APRNEWS: Autoroute du nord ou de la mort ?
Le week-end dernier je me suis rendu à Yamoussoukro. Ça devait être un voyage plaisir. Malheureusement, force est de constater que c’est un enfer sur (autoroute) que j’ai vécu. La faute à une autoroute à péage gravement dégradée sur pratiquement tout mon parcours.
Le comble c’est que je suis supposé rouler à 120 km/h sur ce tronçon autoroutier. L’état de dégradation est tel qu’il faut être un véritable casse-cou pour oser rouler à cette vitesse sans prendre le risque d’y laisser sa peau.
Partout sur le parcours, à défaut de pouvoir éviter tous les trous qui le jonchent, on finit par faire contre mauvaise fortune bon cœur, en choisissant le cratère dans lequel notre véhicule devra descendre.
Tant pis pour vous si vous crevez une roue, abîmez une jante, déchirez un pneu ou faites une sortie de route fatale. Ne comptez ni sur l’Etat de Côte d’Ivoire, encore moins sur le Fonds d’Entretien Routier (FER) pour vous dédommager en raison de leur évidente responsabilité pour faute lourde.
Le FER qui a en charge l’exploitation de cette autoroute aurait pu se dédouaner en prenant la précaution de signaler la présence des aspérités sur certains segments de l’autoroute du nord. Que nenni !
Il n’en a cure. Ils sait que les ivoiriens ne sont pas procéduriers. Ils se contentent d’exprimer leur frustration mais, jamais, ils n’engagent, en tant que de besoin, la responsabilité du FER devant les tribunaux.
Diantre ! L’autoroute du nord est à péage. Ce n’est donc pas les moyens qui manquent au FER, qui gère ces routes et autoroutes à péages, pour procéder à des travaux d’entretiens réguliers.
Si ce ne sont pas les moyens qui manquent pour l’entretien routier de ces routes à péage alors le problème vient probablement de l’incompétence de la direction du FER qui, en tant que maître d’ouvrage délégué, choisit des entreprises elles-mêmes toutes aussi incompétentes pour les entretiens.
L’un dans l’autre, il apparaît clairement que quelqu’un ne fait pas correctement son travail. Sinon, il n’y a aucune raison objective qui justifierait qu’en moins de cinq (5) après réhabilitation une autoroute puisse être autant dégradée.
Parlons un peu chiffres pour mieux mesurer l’ampleur du désastre. Je vais donc faire simple, sur la base des différents rapports annuels de gestion du FER, de 2020 à 2023, afin que vous puissiez vous faire une idée des montants astronomiques engagés pour l’entretien des seules routes à péage en Côte d’Ivoire.
A – Les recettes provenant des différents postes de péage de 2000 à 2023 :
– année 2020 : 17 841 013 031 FCFA
– année 2021 : 22 352 880 049 FCFA
– année 2022 : 25 817 123 775 FCFA
– année 2023 : 31 934 940 077 FCFA
– année 2024 : données financières indisponibles
Soit un montant total de recettes cumulées sur 4 ans, 2020 à 2023, de : 97 945 956 932 FCFA.
B – État des dépenses liées aux routes concédées (routes à péage, dont l’autoroute du Nord) de 2020 à 2023 :
– année 2000 : 14 504 357 320 FCFA
– année 2021 : 3 056 956 674 FCFA
– année 2022 : 2 062 129 685 FCFA
– année 2023 : 35 145 552 105 FCFA
– année 2024 : données financières indisponibles.
Soit un total de dépenses pour l’entretien des routes à péage sur la période 2020 à 2023 de : 54 768 995 784 FCFA.
Comment sur une période de 4 ans, de 2020 à 2023, avec des recettes de péage de 97 945 956 932 FCFA on en arrive à avoir une autoroute aussi dégradée ? Rien qu’en 2023, soit l’année dernière, ce sont pas moins de 35 145 552 105 FCFA qui ont été affectés à l’entretien des seules routes à péage ? Comme dirait l’autre « y a problème ».
Par analogie, prenons le tronçon du pont Riviera – Marcory, construite et exploitée par Bouygues et faisons une comparaison, dans les deux sens. Vous n’y verrez aucun trou et, s’il y a un accident, vous verrez dans les minutes qui suivent des agents d’exploitation en route pour baliser et sécuriser les lieux pour parer à toutes éventualités. C’est cela le professionnalisme et la conscience professionnelle que procure la satisfaction du travail bien fait.
Le drame c’est que ce semblant d’autoroute est empruntée régulièrement par le président de la république lui-même ainsi que par des délégations de très haut niveau à l’occasion de séminaires ou colloques divers à Yamoussoukro. Quelle honte pour la Côte d’Ivoire !
Le ministre en charge de l’entretien routier emprunte lui aussi cette autoroute pour se rendre chez lui à Divo. Ne voit-il pas que cette autoroute fait peine à voir et déshonore notre pays ?
J’aime profondément la Côte d’Ivoire et j’ai mal lorsque je vois la légèreté avec laquelle l’argent des ivoiriennes et des ivoiriens est géré par certains responsables politiques et administratifs. Ça en devient écœurant.
On ne leur demande pourtant pas la lune. On leur demande juste de faire le travail pour lequel ils ont été nommés et pour lequel ils sont grassement payés, aux frais des contribuables que nous sommes. Est-ce si compliqué à faire et à comprendre !??
La Côte d’Ivoire mérite mieux que ça !
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