APRNEWS: « Je suis venu. Nous allons reprendre la marche » Laurent Gbagbo

APRNEWS: « Je suis venu. Nous allons reprendre la marche » Laurent Gbagbo

Je salue tout le monde, tous ceux qui ont fait le déplacement depuis tous les villages, depuis Gagnoa, Ouragahio, Nékédi, Zédi, Gbadi Est. Je salue surtout tous les gens de Gbadi-Est dont Gadoukou fait partie.

Discours intégral du Président Laurent Gbagbo à Gadoukou, le dimanche 1er décembre 2024

Je salue tout le monde, tous ceux qui ont fait le déplacement depuis tous les villages, depuis Gagnoa, Ouragahio, Nékédi, Zédi, Gbadi Est. Je salue surtout tous les gens de Gbadi-Est dont Gadoukou fait partie.
Je salue les artistes évidemment. Je vais commencer par Aïcha. Où elle est ? Elle est partie. Ah bon ? Elle dit où je suis, elle y est et puis immédiatement elle s’en va. Je vais la trouver là-bas.

Chers frères, chers sœurs, chers parents, je vous salue. Aujourd’hui là, je salue Gadoukou. Parce que, nous quand on parle des Gadoua, c’est pour se moquer d’eux. Quand tu dépasses une rivière qui s’appelle Gbi, le chef du village en a parlé quand tu la dépasses, on dit en Bheté « Ya Gbi To ». C’est-à-dire j’ai traversé le Gbi. Mais ça veut dire, « je me suis trompé » chez les Gadoua. Donc on se moque d’eux. Il y a toujours dans les relations intervillageoises un peuple dont on se moque. Il n’y a pas de raison mais c’est fait comme ça pour rendre la gaieté, la joie. Donc je salue les gens de Gadoukou. Je salue tous les gens de Gadoukou parce qu’ici j’ai été député pendant deux mandats.
Le premier mandat, quand je faisais la campagne, ils en ont parlé, je suis venu, j’ai choisi un ami, je suppose que son fils est là, je vais lui dire bonjour avant de partir. Évidemment j’ai eu 100%. Le deuxième mandat, les élections c’était en 1996, parce qu’il y avait eu des problèmes en Gagnoa donc le ministre Bombet a rejeté les élections de Gagnoa un an plus tard.
Je suis venu faire campagne, quand on a dépouillé, à Gadoukou, il y avait eu trois voix contre Gbagbo. Mais ils avaient été meurtris, ils avaient été blessés à Gadoukou. Ils disent d’où viennent ces trois voix qui nous ont manqué pour faire 100%. Donc j’étais à Abidjan et ils m’ont convoqué. Je suis venu et ils ont convoqué tout le village.

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Ils avaient fait leur enquête et ils ont trouvé que le nouveau préfet de Gagnoa avait mis dans le corps électoral de Gadoukou un campement de Sénoufo. Et c’est de là que venaient les trois voix contre. Donc ils ont tenu à expliquer ça parce que pour eux, ce n’est pas possible qu’ici, il y ait trois voix contre.
Je vous remercie pour cet attachement. Je vous remercie pour cette union avec le candidat que j’étais. Je vous remercie ! je vous remercie ! Je suis allé en prison comme vous le savez et beaucoup de gens qui vivaient paisiblement à Abidjan sont partis en exil dont Gadji Celi, des artistes que je connaissais comme François Kency. Comme Serge Kassi se sont retrouvés en exil aussi. Quand j’étais en prison, ils ont tout chanté, ils ont fait tout le bruit qu’il fallait faire pour qu’on ne m’oublie pas et ils ont même fait un disque « Libérez Gbagbo ». Voilà la liste de ces artistes, Gadji Celi, Serge Kassi, François Kency, Abou Galiet, Alain Djiz, Magadindin et Mayeli Ba. Mais elle est décédée maintenant. Pour ceux qui regardent les vidéos, vous voyez un monsieur qui s’appelle Hervé Djédjé, c’était sa compagne. Elle chantait maintenant elle est décédée. C’est une fille de l’ouest, une fille guéré. Donc, je les remercie. Je remercie tous ces artistes-là.

Ici il y a François Kency, je demande que tu te lèves , que les gens te voient. Il y a Serge Kassi, je demande que tu te lèves. Voilà ! Bon, Aïcha n’était pas là. Elle était en Guinée, mais ma femme et moi nous l’avons appelé une fois pour lui souhaiter bon anniversaire à Conakry. Les autres, ils ne sont pas ici. Donc je ne les fais pas acclamer. Mais les artistes m’ont soutenu.
Et c’est là qu’on arrive au rôle de l’artiste. Qu’est-ce qu’un artiste ? Il ne faut pas croire qu’un artiste est un amuseur public. C’est un homme qui produit de l’art dans le cas d’espèce, c’est de la chanson. Il produit de l’art et cet art-là, il va dans un sens ou dans un autre sens. Vous voyez le doyen Amédée Pierre, qui est décédé, cet homme-là, moi je l’ai soutenu jusqu’à sa mort.
Je l’ai soutenu jusqu’à sa mort pourquoi ? Parce que dans les années 1950, quand il était infirmier d’état, Amédée Pierre était indépendantiste. Parce qu’à l’époque l’indépendance, c’était pas le panafricanisme. C’était pour ou contre l’indépendance. Et aujourd’hui je ne vais pas vous faire un discours politique donc je ne vais pas vous dire ce qui était contre l’indépendance mais Amédée Pierre était pour l’indépendance. Et ils sont 358 à avoir été radiés de la fonction publique parce qu’ils étaient pour l’indépendance.
Donc comme lui il avait sa guitare et que chaque soir, il chantait dans les cours, il a dit bon je vais en faire en même temps mon travail. C’est comme ça qu’il est devenu chanteur. Et ses premières chansons ont été des chansons dures pour la colonisation, dures pour les noirs qui faisaient comme les blancs.
Donc Amédée Pierre était un artiste mais c’était pas un amuseur public. La différence qu’il y avait par exemple entre Amédée Pierre et Ernesto Djédjé se trouve dans les dans les phrases que les deux prononçaient souvent. Amédée Pierre disait « Djigbô Gba » : c’est-à-dire : Digbeu Parle ! Et Djédjé disait : « Ziboté ». C’est-à-dire, il faut danser. C’est une différence. Mais elle est énorme au niveau des études. Il y a un qui chantait pour dire des choses et à l’autre qui chantait pour faire danser. Ce n’est pas pareil. Ce n’est pas parce que je n’ai pas étudié la carrière de nos jeunes artistes qui sont là avant mon arrestation. Mais à partir de mon arrestation, leurs chansons ont été des chansons de paroles pour parler, pour dire ce que la Côte d’Ivoire doit être, pour dire où la Côte d’Ivoire doit aller. Je les remercie !

Je les remercie parce que la danse est un art d’un autre genre que la parole. On s’exprime, on parle on analyse, on critique, on dit, on avance. La danse, on fait applaudir des gens par l’art qu’on a dans les pieds mais qui n’exprime pas spécialement quelque chose. Vous comprenez ? D’où le succès par exemple du reggae.
Quand le Jamaïcain a créé le reggae, il l’a créé pour dire les choses. Et son successeur le Sud-Africain, Lucky Dube, quand il a chanté, c’était pour parler. Quand Myriam Makéba a chanté, ce n’était pas pour danser. C’était pour parler contre l’apartheid et pour la liberté des noirs en Afrique du Sud. Voilà à quoi servent les artistes. C’est pourquoi je les remercie encore. Et je remercie leurs amis qui ne sont pas avec nous aujourd’hui. Je leur demande de transmettre mes salutations à leurs amis.
Vous avez entendu la chanson de Aïcha. Elle a dit : « On m’a parlé de Chaka Zulu, mais moi je n’ai pas vu Chaka Zulu, j’ai vu Gbagbo. On m’a parlé de Sékou Touré, je ne l’ai pas vu mais j’ai vu Gbagbo. Donc l’artiste a un rôle de témoignage. Il témoigne de l’histoire qui se déroule sous ses yeux. Si on veut parler de l’art, on va parler longtemps. On n’est pas venu pour parler de l’art. On est venu pour saluer les parents de Gadoukou.
Le chef de village, je te salue toi et tes compatriotes de Gadoukou. Je salue aussi l’abbé, le Curé de Gagnoa qui vient de d’achever une œuvre gigantesque. La traduction du Nouveau Testament en Bheté. Il m’a amené quelques exemplaires, il y a trois jours. Mon Père, félicitations pour le travail. Au niveau de la phonologie, tu es plus avancé que l’abbé Atéa puisque tu as des connaissances que lui n’avait pas à son époque. Continue le travail, on te soutient.
Je salue tous les gens de Gadoukou. Je salue tous les gens de Gbadi-Est, tous les gens de Badie-Est. Je salue je salue tous les gens de la sous-préfecture de Ouragahio. Si personne ne disait rien de moi, si quelqu’un ne me soutenait pas, si personne ne me soutenait, je serai resté là-bas. Vous m’avez soutenu et je suis venu. Merci.

Je suis venu. Nous allons reprendre la marche. Nous allons reprendre le combat là où il était. Un homme qui vit se bat toujours Nous allons reprendre la marche. On ne peut pas laisser un pays comme ça aller dans la somnolence. On dit que l’argent ne circule pas parce qu’il travaille. Mais moi je veux le fait travailler, je le fais circuler. Je veux le faire circuler comme il circulait avant. C’est quelle histoire ? D’où ça vient cette histoire ? L’argent doit circuler. C’est quand il circule qu’il passe de poche en poche. Nous demandons simplement aux citoyens de travailler pour acquérir l’argent dans leur poche. Et il vient dans leur poche, il sort de leur poche pour le travail à cause du travail d’un autre et il va là-bas. Nous allons reprendre tout ça. Quand je repartirai à Abidjan, je me serai bien reposé nous allons reprendre le combat là où nous l’avons laissé. Nous allons reprendre le combat là où nous l’avons laissé. Nous allons lutter ! Nous allons lutter et nous allons gagner encore ! Parce que ceux qui veulent endormir l’Afrique, ils ne dorment pas. Ils veulent que l’Afrique mais eux ils ne dorment pas. Donc nous ne devons pas dormir. On doit les faire dormir pour faire en sorte que l’Afrique se réveille. Donc nous allons continuer ce combat et je vous le promets que nous allons le mener à bien. Gadji Celi, Serge Kassi, François Kency, je vous salue, je vous remercie pour tout le travail que vous avez fait à Paris à Bruxelles à La Haye. Je vous salue pour ça. Les gens de Gadoukou, je vous salue pour tout le travail que vous avez fait ici les gens de Gbadi-Est, Nékédi, Zédi, je vous salue pour le travail que vous avez fait ici, je vous remercie ! Et à très bientôt. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.

Propos retranscrits par Yannick P Bayard.

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