APRNEWS : Commerce Sud-Sud de produits halieutiques – les 5 pays africains au potentiel le plus élevé

APRNEWS : Commerce Sud-Sud de produits halieutiques – les 5 pays africains au potentiel le plus élevé

Malgré les défis auxquels ils font face, plusieurs pays africains renforcent leur compétitivité sur les marchés mondiaux de la pêche avec des atouts commerciaux de poids pour l’exportation de produits aquatiques très demandés.

De quoi renforcer leur potentiel d’exportation vers les marchés régionaux et mondiaux.

Selon les données du récente du rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), intitulé «South-South trade in the marine fisheries and aquaculture sectors», cinq pays africains se démarquent par leurs hauts indices d’avantage comparatif révélé (RCA) pour différents produits de la mer.

Il s’agit du Mozambique, de la Tanzanie, de l’Égypte, du Maroc et du Nigéria.

Entendez par Indice RCA, l’indicateur économique permettant d’identifier les forces d’exportation relatives d’un pays pour un produit donné, ce qui peut guider les décisions d’investissement et de commerce. Un RCA élevé pour un produit signifie que le pays en question dispose d’un avantage concurrentiel pour son exportation par rapport aux autres pays.

Cet indice est d’autant plus intéressant quand on sait que le rapport de la CNUCED examine l’importance croissante du commerce Sud-Sud dans le secteur des produits halieutiques.

Et le document relève que les pays en développement représentent une part grandissantedes exportations mondiales de poissons, avec une hausse significative des échanges entre eux.

L’Asie domine ce commerce régional, en particulier la Chine en tant qu’exportatrice et importatrice majeure. Cependant, d’autres régions comme l’Afrique connaissent aussi une hausse des échanges intrarégionaux.

Les avantages de ce commerce Sud-Sud incluent une meilleure accessibilité aux marchés et produits pour les pays en développement, stimulant la production locale. Mais des défis persistent comme le manque d’infrastructures, les barrières non tarifaires et la surexploitation des ressources.

Le rapport recommande de renforcer la coopération régionale, la gestion durable des pêches et l’accès des petits producteurs à ces marchés émergents.

Mozambique: langoustes et crustacés

Par ordre décroissant, le rapport relève que le Mozambique affiche le RCA le plus élevé du continent avec 612 pour les langoustes et autres crustacés de mer. Avec un RCA relativement élevé, le Mozambique semble bénéficier d’atouts majeurs pour la production et l’exportation de ces produits haut de gamme.

Sa longue côte et ses eaux riches sont propices à la pêche des langoustes. Le secteur reste très compétitif au niveau mondial. Cette filière est principalement tournée vers l’export et le pays mise sur une gestion durable avec des plans d’aménagement par pêcherie.

Tanzanie: de rentables déchets de poisson

La Tanzanie possède un avantage comparatif de 229 pour les déchets de poisson comme les têtes et queues. Une ressource souvent peu valorisée mais qui représente un potentiel de diversification à l’export pour ce pays côtier. Bien que moins valorisé, ce produit génère des revenus substantiels pour le pays d’Afrique de l’Est. La pêche locale fournit de gros volumes de déchets exploitables. Cela suggère une filière intégrée valorisant l’ensemble des captures.

Égypte: légine fraîche et réfrigérée

L’Égypte se distingue avec un RCA de 163 pour la légine fraîche ou réfrigérée, un poisson de haute valeur commerciale, également connue sous le nom de légine australienne. Le pays d’Afrique du Nord dispose de conditions favorables (accès à la mer, climat,…) pour pêcher et exporter rapidement ce produit frais très demandé.

Son RCA élevé indique une grande compétitivité sur ce créneau.

Maroc: les sardines en conserve, une niche historique

Le Maroc quant à lui domine le marché des sardines transformées avec un RCA de 118.

Spécialité traditionnelle, les conserves de sardines constituent un atout majeur pour les exportations marocaines. Un savoir-faire historique et des infrastructures dédiées expliquent ce très fort avantage comparatif.

Nigéria: l’avantage des crustacés divers

Enfin, le Nigeria affiche un avantage de 103 pour les crustacés, mettant en avant le potentiel de la pêche artisanale dans le golfe de Guinée, secteur socialement crucial mais menacé par la surexploitation. Le Nigeria s’est spécialisé dans l’exportation de certaines catégories de crustacés, profitant de ressources naturelles et capacités de production adaptées.

Surpêche, pollution, secteur informel…

Au-delà des statistiques, ces pays font face à des défis majeurs: surpêche, pollution marine, impacts du changement climatique et un important secteur informel difficile à réguler. Le développement d’une aquaculture durable pourrait être une piste à explorer.

A cela s’ajoute le fait que la diversification des marchés d’exportation, la montée en gamme et la valorisation locale des produits océaniques sont des leviers essentiels.

Des dispositifs de coopération Sud-Sud comme le GSTP, acronyme de l’Accord global sur le système commercial préférentiel entre pays en développement (Global System of Trade Preferences Among Developing Countries en anglais), peuvent y contribuer en facilitant les transferts de technologies et les échanges de bonnes pratiques.

Sur le plan commercial régional, plusieurs accords existent entre les pays africains et d’autres pays en développement.

Le Système global de préférences commerciales (SGPC) permet déjà des tarifs douaniers préférentiels sur les produits de la pêche entre ses participants africains et d’autres économies émergentes. D’autres accords régionaux comme la CEMAC, la SADC ou le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) facilitent également les échanges de produits halieutiques.

Les barrières tarifaires et non tarifaires persistent

Selon la CNUCED, le commerce Sud-Sud offre des opportunités pour promouvoir les exportations de ces pays et développer des chaînes de valeur régionales plus résilientes et inclusives.

Cependant, certaines barrières tarifaires et non tarifaires persistent. Les tarifs NPF (Nation la plus favorisée) restent élevés pour les produits transformés, allant jusqu’à 17,9%. La prévalence des mesures non tarifaires (NTM) réglementaires et techniques dans le secteur constitue également un frein important aux échanges Sud-Sud.

Pour lever ces obstacles et tirer parti des complémentarités entre pays, une coopération technique renforcée est recommandée. Le transfert de technologies dans l’aquaculture durable, la transformation des produits, le contrôle sanitaire et la certification pourrait aider ces économies à valoriser leur production et accéder à de nouveaux marchés régionaux. Des investissements ciblés dans les infrastructures logistiques et la chaîne du froid sont également cruciaux.

En développant ces capacités commerciales, les pays africains pourront mieux répondre à la demande croissante des marchés émergents d’Asie et d’Amérique latine, où la consommation de produits aquatiques par habitant devrait fortement augmenter d’ici 2032, tirée par l’essor d’une classe moyenne urbanisée.

«Pour garantir la qualité et la traçabilité de leurs exportations, le respect des réglementations sanitaires, de sécurité alimentaire et de certification durable émergentes dans les pays importateurs sera indispensable. Des normes harmonisées au niveau régional faciliteraient grandement cette conformité réglementaire», souligne le rapport de la CNUCED.

Aprnews avec afriquele360.ma

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