APRNEWS: Alassane Ouattara se représentera..

APRNEWS: Alassane Ouattara se représentera..

Le 22 juin 2025, s'est tenu le 2ᵉ congrès ordinaire du RHDP au stade olympique Alassane Ouattara d'Ebimpé, suscitant des spéculations sur une possible candidature d'Alassane Ouattara à l'élection présidentielle d'octobre. Le congrès s'est déroulé de manière presque irréprochable sur le plan logistique, attirant plus de 100 000 militants dans une ambiance festive et disciplinée. Le discours d'Ouattara a marqué par sa sobriété et sa stratégie d'attente, maintenant l'opposition dans l'incertitude. Malgré une gouvernance saluée, le RHDP doit améliorer sa valorisation du capital humain et surmonter des défis identitaires et de lutte contre la corruption pour renforcer son image nationale et sa crédibilité. Enfin, l'opposition affaiblie semble être le meilleur allié du RHDP, laissant présager une possible nouvelle candidature d'Ouattara face à une opposition désorganisée.

Congrès du RHDP : ce que j’en pense…
Ce 22 juin 2025, s’est tenu au stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé le 2ᵉ congrès ordinaire du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), dans un contexte politique marqué par les spéculations autour d’une éventuelle candidature du président Alassane Ouattara à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Ce congrès, que d’aucuns considèrent comme une démonstration de force, appelle de ma part les observations suivantes.
1. Une organisation presque irréprochable
Sur le plan logistique et organisationnel, ce congrès a frôlé le sans-faute.
– Les pré-congrès éclatés, tenus dans les différentes régions du pays, ont bien préparé la mobilisation générale.
– La cérémonie de ce 22 juin à Ebimpé a rassemblé, selon les estimations, plus de 100 000 militants dans une ambiance festive et disciplinée. Aucun incident majeur n’a été signalé, ce qui est à saluer au regard de la taille de l’événement.
– Les allocutions ont été brèves, concises, et globalement bien orientées, évitant les longueurs inutiles.
2. Le discours du président Ouattara : sobriété et stratégie
Deux éléments majeurs ressortent du discours d’Alassane Ouattara :
– Il accepte officiellement la présidence du parti,
– Il prend acte de la volonté exprimée par la base militante de le voir briguer un nouveau mandat à la présidentielle du 25 octobre 2025, sans toutefois se prononcer définitivement sur sa candidature.
Cette posture d’attente est, à mon sens, hautement stratégique. En ne révélant pas encore ses intentions, il maintient une pression constante sur l’opposition, qui se retrouve dans l’incertitude. Devra-t-elle affronter un Ouattara candidat, ou préparer une riposte contre un autre profil du RHDP ? Cette incertitude, entre le 26 juillet (date d’ouverture du dépôt des candidatures) et le 26 août 2025 (date limite), fait de lui le maître des horloges politiques.
3. Une gouvernance saluée, mais à perfectionner
Dans son discours d’introduction, Patrick Achi, président du Congrès et ancien Premier ministre, a dressé un bilan globalement positif de la gouvernance du RHDP depuis 2011. Il a mis en avant :
– Les grands chantiers d’infrastructures (routes, ponts, autoroutes, universités, hôpitaux),
– La stabilité macroéconomique avec une croissance soutenue ( 6,5 % en moyenne entre 2012 et 2023),
– L’amélioration de l’accès à l’électricité et à l’eau potable, etc.
Cependant, il a lui-même reconnu qu’il reste beaucoup à faire, notamment en matière de valorisation du capital humain, un point sur lequel je le rejoins entièrement.
Mais, de mon point de vue, il a oublié de mentionner deux défis structurels qui doivent désormais être pris à bras-le-corps par le RHDP s’il veut inscrire son action dans la durée.
4. Le défi identitaire et la nécessaire “désethnicisation” du RHDP
L’une des faiblesses persistantes du RHDP demeure la perception communautaire de son identité. Bien que tous les grands partis ivoiriens souffrent d’un enracinement régional ou tribal (le PDCI en Akan, le FPI en Bété/Krou), le RHDP donne parfois l’impression d’un parti dominé par le Nord, et ce pour plusieurs raisons factuelles :
– Les trois derniers Premiers ministres : Amadou Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko, et Patrick Achi (ce dernier, bien que Akan, a été perçu comme un choix par défaut),
– Le président de la République, le vice-président (Tiémoko Meyliet Koné), la présidente du Sénat (Kandia Camara), et le président de l’Assemblée nationale (Adama Bictogo), des postes clés dans l’appareil de l’Etat, ont tous des origines septentrionales.
Or, l’un des piliers du modèle politique d’Houphouët-Boigny était l’équilibre géopolitique. À son époque, le Conseil des ministres était un véritable miroir des régions de Côte d’Ivoire. Il savait symboliquement associer toutes les communautés, non seulement pour créer un climat de paix, mais aussi pour forger un sentiment d’appartenance nationale partagé.
Le RHDP doit s’inspirer de cet équilibre houphouëtiste pour rompre avec cette image de “parti du Nord” s’il veut conquérir durablement l’adhésion nationale.
5. La lutte contre la corruption : un test de crédibilité
Le deuxième grand défi reste la lutte contre la corruption, un mal endémique qui mine la gouvernance publique et affecte gravement l’image du régime.
Des affaires retentissantes comme celle de l’Artci, du FER, de certains marchés publics surfacturés, ou encore du Conseil Café Cacao ont alimenté un fort sentiment d’impunité.
À ce jour, aucun haut responsable de premier plan n’a été traduit en justice, malgré les engagements affichés.
Le président Ouattara a, lors de son discours, invoqué l’héritage moral de Félix Houphouët-Boigny et de Henri Konan Bédié. On a senti une réelle volonté d’unir la grande famille Houphouetiste
6. Une opposition affaiblie : le meilleur allié du RHDP ?
L’ironie de la scène politique ivoirienne actuelle, c’est que le principal atout du RHDP est l’état de décomposition de son opposition.
Le PPA-CI de Laurent Gbagbo est miné par des tensions avec ses anciens compagnons de lutte politiques du FPI et son ex épouse, un manque de stratégie claire et une communication parfois clivante.
Le PDCI, orphelin d’Henri Konan Bédié depuis août 2023, semble perdu dans un débat sans fin sur la direction à prendre et le profil de son candidat.
Pendant ce temps, le RHDP capitalise sur cette désunion, en apparaissant comme le seul pôle de stabilité, de cohérence et de continuité.
À ce stade, je pense qu’Alassane Ouattara se représentera. Pas forcément par désir personnel de pouvoir, mais par nécessité tactique, face à une opposition désorganisée. Et il gagnera, non pas grâce à une popularité écrasante, mais par défaut de stratégie victorieuse de ses adversaires, trop souvent enfermés dans le discours victimaire.
Jean Bonin

Analyse du Congrès du RHDP du 22 juin 2025 : Observations critiques par Jean Bonin

Une organisation logistique impeccable a marqué le déroulement des pré-congrès régionaux, avec une mobilisation efficace à Anyama sous l’égide de la maire Fatim Bamba. La cérémonie principale au stade d’Ébimpé a accueilli plus de 100 000 militants sans incidents majeurs, grâce à un système de circulation spécialement mis en place. Les discours, notamment celui de Patrick Achi, ont été brefs et centrés sur les priorités du parti, contribuant à la fluidité de l’événement.
Dans son discours, Alassane Ouattara a adopté une stratégie ambiguë en endossant symboliquement la présidence du RHDP tout en laissant planer le doute sur sa candidature à la présidentielle d’octobre 2025. En repoussant l’annonce de sa décision entre juillet et août, il maintient la pression sur l’opposition en les laissant dans l’incertitude, renforçant ainsi son contrôle sur le calendrier politique.
Patrick Achi a mis en avant un bilan économique positif, mettant en lumière une croissance moyenne de 6,5% sur la période 2012-2023, ainsi que des progrès dans les infrastructures et l’accès aux services de base. Cependant, il a admis des lacunes dans la valorisation du capital humain. Deux défis importants ont été négligés : le déséquilibre géopolitique avec une surreprésentation des cadres du nord aux postes clés, en contradiction avec l’idéal d’inclusion régionale d’Houphouët-Boigny, et la corruption endémique, illustrée par des affaires de corruption sans poursuites contre des hauts responsables.
Le défi identitaire auquel le RHDP est confronté est de rompre avec l’image « nordiste » du régime actuel, représenté par des personnalités clés originaires du Nord, ce qui compromet l’unité nationale. Jean Bonin appelle à revenir à l’héritage de Houphouët-Boigny pour restaurer l’équilibre communautaire et garantir une unité durable.
Malgré les appels à l’héritage moral d’Houphouët et Bédié par Ouattara, aucun haut responsable n’a été poursuivi pour les scandales récents, laissant un sentiment d’impunité persistant en ce qui concerne la corruption en Côte d’Ivoire.
Le RHDP tire profit de la fragmentation de l’opposition, avec le PPA-CI et le PDCI affaiblis par des conflits internes et l’absence de Bédié. Cette situation laisse Ouattara en position de candidat par défaut, bénéficiant de la désorganisation de ses adversaires. Le RHDP apparaît ainsi comme le seul pôle politique stable dans ce contexte.
Le congrès d’Ébimpé a mis en lumière la force logistique du RHDP tout en révélant des divisions internes. Il est crucial de rééquilibrer la représentation régionale pour renforcer la légitimité nationale, et des actions concrètes contre la corruption sont nécessaires pour regagner la confiance du public. Malgré une adhésion populaire limitée, la tactique électorale d’Ouattara et la fragmentation de l’opposition pourraient assurer sa réélection. Le RHDP semble destiné à gagner par défaut, profitant de la faiblesse de ses adversaires plutôt que d’un véritable soutien enthousiaste.
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