APRNEWS: Scandale au Nigeria – L’armée tchadienne accusée de bavure

APRNEWS: Scandale au Nigeria – L’armée tchadienne accusée de bavure

Une bavure militaire a récemment plongé l’île de Tilma, située au Nigeria, dans la région du lac Tchad, dans la consternation. Dans la nuit du 31 octobre 2024, des pêcheurs locaux ont perdu la vie lors d’une attaque menée par un avion de l’armée tchadienne, initialement destinée à cibler des djihadistes présumés du groupe Boko Haram. Cet incident, qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes, suscite aujourd’hui une vive émotion et soulève de nouvelles questions sur les risques d’erreurs militaires dans une région marquée par l’insécurité et les incursions de groupes armés.

Selon les premiers témoignages recueillis par des milices locales anti-djihadistes, un avion de chasse tchadien aurait pris pour cible un groupe de pêcheurs en les confondant avec des membres de Boko Haram. Babakura Kolo, un responsable de l’une de ces milices, a confirmé l’incident, expliquant que les militaires tchadiens ont interprété la présence des pêcheurs comme une menace potentielle, les prenant pour des insurgés suite à une attaque contre une base militaire tchadienne, survenue quelques jours plus tôt.

Dimanche dernier, la région du lac Tchad avait été le théâtre d’une offensive meurtrière menée par Boko Haram contre une base militaire tchadienne, faisant une quarantaine de morts parmi les soldats tchadiens, d’après les autorités du pays. En réaction, l’armée tchadienne avait intensifié ses opérations aériennes dans le secteur, cherchant à traquer les éléments de Boko Haram. C’est dans ce contexte que la frappe fatale contre les pêcheurs a eu lieu.

Un officier tchadien, ayant requis l’anonymat, a expliqué que les opérations militaires contre Boko Haram présentent des défis importants, notamment en matière de distinction entre civils et combattants. « Les Boko Haram se fondent souvent au sein des pêcheurs et des paysans après leurs attaques, rendant l’identification complexe« , a-t-il déclaré. Cette ambiguïté sur le terrain rend parfois difficile pour les militaires de reconnaître les civils, un facteur susceptible de conduire à des erreurs tragiques.

Cette région, située entre les frontières du Tchad, du Nigeria, du Cameroun et du Niger, est en proie depuis des années à une insécurité persistante en raison des incursions régulières de Boko Haram. Le groupe, qui multiplie les attaques sur les villages, les bases militaires et les postes de sécurité, complique les efforts des autorités pour stabiliser la zone. Ce climat d’instabilité favorise des situations de méfiance et de tension où la moindre suspicion peut conduire à des interventions militaires aux conséquences désastreuses.

L’incident a relancé les discussions sur la nécessité d’une coordination accrue entre les forces militaires régionales pour éviter ce type de tragédie. Des observateurs et les milices anti-djihadistes locales appellent les gouvernements concernés à mener des enquêtes transparentes et à adopter des mesures préventives afin de protéger les populations civiles prises entre les feux croisés.

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