APRNEWS: Côte d’Ivoire – La construction massive d’écoles peine à résorber la pénurie d’enseignants en filières scientifiques

APRNEWS: Côte d’Ivoire – La construction massive d’écoles peine à résorber la pénurie d’enseignants en filières scientifiques

En Côte d’Ivoire, le nombre de collèges et lycées publics a triplé entre 2011 et 2024, passant de 294 à 902 établissements. Cette expansion spectaculaire de l’offre scolaire résulte d’une politique volontariste de construction mise en œuvre pour faire face à la forte demande d’éducation, notamment avec la création de 608 nouveaux collèges et lycées durant cette période, dont 296 collèges de proximité en zones rurales.​

Parallèlement, le gouvernement a lancé la construction de deux nouvelles Écoles normales supérieures (ENS) à San Pedro et Bouaké, pour former un grand nombre d’enseignants. Mais ces efforts d’infrastructure ne suffisent pas à combler la pénurie criante d’enseignants qualifiés, en particulier dans les disciplines scientifiques telles que les mathématiques et la physique.​

Les concours organisés pour recruter des enseignants en sciences illustrent cette réalité préoccupante : sur 50 postes ouverts en mathématiques à l’ENS, seuls 19 candidats se sont présentés et 17 ont effectivement composé. En 2024, 34 postes dans les universités du pays affichaient un taux d’inscription extrêmement bas, avec seulement 4 candidats en mathématiques et 7 en physique sur 37 postes[texte: données issues des observations récentes].

Cette pénurie n’est pas liée au nombre d’infrastructures de formation, mais bien à un manque d’attractivité du métier d’enseignant en sciences. De nombreux diplômés formés à l’étranger fuient le pays, comme l’illustre le fait qu’entre 2015 et 2024, sur 54 polytechniciens ivoiriens formés hors du pays, un seul est revenu exercer localement.

Les causes avancées incluent des conditions de travail difficiles, des salaires peu compétitifs et une reconnaissance professionnelle insuffisante. Sans une réforme globale destinée à valoriser la profession enseignante et améliorer son attractivité, la Côte d’Ivoire continuera de faire face à une pénurie chronique d’enseignants dans les filières cruciales.

Le député Assalé Tiémoko Antoine, engagé dans la défense de l’éducation, rappelle que « la construction d’établissements ne résout pas le problème si le métier d’enseignant n’est pas rendu attrayant. L’éducation n’est pas une dépense, c’est un investissement ». Cette déclaration souligne l’importance d’une approche intégrée, alliant infrastructures, formation et conditions de travail pour répondre au défi éducatif national.

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