
APRNEWS: Cheick Aïma Ousmane Diakité ( Président du COSIM) à la Commission Électorale Indépendante CEI
Cheick Aïma Ousmane Diakité, Président du COSIM, remet en question l'indépendance de la Commission Électorale Indépendante (CEI) en raison de la présence de membres de partis politiques, soulignant que cela crée un conflit d'intérêts. Il critique le fait que certains politiciens se considèrent comme propriétaires de la Côte d'Ivoire, menant ainsi à des impasses et crises électorales récurrentes. Cheick Aïma Ousmane Diakité propose un retour à l'organisation des élections par le ministère de l'Intérieur, comme au Sénégal, pour éviter les influences partisanes et assurer un processus électoral plus juste et transparent.
Cheick Aïma Ousmane Diakité ( Président du COSIM) à la Commission Électorale Indépendante CEI
» Je voudrais dire deux choses. La première, c’est en regardant comment nous fonctionnons quelquefois… Comment peut-on dire qu’on va mettre en place une Commission électorale indépendante, tout en imposant que les représentants de partis politiques soient membres de cette commission, alors qu’un parti politique est, par essence et par excellence, partisan ? Comment peut-on faire cela dans un pays ? Je voudrais interpeller la conscience des Ivoiriens. Comment peut-on faire ça ? C’est une question que je pose.
Et la deuxième chose que je voudrais dire, c’est que ceux qui font cela, ce sont les politiciens. Il y en a qui pensent que, parce qu’ils sont politiciens, parce qu’ils ont créé un parti politique, ils se sont donnés un titre foncier sur la Côte d’Ivoire. Mais la Côte d’Ivoire, ce n’est pas pour les politiciens seulement. La Côte d’Ivoire, c’est nous tous. Nous nous sommes empêtrés dans un péché originel : une Commission électorale dite indépendante, composée de représentants de partis politiques qui, par définition, ne peuvent être que partisans. Comment voulez-vous que cela fonctionne normalement ?
Moi, je suis un ancien de la CEI. J’y ai siégé pendant cinq ou six ans, à peu près. Malgré les défauts que j’ai soulignés tout à l’heure – c’est-à-dire ce péché originel –, j’ai vu la CEI fonctionner de l’intérieur. J’ai vu que beaucoup, parmi ceux qui y étaient, ont respecté leur serment. Même en étant représentants de partis politiques, ils ont essayé, au maximum, d’être justes. Moi, j’ai vécu cela. Nous avons organisé trois élections.
Mais ce sont ces contradictions et ces sentiments de certains politiciens, de certains leaders politiques, qui pensent que la Côte d’Ivoire leur appartient, qui nous mènent à l’impasse. Quand ils veulent que ce soit blanc, il faut que ce soit blanc. Quand ils veulent que ce soit rouge, il faut que ce soit rouge. Ce n’est pas juste. Voilà à quoi cela nous mène.
Il faut que l’on discute, que l’on prenne les bonnes décisions. Au Sénégal, à côté, c’est le ministère de l’Intérieur qui organise les élections depuis toujours. Et les Sénégalais ne s’en plaignent pas trop. Ici, c’était aussi le ministère de l’Intérieur. Mais on a dit : il faut que ce soit indépendant. Puis, on s’y est inséré, pour en faire une structure partisane. Ce sont ces contradictions qui nous empêchent de fonctionner normalement. C’est la raison pour laquelle il y a des crises à répétition. Quand les élections approchent, on fait des calculs, et on pense pouvoir imposer un changement immédiat. Je dis non ! »