APRNEWS: « 1500 décès par an – Une tragédie évitable. » Assalé Tiémoko

APRNEWS: « 1500 décès par an – Une tragédie évitable. » Assalé Tiémoko

Retirer les vieux véhicules de plus de 20 ans et relever l'âge des véhicules importés. Chaque année, les routes de la Côte d'Ivoire se transforment en un vaste et délétère théâtre d'accidents, emportant en moyenne 1500 vies dans des tragédies humaines évitables.

Une enquête récente, menée sur les cinq derniers mois, a révélé de manière alarmante trois causes principales derrière les derniers accidents mortels :
– La vétusté des véhicules, souvent en état de délabrement avancé.
– Des infrastructures routières jonchées de nids de poule, rendant la circulation périlleuse.
– Une surcharge régulière des véhicules qui compromet la sécurité routière.
A cela, il faut ajouter l’indiscipline sur les routes qui est un sport national, même si l’enquête ne l’a pas relevée comme l’une des causes principales des derniers accidents.
Face à cette situation préoccupante, le ministère des Transports projette une batterie de mesures pour inverser la tendance tragique, en instaurant notamment un renforcement des systèmes de vidéosurveillance et des contrôles routiers plus réguliers.
Mais ces initiatives suffiront-elles à réduire significativement ce chiffre alarmant d’accidents?
Les contrôles routiers peuvent avoir un effet positif, mais la vidéosurveillance ne saurait remédier à l’urgente nécessité de renouveler un parc automobile vieillissant.
En 2018, le gouvernement, par décret présidentiel, a introduit une interdiction d’importer des véhicules de tourisme âgés de plus de cinq ans, ainsi que des camions et des cars de plus de dix ans.
L’intention apparente derrière ce décret était claire: moderniser notre flotte automobile, réduire la circulation des engins anciens et limiter la pollution engendrée par ces engins anciens.
Cette décision, comme chacun le sait, a entraîné des réactions hostiles parmi les acteurs du secteur de l’importation de véhicules d’occasion-essentiellement des ivoiriens dont une majorité de la diaspora-sans que cela n’emeuve outre manière le gouvernement qui est resté de marbre.
En décembre 2023, la Commission d’évaluation des politiques publiques (CAPP) de l’Assemblée nationale a dévoilé les résultats d’une enquête parlementaire sur les conséquences de ce décret controversé.
Trois constats marquants en sont ressortis :
– Le décret a gravement impacté l’activité et l’emploi des Ivoiriens dans l’importation de véhicules, entraînant une perte financière significative de plus de 43 milliards de FCFA en trois ans.
– dans le même temps, les grands concessionnaires étrangers ont tiré profit de cette mesure, avec une augmentation significative de leur chiffre d’affaires.
– L’impact de ce décret sur la pollution de l’air en Côte d’Ivoire a été marginal, le pays ne se situant pas parmi ceux affichant des niveaux alarmants de gaz à effet de serre.
Par conséquent, la Commission a recommandé au gouvernement de relever l’âge des véhicules d’occasion à importer, de 5 à 7 ans pour les voitures de tourisme et de 10 à 12 ans pour les autres.
Cependant, un an plus tard, non seulement cette recommandation est restée lettre morte, mais de nombreux véhicules circulant sur nos routes affichent une ancienneté de 20 à 30 ans.
Et, on s’étonne à la suite de la récente enquête de 2024, des dangers que la vétusté des véhicules en circulation, représente pour la population.
L’enquête parlementaire de 2023 a également mis en lumière qu’environ 2 millions de véhicules circulent sur nos routes, mais seuls environ 30% d’entre eux possèdent un certificat de visite technique valide, ce qui équivaut à peine 300 000 véhicules en règle.
Une situation qui se traduit par une perte financière considérable pour l’État en plus de representer un danger pour les populations.
Déjà en 2014, une enquête du journal L’Éléphant Déchaîné avait mis en lumière ce terrible constat : sur environ million de véhicules qui circulaient vaillamment sur nos routes, seulement 280 000 possédaient un certificat de visite technique valide.
Étonnamment, chaque jour, tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays, des centaines de milliers de vehicules sans visite technique et en état de vétusté avancé, véritables architectes de la mort sur quatre roues, traversent gaiement et sans complexe les barrages des forces de l’ordre.
Tout semble indiquer qu’à l’approche de ces engins de la mort, certains de nos vaillants agents de sécurité sont frappés d’une soudaine cécité, surtout lorsqu’ils ont entre leurs mains, les pièces desdits engins.
Dans ces circonstances, la lumière au bout du tunnel pour les utilisateurs des voyageurs et commun, n’est pas pour demain.
Il ne reste plus qu’à appeler le concours de Dieu en 2025 pour nous soulager de tous ces accidents évitables.
Sans compter qu’il faudra également solliciter le concours de Dieu pour nous éviter, pour la même année, d’être frappés encore par la maladie la plus mortelle de notre pays depuis ces 30 dernières années : l’élection présidentielle.
ASSALÉ TIÉMOKO ANTOINE
DÉPUTÉ DE LA NATION.
assale@adci.info
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