Citant sept sources, incluant des responsables de sécurité ghanéens et des diplomates régionaux, Reuters rapporte que les autorités ghanéennes fermeraient les yeux sur ces incursions. Des groupes armés franchiraient discrètement la frontière pour se ravitailler en nourriture, carburant et explosifs, et pour faire soigner leurs combattants blessés dans des hôpitaux locaux.
L’Institut Clingendael, basé aux Pays-Bas, a récemment publié un rapport affirmant que le Ghana aurait accepté un « pacte de non-agression » tacite avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). L’institut, citant des sources gouvernementales de haut rang, met en garde contre les risques liés à cette stratégie : « Nous avons constaté plusieurs incidents où des membres ou associés du JNIM étaient présents au Ghana pour se ravitailler, recruter ou transiter temporairement », souligne Kars De Bruijne, analyste à Clingendael. « C’est un signal d’alerte sérieux. »
Les experts estiment que le Ghana cherche ainsi à éviter tout risque d’attentat qui pourrait perturber ses prochaines échéances électorales. Toutefois, cette approche pourrait paradoxalement offrir aux groupes terroristes une opportunité de s’implanter durablement dans le pays, notamment au sein de certaines communautés marginalisées.
Avec une frontière de 600 km partagée avec le Burkina Faso, le Ghana est exposé à la crise sécuritaire qui a déjà fait des milliers de morts et des millions de déplacés dans la région. Cette semaine, un chef du JNIM aurait déclaré à Radio France Internationale (RFI) son intention de renforcer la présence du groupe au Ghana, au Togo et au Bénin.
Face à ces accusations, l’ambassadeur du Ghana au Burkina Faso a reconnu que les militants tirent avantage des frontières poreuses, mais a démenti l’existence d’un pacte de non-agression. Il a affirmé que le Ghana collabore activement avec le Burkina Faso pour « chasser » les insurgés de son territoire. Le ministère de l’Information ghanéen, sollicité par Reuters, s’est abstenu de tout commentaire.