APRNEWS: Ce que je crois… Et si les Ivoiriens arrêtaient d’élire le président de la République ?

APRNEWS: Ce que je crois… Et si les Ivoiriens arrêtaient d’élire le président de la République ?

La Côte d'Ivoire est confrontée à des élections présidentielles marquées par la violence depuis des décennies, posant un risque sérieux pour la sécurité des citoyens. Geoffroy-Julien Kouao s'interroge sur le caractère problématique de ces élections pour la santé publique, soulignant le nombre de décès liés aux scrutins. Il propose une transition vers un régime parlementaire ou semi-présidentiel pour réduire les violences électorales et les dépenses liées aux élections présidentielles, tout en renforçant la stabilité démocratique du pays. Ce changement permettrait de limiter le pouvoir excessif du président et d'instaurer un système plus équilibré et inclusif pour l'avenir politique de la Côte d'Ivoire.

La Côte d’Ivoire, depuis plus de trente ans, est marquée par un cycle électoral empreint de violence et de chaos. Les élections présidentielles, au lieu d’être un moment de célébration démocratique, se sont transformées en une véritable problématique de santé publique. Avec plus de 3 417 morts enregistrés depuis 1995, les conséquences des scrutins dépassent largement celles causées par la pandémie de Covid-19.

À moins de sept mois des élections prévues pour le 25 octobre 2025, l’angoisse règne parmi la population ivoirienne. Les mêmes acteurs politiques continuent d’évoluer dans un système qui semble figé, où les causes du passé engendrent inévitablement des effets similaires. Peut-on espérer un changement significatif dans un tel contexte ?

Il est peut-être temps d’envisager une transformation radicale du paradigme politique actuel. Le régime présidentiel en vigueur a engendré ce que l’on pourrait qualifier de « monarque républicain », où le président concentre tous les pouvoirs. La Constitution actuelle renforce cette centralisation avec pas moins de 23 articles dédiés à son statut et à ses prérogatives quasi divines.

Une alternative pourrait consister à adopter un régime parlementaire ou semi-présidentiel. Dans ce modèle, une seule élection nationale serait organisée pour élire les députés, qui auraient ensuite la responsabilité de choisir le président de la République. Ce dernier aurait alors un rôle essentiellement arbitral ou honorifique, tandis que le pouvoir exécutif serait exercé par un Premier ministre responsable devant le Parlement.

Cette approche pourrait non seulement réduire les violences électorales mais également alléger le budget national souvent mis à mal par des campagnes électorales coûteuses et chaotiques. En optant pour une élection présidentielle au suffrage universel indirect, nous pourrions ainsi favoriser une gouvernance plus stable et apaisée.

Il est temps d’ouvrir le débat sur notre avenir politique et d’explorer ces pistes susceptibles d’apporter sérénité et cohésion sociale en Côte d’Ivoire.

Geoffroy-Julien Kouao
Politologue et essayiste

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