
APRNEWS: Discours historique de M. Akinwumi A. Adesina
Au cours des dix dernières années, le président sortant de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a mis en avant les réalisations de l'institution.
Discours d’ouverture de M. Akinwumi A. Adesina Président du Groupe de la Banque africaine de développement et président de ses Conseils d’administration
Excellence Monsieur Alassane Ouattara, président de la République de Côte d’Ivoire, Excellence Monsieur Azali Assoumani, président de l’Union des Comores, Excellence Monsieur John Mahama, président de la République du Ghana, Excellence Monsieur Philippe Isdor Mpango, vice-président de la République–Unie de Tanzanie, représentant, Son excellence Madame Samia Suluhu Hassan, présidente de la République-Unie de Tanzanie,
Excellence Monsieur Ndaba Nkosinathi Gaolathe, vice-président de la République du Botswana, Excellence Monsieur Ali Mahaman Lamine, Premier ministre de la République du Niger, Excellence Monsieur Joaquim Chissano, ancien président de la République du Mozambique, Madame Kandia Camara, présidente du Sénat de la République de Côte d’Ivoire, Monsieur Adama Bictogo, président de l’Assemblée nationale de la République de Côte d’Ivoire, Madame Nialé Kaba, ministre de l’Économie, du Plan et du Développement de la République de Côte d’Ivoire, et présidente du Conseil des gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement, Mesdames et Messieurs les gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement, Excellences, Mesdames et Messieurs les chefs des Communautés économiques régionales et des institutions financières, Excellences, Mesdames et Messieurs les chefs de missions diplomatiques, Mesdames et Messieurs les chefs d’institutions internationales et partenaires du développement, Chers administrateurs du Groupe de la Banque africaine de développement, Chers membres de la direction et du personnel du Groupe de la Banque africaine de développement, Mesdames et messieurs les représentants des médias, Chers invités, Mesdames et Messieurs, Et ma chère et belle épouse, Grace ! Excellences, Mesdames et Messieurs, bienvenue aux Assemblées annuelles 2025 du Groupe de la Banque africaine de développement. Je tiens à vous remercier, Excellence, Monsieur le président Alassane Ouattara, mon cher grand frère et hôte, pour votre présence aujourd’hui. Je remercie également tous les chefs d’État, les présidents et leurs représentants, qui nous font l’honneur d’être présents. Je suis extrêmement reconnaissant à chacun d’entre vous, Excellences, d’avoir trouvé le temps d’être ici, et pour la confiance et le soutien personnel que vous m’avez témoignés au cours mes dix années de présidence du Groupe de la Banque africaine de développement. Ce seront mes dernières et ultimes Assemblées annuelles en tant que président du Groupe de la Banque africaine de développement. C’est un moment privilégié pour réfléchir aux dix années de ma présidence et faire publiquement le bilan de la mission que vous m’avez collectivement confiée. J’ai donc beaucoup à dire aujourd’hui, et je vous prie par conséquent de bien vouloir m’excuser pour le temps que cela prendra. Mais rassurez-vous, je ne m’exprimerai plus en tant que président l’année prochaine. Vous pourrez donc déduire ce temps de mon temps de parole de l’an prochain ! [Rires. Pause] Je voudrais tout d’abord commencer par vous remercier. Je vous remercie de m’avoir élu président de la Banque africaine de développement, le 28 mai2015, ici même à Abidjan, dans cette même salle. Je vous remercie de m’avoir réélu en 2020 pour un second mandat de cinq ans, avec un score historique de 100 % des voix des 81 pays actionnaires régionaux et non régionaux, une première dans l’histoire de la Banque africaine de développement. Comme je l’ai toujours dit, être président de la Banque africaine de développement n’est pas pour moi un simple emploi ; c’est une mission. Rien ne saurait être plus exaltant que de se voir confier la responsabilité, les ressources, le mandat, le soutien et la plateforme nécessaires pour contribuer à la transformation de l’Afrique, le continent qui m’a vu naître. Je vous remercie, Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement africains, pour votre soutien indéfectible. J’ai fait de l’écoute attentive et de la compréhension des besoins de vos pays, ainsi que de la mobilisation de tous les moyens de la Banque pour soutenir vos ambitions économiques et de développement, une des caractéristiques essentielles de ma présidence. Je remercie les populations africaines qui sont au centre de nos préoccupations quotidiennes. Comme je l’ai dit à mon personnel, la composante la plus importante de la Banque africaine de développement est la composante « développement ». Nous devons accélérer le développement de l’Afrique. Je suis fier que la Banque africaine de développement ait constitué un accélérateur du développement de l’Afrique au cours des dix dernières années. Les « High 5 » de la Banque, éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations en Afrique, ont été transformateurs pour l’Afrique. Au cours de la dernière décennie, le travail de la Banque africaine de développement a eu un impact sur la vie de 565 millions de personnes. Cela comprend : · 28 millions de personnes ayant obtenu un accès à l’électricité ; · 104 millions de personnes bénéficiant d’une sécurité alimentaire ; · 121 millions de personnes ayant accès à de meilleurs services de transport ; · 128 millions de personnes ayant accès à de meilleurs services de santé ; · 67 millions de personnes bénéficiant d’un meilleur accès aux technologies de l’information et de la communication ; · 63 millions de personnes ayant obtenu un accès à l’eau potable ; · 34 millions de personnes ayant obtenu un accès aux services d’assainissement. La Banque a accéléré l’intégration régionale en apportant un soutien massif aux infrastructures pour soutenir la Zone de libre-échange continentale africaine. Au cours des dix années de ma présidence, la Banque africaine de développement aura fourni un total de 102 milliards de dollars de financement à l’Afrique, soit 46 % du montant total de ses financements depuis sa création en 1964. La Banque africaine de développement a financé plus de 55 milliards de dollars pour soutenir les infrastructures, qu’il s’agisse de routes, de chemins de fer, d’aéroports, de ports maritimes, de numérique et de communications, de santé, d’eau et d’assainissement. Excellences, Mesdames et Messieurs, Ici même, dans notre pays hôte, presque toutes les grandes infrastructures urbaines que vous voyez à Abidjan ont été soutenues par la Banque. Excellence, Monsieur le président Ouattara, je suis heureux de vous informer qu’au cours des dix dernières années, sous ma présidence, le soutien financier de la Banque africaine de développement à la Côte d’Ivoire a augmenté de 500 %. À titre de comparaison, le montant total des prêts accordés par la Banque africaine de développement à la Côte d’Ivoire entre 1964 et 2014 (soit 50 ans) s’élevait à 2,3 milliards d’euros. De 2015, année de mon élection, à aujourd’hui, le financement de la Banque en faveur de la Côte d’Ivoire s’élève à 3,6 milliards d’euros, soit 1,6 fois plus que ce qui avait été approuvé pour la Côte d’Ivoire au cours des 50 dernières années. Cela inclut le désormais célèbre pont Henri Konan Bédié à Abidjan. En outre, la Banque, à travers le Projet de transport urbain d’Abidjan (PTUA), a financé le quatrième pont emblématique de 1 400 mètres de long reliant Yopougon à Adjamé, y compris 88 kilomètres d’autoroutes urbaines et 89 intersections. Il comprend toutes les belles autoroutes menant au nouveau stade Alassane Ouattara, où la Côte d’Ivoire a remporté la Coupe d’Afrique des Nations 2023 ! Excellence, Monsieur le président Ouattara, j’espère que, outre le fait d’avoir tenu nos engagements pour la Coupe d’Afrique des Nations, nous avons, en tant que Banque, répondu aux attentes de la Côte d’Ivoire ! Permettez-moi d’évoquer quelques autres projets concernant les pays des chefs d’État présents ici aujourd’hui. Bien que plusieurs exemples puissent être cités pour chaque pays africain, le temps nous manque. Toutefois, l’impact du Groupe de la Banque africaine de développement est tangible dans toute l’Afrique. En Tanzanie, nous soutenons le projet de chemin de fer à écartement standard de 3,2 milliards de dollars reliant la Tanzanie à la République démocratique du Congo et au Burundi. Nous avons soutenu le corridor de transport qui relie Addis-Abeba à Nairobi et Mombasa, ce qui a réduit le temps de trajet de trois jours à un jour et augmenté les échanges commerciaux entre les deux pays de 400 %. Le Projet de connectivité du dernier kilomètre de la Banque au Kenya a contribué à augmenter le nombre de Kényans raccordés au réseau électrique national, passant de 2,42 millions de foyersen 2014 à 9,7 millions de foyers en 2024. Cela a permis au pays d’augmenter l’accès à l’électricité de 36 % à 76 % au cours de la même période. En outre, le projet éolien du lac Turkana au Kenya est la plus grande centrale éolienne opérationnelle d’Afrique. Comme l’a déclaré le président Ruto, lorsqu’il m’a remis la plus haute distinction nationale du Kenya, le titre de chef de l’ordre du Cœur d’or, une formidable reconnaissance du travail de la Banque africaine de développement : « Je suis fier du chemin que nous avons parcouru ensemble en dix ans ; j’en vois les fruits. Les Kényans en ressentent les bienfaits. » Aujourd’hui, le pont de Kazungula reliant la Zambie au Malawi et à la Namibie développe le commerce régional en Afrique australe. Depuis 1974, le rêve commun des Sénégalais et des Gambiens était de disposer d’un pont reliant leurs deux pays. Ce rêve a été réalisé grâce à la Banque africaine de développement et au Fonds africain de développement. L’impressionnant pont Sénégambie et la route de 24 kilomètres qui y mène ont permis de réduire le temps de trajet de deux jours à moins de dix minutes. Le Port autonome de Lomé au Togo a été agrandi et transformé en un port de transit majeur. Aux Comores, nous avons soutenu la construction de routes reliant les îles. En Égypte, la Banque a soutenu la station d’épuration de Gabal El Asfar, qui sert 12 millions d’habitants. Il s’agit aujourd’hui de la plus grande station d’épuration d’Afrique et elle devrait servir 17,5 millions de personnes d’ici à 2040. La Banque a soutenu le complexe solaire Noor Ouarzazate au Maroc, qui était la plus grande centrale solaire à concentration au monde lors de son achèvement. Nous avons lancé le corridor autoroutier Lagos-Abidjan pour lequel la Banque africaine de développement soutient les études de faisabilité, et nous avons mobilisé 15 milliards de dollars d’intérêts d’investissement. Au Nigéria, nous mettons en œuvre le développement de Zones spéciales de transformation agro-industrielle dans huit États et dans le Territoire de la capitale fédérale, et nous avons mobilisé 2,9 milliards de dollars pour soutenir la création de ces zones dans 28 autres États du Nigéria. Nous avons soutenu les pays soumis à des sanctions dans l’apurement de leurs arriérés de dette envers la Banque, notamment la Somalie et le Soudan. Aujourd’hui, grâce au soutien du Fonds africain de développement, la Somalie affiche des signes de reprise et une plus grande résilience. Grâce au Fonds africain de développement et au programme appelé « Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine » (TAAT) de la Banque, le Soudan (malgré un conflit) réalise des progrès remarquables vers l’autosuffisance en blé. Grâce à notre soutien, il a atteint 50 % d’autosuffisance en blé en 2023 et 85 % en 2024. Nous soutenons également le Zimbabwe dans l’apurement de ses arriérés envers la Banque et ses autres créanciers. En tant que défenseurs du processus de règlement des arriérés de dette, en collaboration avec l’ancien président Chissano, nous avons aidé le Zimbabwe à réaliser des progrès significatifs. Je me réjouis que le programme de référence du FMI s’achève ce mois-ci. Les dix dernières années ont été marquées par des crises multiples et simultanées sans précédent, de la pandémie de Covid-19 aux tensions géopolitiques liées à la guerre de la Russie en Ukraine, qui ont, à leur tour, déclenché une crise alimentaire mondiale. Parallèlement, la crise mondiale de la dette et les effets dévastateurs du changement climatique ont engendré des difficultés et des défis incalculables. Au milieu de ces crises multiples, le Groupe de la Banque africaine de développement a résisté et a soutenu l’Afrique de manière innovante tout au long de chacune d’entre elles. L’Afrique a survécu. L’Afrique a fait preuve de résilience. L’Afrique a surmonté toutes ces crises. Et l’Afrique est toujours debout et fière de l’être. Nous avons défendu l’Afrique au moment où elle en avait le plus besoin : pendant la crise de Covid-19. L’Afrique, le continent qui dispose de la marge de manœuvre la plus réduite, s’est retrouvée pratiquement livrée à elle-même au milieu de la crise mondiale la plus difficile qu’elle ait connue depuis des décennies : pas de vaccins, pas de médicaments, pas de ventilateurs (pour l’oxygène), pas de masques, pas de gants. Alors que les pays développés recevaient leurs deuxième et troisième doses de vaccin contre le virus, l’Afrique se démenait pour obtenir ne serait-ce qu’une seule dose pour sa population. La Banque africaine de développement a pris des mesures audacieuses et lancé une obligation sociale de trois milliards de dollars, la plus importante jamais émise au monde à l’époque, afin de soutenir l’Afrique. Nous avons mis en place une Facilité de réponse rapide à la crise pouvant atteindre dix milliards de dollars afin d’apporter un soutien anticyclique aux pays. Travaillant loin de chez eux, les employés de la Banque ont fait preuve d’un professionnalisme exemplaire, et nous avons accompli davantage pour l’Afrique. Aujourd’hui, le Groupe de la Banque africaine de développement met en œuvre un programme de trois milliards de dollars pour des infrastructures de santé de qualité et un programme de troismilliards de dollars pour le développement des capacités locales de fabrication de produits pharmaceutiques en Afrique. Nous avons créé une nouvelle institution, la Fondation africaine pour la technologie pharmaceutique, afin de permettre à l’Afrique d’accéder aux droits de propriété intellectuelle et aux technologies et procédés protégés pour la fabrication de médicaments et de vaccins. Nous avons fortement soutenu l’agriculture africaine et, ce faisant, renforcé la capacité de l’Afrique à se nourrir. En dix ans, notre action a permis à 104 millions d’Africains de parvenir à la sécurité alimentaire et à 13 millions d’agriculteurs d’accéder à des technologies agricoles améliorées. Je vois l’impact de notre travail dans le soutien que nous avons apporté à l’Afrique pour l’aider à éviter une crise alimentaire imminente lorsque la guerre de la Russie en Ukraine a éclaté. Les gros titres des journaux annonçaient une crise alimentaire en Afrique, car le continent allait perdre 30 millions de tonnes de denrées alimentaires (blé, maïs et oléagineux) importées de Russie et d’Ukraine. La Banque africaine de développement est passée à l’action en mettant en place une Facilité de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars. Notre plan « Nourrir l’Afrique » a fonctionné ! En seulement deux ans, notre soutien a permis à 14 millions d’agriculteurs répartis dans 30 pays d’accéder à des semences et des engrais améliorés. Ils ont produit 44 millions de tonnes de denrées alimentaires (soit 116 % de plus que l’objectif fixé), pour une valeur de 17,3 milliards de dollars. Grâce au soutien de la Banque, l’Éthiopie a augmenté la superficie de ses terres agricoles produisant des variétés de blé résistantes à la chaleur, passant de 5 000 hectares, lorsque nous avons commencé en 2018, à plus de 650 000 hectares en 2023, permettant ainsi au pays de devenir autosuffisant en blé en quatre ans. Le Sommet historique « Nourrir l’Afrique », qui s’est tenu à Dakar, a réuni plus de 30 chefs d’État et de gouvernement, qui ont signé les Pactes nationaux pour la fourniture de denrées alimentaires et de produits agricoles afin d’accélérer la production et la souveraineté alimentaires dans leurs pays, lesquels ont été approuvés à l’unanimité par l’Union africaine. Nous avons mobilisé 72 milliards de dollars à l’échelle mondiale pour la sécurité alimentaire en Afrique. L’inspiration du Sommet « Nourrir l’Afrique » a conduit à notre prochaine action audacieuse pour parvenir à un accès universel à l’électricité en Afrique. Afin d’accélérer l’accès à l’électricité, la Banque africaine de développement et la Banque mondiale ont lancé conjointement la « Mission 300 » à Dar es Salam pour raccorder 300 millions de personnes à l’électricité en Afrique d’ici à 2030. Lors du Sommet africain de l’énergie en janvier dernier, nous avons organisé, accueilli et coprésidé, avec Son Excellence la présidente Samia Suluhu Hassan, un rassemblement historique de plus de 48 pays africains, au cours duquel les dirigeants ont approuvé à l’unanimité la Déclaration de Dar es Salam sur l’accès à l’énergie, avec le plein soutien de l’Union africaine. Cette déclaration marque un engagement continental sans précédent pour accélérer l’accès à l’énergie grâce à des actions nationales coordonnées, des interconnexions régionales et un renforcement des investissements dans les énergies renouvelables et l’expansion du réseau. Au total, nous avons mobilisé 55 milliards de dollars pour soutenir ces pactes énergétiques nationaux. Nous avons également progressé dans l’accès universel à la cuisson propre pour les femmes africaines, avec le succès du Sommet sur la cuisson propre en Afrique, qui s’est tenu à Paris, coprésidé par la présidente Samia Suluhu Hassan, et qui a mobilisé quatre milliards de dollars. La Banque africaine de développement a lancé l’Alliance pour l’infrastructure verte en Afrique (AGIA), soutenue par le G7, afin de mobiliser dix milliards de dollars pour des infrastructures résilientes au changement climatique en Afrique. Nous avons apporté un soutien ferme aux jeunes et aux femmes. Le programme « Affirmative Finance Action for Women in Africa » (AFAWA) de la Banque a approuvé 2,5 milliards de dollars de financements pour soutenir plus de 24 000 entreprises dirigées par des femmes en Afrique, élargissant ainsi l’accès au financement des entreprises détenues par des femmes par l’intermédiaire de 185 institutions financières dans 44 pays. Afin de soutenir les jeunes et de les aider à libérer leur potentiel, la Banque africaine de développement a lancé les banques d’investissement pour l’entrepreneuriat des jeunes, qui élargiront l’accès au financement afin de créer une richesse fondée sur la jeunesse en Afrique. Nous avons renforcé la voix et la participation de la société civile aux projets de la Banque et institué un forum annuel de la société civile afin d’interagir et dialoguer de manière plus transparente. Aujourd’hui, plutôt que d’être des adversaires, nous sommes des partenaires. Nous avons considérablement renforcé l’architecture financière en Afrique. Grâce à nos donateurs du Fonds africain de développement, nous avons levé 8,9 milliards de dollars pour le FAD–16, la plus importante reconstitution des ressources jamais réalisée dans l’histoire du Fonds depuis 1973. Nous avons innové et développé un nouveau cadre financier qui permettra au Fonds de mobiliser 27 milliards de dollars sur les marchés financiers mondiaux. Les actionnaires de la Banque ont fait preuve d’un soutien et d’une confiance extraordinaires à l’égard de notre direction et de notre gestion de la Banque. Lorsque j’ai été élu président de la Banque pour la première fois en 2015, le capital de la Banque s’élevait à 93 milliards de dollars. Entre 2015 et 2025, nous avons accru ce capital à 318 milliards de dollars. Nous avons mis à profit cette augmentation de capital de manière remarquable en apportant un soutien financier sans précédent à tous les pays africains. Permettez-moi de vous fournir quelques détails précis. Depuis sa création en 1964 jusqu’en 2014, la Banque africaine de développement a approuvé un montant total de 118 milliards de dollars de financements. Et rien qu’au cours des dix dernières années, sous ma présidence, le montant total de nos approbations s’est élevé à 102 milliards de dollars, soit 46 % du montant total des approbations de l’histoire du Groupe de la Banque africaine de développement. Nous avons également accru nos décaissements. Le total des décaissements du Groupe de la Banque au cours des dix dernières années seulement, soit 59 milliards de dollars, représente près de la moitié de tous les décaissements de l’histoire du Groupe de la Banque africaine. Ce ne sont pas que des chiffres. Grâce à votre soutien collectif, le Groupe de la Banque africaine de développement fait preuve d’un dynamisme, d’une portée et d’un impact transformateurs sans précédent. Nous avons apporté un soutien financier important aux institutions financières africaines, des banques commerciales aux institutions financières de développement régional, en passant par les institutions multilatérales de financement du développement, renforçant ainsi leurs bases de capital. Sous ma présidence, nous avons créé et développé Africa50 pour en faire ce qu’elle est aujourd’hui, une plateforme d’investissement privé de premier rang dans le domaine des infrastructures, avec un portefeuille d’entreprises d’une valeur de plus de sept milliards de dollars. Nous avons collaboré étroitement avec l’Union africaine et l’avons fortement soutenue. Cela comprend l’octroi de 11,5 millions de dollars de soutien institutionnel, de plus de 17 millions de dollars à la Zone de libre-échange continentale africaine et de plus de 27 millions de dollars au Centre africain de contrôle et de prévention des maladies. L’Africa Investment Forum, lancé par la Banque et ses partenaires en 2018, a mobilisé 225 milliards de dollars d’intérêts d’investissement en Afrique à travers plusieurs projets. La Banque africaine de développement a fortement soutenu plusieurs pays africains dans leur lutte contre les effets du changement climatique. Le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP), qui comprend des engagements de financement de 25 milliards de dollars de la Banque, en partenariat avec le Centre mondial pour l’adaptation, est aujourd’hui le plus grand programme d’adaptation climatique dans le monde. Au cours des dix dernières années, le Groupe de la Banque africaine de développement est devenu un leader mondial des innovations financières, ce qui nous a permis d’optimiser nos bilans et d’obtenir un impact exceptionnel. La Banque a été pionnière au niveau mondial avec le recours à la titrisation synthétique en 2015, devenant ainsi la première banque multilatérale de développement au monde à le faire. La Banque africaine de développement a également lancé une émission de capital hybride de 750 millions de dollars sur le marché mondial des capitaux en 2024, devenant ainsi la première institution financière multilatérale au monde à le faire, ouvrant une nouvelle classe d’actifs pour les investisseurs du monde entier. La Banque africaine de développement a été le fer de lance (avec la Banque interaméricaine de développement) du cadre permettant le réacheminement des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI vers les banques multilatérales de développement, que nous pouvons multiplier par 4, et jusqu’à 8, afin de fournir à grande échelle les financements concessionnels dont nous avons tant besoin. L’image, le respect et la confiance mondiale dans la Banque ont grimpé en flèche, grâce à notre participation active et inédite aux Sommets du G7 et G20. Avec votre soutien, en tant que président, et avec les collègues, nous avons fait entendre la voix et les besoins de l’Afrique au plus haut sur la scène mondiale. Alors que mon mandat de président de la Banque touche à sa fin, je suis extrêmement fier du travail accompli et de l’impact considérable que la Banque a eu sur la vie quotidienne de millions d’Africains. Ce travail de collaboration est une grande fierté pour nous tous. Nous avons maintenu les excellentes notes de crédit « AAA » de la Banque pendant dix années consécutives auprès des trois agences de notation de crédit, Fitch, Moody’s et Standard and Poor’s, même pendant les périodes de turbulences de la pandémie de Covid–19 et malgré les multiples défis auxquels sont confrontés plusieurs pays actionnaires. L’examen indépendant des systèmes de gouvernance de la Banque africaine de développement, mené par nos gouverneurs en 2020, s’est achevé il y a deux mois. Cet examen a montré que la Banque africaine de développement est très bien gouvernée, respecte l’indépendance de ses organes de surveillance et se situe au même niveau que tous ses pairs à l’échelle mondiale. Considérant tout ce qui s’est passé en 2020, les faits nous ont donné raison et j’en suis extrêmement heureux. Je suis exceptionnellement fier du Groupe de la Banque africaine de développement que je dirige. Nous avons créé une nouvelle institution, le Mécanisme africain de stabilité financière, approuvé à l’unanimité par l’Union africaine, pour aider l’Afrique à refinancer sa dette sur les marchés de capitaux mondiaux, réduire les effets de contagion des chocs économiques et constituer le premier filet de sécurité financière de l’Afrique. La Banque africaine de développement est aujourd’hui reconnue et respectée dans le monde entier. La Banque africaine de développement a été classée meilleure institution financière multilatérale au monde par Global Finance. La Banque africaine de développement a été classée (consécutivement au cours des deux dernières années) comme l’institution financière la plus transparente au monde par Publish WhatYou Fund, avec un score de 98,8 % l’an dernier sur l’indice de transparence, le plus élevé jamais enregistré dans l’histoire de cet indice mondial. Et en 2024, la Banque a atteint son revenu le plus élevé jamais enregistré en 60 ans d’histoire. Le Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque, a été classé deuxième au monde et devance les 55 organisations de financement bilatérales de tous les pays développés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Alors que j’arrive au terme de mes deux mandats de cinq ans en tant que président de la Banque africaine de développement, je suis fier de l’héritage que nous laissons derrière nous à mon successeur, à la Banque et à l’Afrique. Nous avons bâti une institution financière de classe mondiale qui continuera à faire progresser la position de l’Afrique dans un environnement géopolitique et de développement mondial en rapide évolution. Je n’ai pas travaillé ni obtenu ces résultats tout seul. J’ai travaillé avec un groupe de personnes exemplaires, à différents moments au cours des dix dernières années. Je suis reconnaissant du soutien exemplaire des Conseils d’administration au cours des dix dernières années, de votre supervision rigoureuse, de notre travail et de nos opérations. Je suis très reconnaissant envers notre Conseil des gouverneurs qui a apporté un soutien incroyable et exceptionnel à la Banque dans son rôle de représentation des actionnaires. Vous avez été là pour nous et avec nous dans les bons comme dans les mauvais moments. Vous n’avez jamais douté de nous. Je suis redevable de votre soutien. À notre pays hôte, un grand merci pour votre incroyable hospitalité. Un merci tout particulier et une gratitude toute particulière au président Alassane Ouattara, mon cher grand frère, qui m’a soutenu sans faille tout au long de mes dix années à la tête de la Banque. Vous m’avez soutenu avec force dans les moments difficiles en 2020. Je serai toujours reconnaissant au gouvernement et au peuple ivoiriens. Je suis ravi que le Conseil d’administration de la Banque, sous mon mandat de président, ait approuvé ma vision de construire un nouveau siège de classe mondiale pour la Banque africaine de développement ici même à Abidjan. J’ai hâte de revenir le voir s’élever dans le ciel. Ce sera un signal fort qui montrera que la Banque africaine de développement n’est pas de passage à Abidjan. Elle y est et y restera ! Nul n’est parfait ni infaillible. J’ai donné le meilleur de moi-même, et j’ai moi-même commis des erreurs, toujours sur la base de bonnes intentions. Si, dans mon engagement passionné et acharné pour accélérer le programme pour l’Afrique, j’en ai offensé certains en paroles ou en actes, par action ou par omission, sachez que ce n’était jamais fait à titre personnel. À ceux qui l’auraient ressenti ainsi, je vous demande pardon. Pour conclure, je voudrais exprimer ma plus profonde gratitude à mon personnel pour son dévouement, son travail acharné, sa diligence, son engagement et sa fiabilité. Des nuits blanches en mission aux événements internationaux, en passant par les visites de projets et de pays, vous avez supporté d’innombrables fois le fait de travailler avec moi, souvent toute la nuit, et parfois jusqu’au petit matin. Vous avez fait preuve d’une résilience remarquable. Je m’excuse de vous avoir privé de sommeil ! Vous, mes collaborateurs, êtes ceux qui me manqueront le plus. Vous êtes tout simplement extraordinaires. Vous avez travaillé d’arrache-pied et avez accompli de grandes choses pour l’Afrique. Merci pour votre soutien désintéressé et loyal. Nous avons parcouru un long chemin et nous avons fait tout notre possible pour l’Afrique. Je vous adresse à tous un grand « High 5 » ! Gardez la foi. Et à ma chère épouse, Grace, je te suis profondément reconnaissant d’avoir été mon roc. Tu as prié pour moi. Tu m’as encouragé. Tu m’as inspiré. Tu t’es sacrifiée pour moi. Tu es restée à mes côtés, inébranlable, à tout moment. Nous avons traversé ensemble de violentes tempêtes, mais Dieu était avec nous. Tu m’as toujours rappelé que le Dieu qui était avec moi au sommet de la montagne est aussi celui qui m’accompagne dans la vallée. Ensemble, nous avons franchi les sommets, traversé les vallées et les eaux, et nous ne nous sommes pas noyés. Ensemble, nous avons donné le meilleur de nous-mêmes à la Banque africaine de développement et à l’Afrique. Merci beaucoup, mon amour ! J’ai donné sincèrement mon cœur, mon esprit et tout mon être à l’Afrique. J’ai lutté pour ce que je croyais être dans l’intérêt supérieur de l’Afrique, chaque jour et à chaque étape de mes dix années de présidence. Je continuerai à servir l’Afrique aujourd’hui et à l’avenir, par la grâce de Dieu. Je suis profondément convaincu qu’il n’a pas commis d’erreur en me créant Africain. En prêtant serment pour un second mandat le 1er septembre 2020, j’ai prononcé une simple prière : « Seigneur, alors que j’entame mon second mandat à la présidence de la Banque africaine de développement, je m’incline devant toi. Je te demande de m’accorder la sagesse et de faire rayonner et prospérer l’Afrique. Fais briller l’Afrique. » Car sans Dieu, je ne suis rien ; tout ce que nous avons réalisé, je le dois à la grâce et à la miséricorde infinies de Dieu. Que toute la gloire et l’honneur reviennent donc à Dieu Tout-Puissant qui m’a soutenu et a béni les travaux de la Banque africaine de développement au cours des dix dernières années. Que Dieu bénisse la Banque africaine de développement, le Fonds africain de développement et le Fonds spécial du Nigéria qui, ensemble, constituent le Groupe de la Banque africaine de développement. Que Dieu bénisse le Conseil d’administration, passé et présent. Que Dieu bénisse le Conseil des gouverneurs, passé et présent. Que Dieu bénisse le personnel extraordinaire de la Banque, passé et présent, mes équipes de haute direction innovantes et travailleuses, et bien sûr, les membres incroyables du Conseil du personnel, passé et présent. Que Dieu réconforte les familles de certains de mes collaborateurs qui nous ont quittés au cours des dix dernières années. Je garderai précieusement le souvenir de votre service au sein de la Banque. Comme j’aurais aimé que vous soyez ici aujourd’hui. Que Dieu accorde ses bénédictions à chacun des 81 pays actionnaires de la Banque afin qu’ils continuent à soutenir l’Afrique. À mon pays bien-aimé, le Nigéria, et aux présidents qui m’ont proposé et soutenu à deux reprises pour mon élection à la présidence, je dois ma plus profonde reconnaissance et ma plus profonde gratitude. Au président Goodluck Jonathan qui a proposé ma candidature pour mon premier mandat ; et au président Muhammadu Buhari qui a poursuivi sur cette voie, a soutenu mon élection, m’a stoïquement apporté son soutien pendant les périodes difficiles et a soutenu ma réélection pour mon second mandat, je vous remercie très sincèrement. Mon immense reconnaissance et ma gratitude vont également aux anciens présidents et chefs d’État du Nigéria, le président Obasanjo, le général Abdusalam Abubakar, le général Yakubu Gowon, le général Ibrahim Babangida et les anciens vice-présidents AtikuAbubakar, Namadi Sambo, le professeur Yemi Osinbajo et l’ancien gouverneur IbikunleAmosun de l’État d’Ogun, qui ont tous joué un rôle majeur en me soutenant ; et bien sûr, ma chère sœur, Ngozi Okonjo Iweala, qui, en tant que ministre des Finances du Nigéria, a été mon infatigable militante en chef en 2015. Au président Bola Ahmed Tinubu et au vice-président Kashim Shettima pour leur soutien au cours des deux dernières années. Je vous remercie d’avoir généreusement approuvé la reconstitution des ressources du Fonds spécial du Nigéria pour une nouvelle période de 15 ans, à hauteur de 500 millions de dollars. Que Dieu vous bénisse tous, Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement d’Afrique, pour votre incroyable gentillesse et votre soutien envers moi et mes collègues au cours de la dernière décennie. Et que Dieu bénisse l’Union africaine et les Communautés économiques régionales, le secteur privé, la société civile, les jeunes et les femmes d’Afrique, les institutions multilatérales et bilatérales, les institutions partenaires et les organisations médiatiques qui nous ont soutenus tout au long du chemin. Ensemble, nous nous sommes collectivement donné la main autour du baobab, arbre des défis et des opportunités de l’Afrique. Merci à tous de croire en l’Afrique ! Que l’Afrique prospère et brille toujours ! Et que notre lumière ne s’éteigne jamais ! Que Dieu vous bénisse tous.
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