APRNEWS: Le Tchad fête la fin des accords militaires avec la France

APRNEWS: Le Tchad fête la fin des accords militaires avec la France

À Ndjamena, capitale du Tchad, les manifestations de soutien à la fin des accords militaires avec la France prennent une ampleur inédite. Ce vendredi 6 décembre 2024, des centaines de personnes, principalement des jeunes, se sont rassemblées pour scander leur volonté d’autonomie et d’indépendance militaire face à l’ancienne puissance coloniale.

Retour sur une journée marquée par des slogans patriotiques, des mobilisations spontanées, et une nouvelle ère pour les relations franco-tchadiennes.

Une mobilisation massive et pacifique

Dès l’aube, le stade municipal du quartier Ndjari a vu converger environ 500 manifestants brandissant des pancartes et des drapeaux tchadiens. Aux cris de « Tchad hourra, France barra » ou encore « Le Tchad appartient aux Tchadiens », l’objectif était clair : affirmer un soutien massif à la décision du gouvernement de rompre les accords militaires avec la France, jugés obsolètes. Des sources proches du pouvoir nous ont par ailleurs affirmé que le comportement trop paternalisme avec un esprit hérité d’une période révolue du jeune ministre des Affaires Etrangère, Jean-Noël Barrot, avait joué un rôle dans l’annonce de la décision le lendemain de son départ de Ndjamena.

La jeunesse a dominé les cortèges, accompagnés de dirigeants religieux musulmans comme Abdel Daim Abdallah Ousmane, secrétaire général du Conseil supérieur des affaires islamiques, qui a tenu à rappeler le caractère pacifique de la manifestation. Dans d’autres quartiers, des cortèges improvisés ont pris place, mêlant motos, voitures décorées et klaxons de joie.

Une décision politique sans équivoque

La rupture des accords, annoncée le 28 novembre 2024, est une étape clé dans la politique étrangère tchadienne. Allamaye Halina, Premier ministre du Tchad, a souligné la nécessité d’un retrait rapide et ordonné des troupes françaises, tout en insistant sur la souveraineté militaire du pays.

Une commission spéciale, qualifiée de « mission historique », a d’ailleurs été mise en place pour superviser cette transition. Paris, de son côté, a pris acte de cette décision, tout en soulignant qu’une réflexion sur la révision de son dispositif militaire en Afrique était déjà en cours.

Un contexte politique et social complexe

Cette décision intervient dans un Tchad en pleine transition politique depuis le coup d’État de 2020, consolidé par une élection présidentielle contestée en avril dernier. Le pays fait face à des défis sécuritaires avec les attaques de Boko Haram, un afflux de réfugiés soudanais et des conséquences dévastatrices des récentes inondations.

Malgré ces difficultés, la mobilisation de Ndjamena reflète une volonté populaire de se réapproprier l’avenir du pays. Cette rupture s’inscrit également dans une dynamique régionale, où plusieurs États africains ont récemment mis fin à des accords similaires avec la France, témoignant d’un rejet croissant de l’héritage colonial.

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