
APRNEWS: Forte hausse des investissements vers l’Afrique
À un niveau modeste par rapport aux flux mondiaux, les Investissements directs étrangers en direction de l’Afrique ont progressé de 23 % en 2024.
Les investissements directs étrangers (IDE) mondiaux ont diminué de 8 % en 2024, si l’on exclut les flux financiers qui ne font que transiter par certains pays européens. Tels sont les premiers chiffres publiés par les Nations unies (Cnuced) dans son bulletin sur les tendances de l’investissement.
Dans ce contexte, les investissements vers l’Afrique ont, en apparence, effectué un bond spectaculaire : les flux d’IDE vers l’Afrique ont augmenté de 84 % pour atteindre un montant estimé à 94 milliards de dollars, soit la valeur la plus élevée jamais enregistrée.
Les projets d’investissement dans les énergies renouvelables, l’hydrogène vert et les chaînes d’approvisionnement des véhicules électriques ont fait grimper le nombre de projets, ces dernières années, en dépit d’un ralentissement récent.
L’ONU précise que cette augmentation est due en grande partie à une seule opération internationale de financement de projet, celle menée en Égypte pour le développement de la péninsule de Ras El-Hekma par ADQ, le fonds d’investissement souverain basé aux Émirats arabes unis. « Si l’on ne tient pas compte de l’augmentation en Égypte, les flux d’IDE vers l’Afrique ont encore augmenté de 23 %, mais ils sont restés modestes, à environ 50 milliards de dollars. »
À l’échelle mondiale, l’ONU fait part d’un montant de 1 400 milliards $ de flux d’IDE – y compris ceux transitant en Europe –, en hausse de 11 %.
Les projets dits « Greenfield », c’est-à-dire des installations ex nihilo d’usines ou de bureaux à l’étranger, essentiellement dans les secteurs industriels, ont diminué de 8 % en nombre et de 7 % en valeur. Un recul « modéré » selon les économistes de l’ONU, qui rappellent que la valeur des projets Greenfield avait atteint des records en 2023, grâce à des investissements à grande échelle dans la fabrication de semi-conducteurs et les technologies de l’IA.
Le financement de projets internationaux, principalement concentré dans les secteurs des infrastructures, a poursuivi sa tendance à la baisse, le nombre d’opérations ayant chuté de 26 % et leur valeur de près d’un tiers.
Plus généralement, l’institution constate que l’« environnement mondial de l’investissement reste difficile pour les secteurs essentiels à la réalisation des Objectifs de développement durable dans les pays en développement, qui dépendent particulièrement du financement de projets internationaux ».
Vers une croissance modérée en 2025
Le nombre d’investissements liés aux ODD est tombé de 11 % en 2024. Si les énergies renouvelables, la santé et l’éducation ont connu une certaine croissance, trois secteurs (les infrastructures, les systèmes agroalimentaires, et l’eau et l’assainissement) ont vu moins de projets financés par la communauté internationale en 2024 qu’en 2015, année de l’adoption des ODD.

Résultat : après la baisse de 6 % en 2023, les flux d’IDE vers les économies en développement ont de nouveau diminué de 2 %. L’augmentation du nombre de projets manufacturiers observée en 2023 ne s’est pas reproduite en 2024. Les baisses les plus importantes du nombre de nouveaux projets ont eu lieu en Afrique (près de 200 projets en moins) et en Asie (près de 150 projets en moins).
Prudente, la Cnuced prévoit « une croissance modérée » des IDE en 2025. Les flux devraient croître plus rapidement aux États-Unis, en raison des fortes perspectives de croissance économique, et dans l’Union européenne, où les niveaux d’investissement sont actuellement très faibles. Les régions adjacentes ou bien connectées aux principaux marchés développés, telle l’Afrique du Nord, pourraient également bénéficier de la restructuration de la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Outre la conjoncture économique, les tendances seront marquées par la technologie et les changements sectoriels, la dynamique géopolitique et les fractures économiques, les développements politiques et réglementaires et l’évolution du rôle de certains groupes d’investisseurs, précisent les économistes. Qui font allusion aux fonds de capital-investissement et aux investisseurs souverains.
D’autre part, le cycle de réduction des taux d’intérêt prévu dans les principales économies pourrait réduire les coûts d’emprunt, encourageant les investissements transfrontaliers, en particulier le financement de projets.
Gare aux risques sécuritaires et politiques
De leur côté, les investissements dans les secteurs liés à la technologie, notamment l’IA, l’informatique en nuage et la cybersécurité, sont susceptibles d’orienter les flux d’IDE à mesure que les entreprises modernisent et numérisent leurs opérations. Les projets de centres de données et la fabrication de semi-conducteurs sont déjà répandus parmi les principaux projets d’investissement.
De même, la transition énergétique joue déjà « un rôle important » dans l’élaboration des schémas d’IDE. Les projets d’investissement dans les énergies renouvelables, l’hydrogène vert et les chaînes d’approvisionnement des véhicules électriques ont fait grimper le nombre de projets, bien que les investissements internationaux dans les énergies renouvelables aient ralenti au cours des deux dernières années.
Les politiques commerciales mondiales, les droits de douane et les politiques industrielles visant à attirer les capacités de production, les industries stratégiques et les secteurs sensibles sur le plan de la sécurité continueront à jouer un rôle essentiel dans l’orientation des IDE.
Enfin, l’incertitude politique, les risques sécuritaires et la volatilité des devises et des marchés financiers risquent de nuire à l’attractivité des IDE dans certaines régions.