
APRNEWS: Côte d’Ivoire – 60% des enfants arrivent en 6e sans maîtriser correctement le français, alerte l’UNICEF
Selon le rapport 2023 de l’UNICEF sur l’éducation en Côte d’Ivoire, environ 60% des enfants scolarisés qui accèdent à la classe de 6e ne savent ni lire ni parler correctement le français, langue officielle d’enseignement.
Ce constat révèle un défi majeur pour le système éducatif ivoirien, qui cherche à concilier diversité linguistique et qualité pédagogique.
La Côte d’Ivoire, pays plurilingue avec plus de 60 langues nationales, se heurte à une fracture linguistique importante qui freine l’apprentissage. Le français, langue d’instruction, est souvent peu maîtrisé avant l’entrée au collège, ce qui handicape sérieusement la réussite scolaire des élèves. Cette situation entraîne un taux élevé d’échec et de décrochage.
Les rapports de l’UNICEF soulignent également d’autres défis liés aux infrastructures scolaires : environ 1,6 million d’enfants sont privés d’école faute de places suffisantes, avec des classes souvent surchargées allant jusqu’à 60 ou 70 élèves par classe, notamment dans les zones urbaines.
D’un point de vue global, le taux d’achèvement du premier cycle du secondaire reste faible, avec environ 55,5% pour les filles et 60,2% pour les garçons, en partie à cause de cette difficulté linguistique et aussi des facteurs socio-économiques tels que les mariages précoces et la pauvreté.
L’UNICEF, en partenariat avec le gouvernement et d’autres acteurs, œuvre à renforcer les capacités éducatives par la formation des enseignants, la création d’infrastructures, l’introduction de l’enseignement multilingue et des programmes d’appui aux élèves en difficulté.
Ces efforts visent à améliorer la maîtrise du français dès le primaire et à garantir une scolarité efficace, facteur clé de développement humain et social. Le rapport montre que la réussite scolaire est un levier fondamental pour la croissance économique, la réduction de la pauvreté et l’égalité des chances dans la société ivoirienne.
Vérification et sources
Le chiffre de 60% des enfants arrivant en 6ᵉ sans maîtriser le français est confirmé par plusieurs sources officielles et rapports internationaux, mais avec des formulations et des contextes légèrement différents.
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Rapport de la Banque Mondiale (2021) : Une étude de la Banque Mondiale intitulée « Côte d’Ivoire : Pour une politique éducative plus inclusive à l’ère du COVID-19 » a établi que seulement 38 % des élèves en début de 6ᵉ possédaient un niveau de français « satisfaisant ». Cela signifie inversement que 62% n’avaient pas ce niveau satisfaisant, ce qui est très proche du chiffre de 60% que vous citez.
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Source : Banque Mondiale, 2021
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Enquête MICS 2016 (UNICEF)
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L’Enquête par Grappes à Indicateurs Multiples (MICS), réalisée par l’INS de Côte d’Ivoire avec l’appui de l’UNICEF, a fourni des données fondamentales sur ce sujet. Elle a révélé que seulement 30 % des enfants en âge de fréquenter les dernières années du primaire avaient acquis les compétences suffisantes en lecture. Bien que cette mesure soit plus large que la seule maîtrise du français, elle pointe vers le même problème structurel.
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Source : Rapport MICS 2016, Côte d’Ivoire
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Programme d’Analyse des Systèmes Éducatifs de la CONFEMEN (PASEC) 2019
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Cette évaluation internationale comparative est une référence. Le PASEC 2019 pour la Côte d’Ivoire a montré qu’en début de scolarité (2ᵉ année), seuls 12,8% des élèves avaient un niveau suffisant en lecture. En fin de scolarité primaire (6ᵉ année), ce pourcentage n’était que de 23,9%. Cela confirme la difficulté massive des élèves à acquérir les compétences linguistiques de base tout au long du cycle primaire.
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Source : Rapport PASEC 2019 – Côte d’Ivoire
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Contexte et Facteurs Explicatifs (Confirmés par les sources)
Les rapports cités ci-dessus corroborent également les autres défis mentionnés dans votre texte :
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Le choc linguistique : Le français, langue d’enseignement, est une langue seconde pour la majorité des enfants. Le PASEC et la Banque Mondiale soulignent que l’enseignement dans une langue non maîtrisée à la maison est un frein majeur à l’apprentissage.
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La surcharge des classes : La Banque Mondiale note que la taille moyenne des classes dans le public était de 49 élèves au primaire en 2019, avec des pics bien au-delà de 60 dans les zones densément peuplées.
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Les faibles taux d’achèvement : Les données de la Banque Mondiale et de l’UNICEF confirment les difficultés de rétention des élèves, avec des taux d’achèvement du primaire et du secondaire inférieurs aux objectifs, en particulier pour les filles.
Conclusion de la vérification
Le constat est confirmé. La statistique selon laquelle une majorité d’élèves entrent au collège sans maîtriser correctement le français est fondée et étayée par des données multiples (Banque Mondiale, PASEC, MICS). Elle est le symptôme d’une crise profonde de l’apprentissage des fondamentaux dans le système éducatif ivoirien, aggravée par la fracture linguistique, la surcharge des classes et les défis socio-économiques.
Les efforts du gouvernement et de ses partenaires, comme l’UNICEF, se concentrent effectivement sur des solutions telles que :
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L’éducation bilingue (utiliser la langue maternelle de l’enfant comme pont vers le français).
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Le renforcement de la formation des enseignants.
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La construction de salles de classe pour réduire les effectifs.
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Des programmes de remédiation scolaire ciblés.
