crimes politiques, économiques et sociaux. Les enquêteurs professionnels nationaux et internationaux devraient s’en saisir pour débusquer l’usage de multiples prête-noms de la part d’un homme qui a choisi de détruire un pays qui lui a tout donné. »
La dernière déclaration des biens du Président Issoufou devant la Cour des Comptes, le 4 mai 2021, fait apparaître 5 maisons à Niamey (dont les deux dernières, en construction et toujours inhabitées, avoisinent un milliard de francs CFA sur un terrain de 10 hectares), 3 maisons à Tahoua, dont une, également en construction, d’une valeur finale estimée à un demi milliard de francs CFA, 3 maisons à Illela dont une, également en construction, d’une valeur d’un peu plus d’un demi-milliard de francs CFA, à Dan Dadji, son village natal, 2 maisons dont une en construction, d’une valeur de 348 millions de francs CFA, et à Zinder, une dernière maison. « Le déclarant indique que les nouvelles réalisations ont été financées grâce à l’appui financier de certains amis, principalement chefs d’Etat », selon le document. A ces biens, s’ajoutent 2 parcelles non bâties à Niamey, 4 à Tahoua, 2 terrains à Birni N’Konni, 1 à Doutchi, 2 à Dan Dadji, 2 jardins de près de vingt hectares à Guidan Karo, 6 véhicules Toyota, Range Rover et Lexus, et 2 comptes bancaires – modestes – au Niger et en France.