APRNEWS: Qui est Mahomet SWT, le fondateur de l’islam
Né vers 570 à la Mecque, Mahomet (ou Mouhammad en arabe) est considéré comme le fondateur de l’islam. Mahomet (Mouhammad en arabe) est né vers 570 de notre ère dans la ville de La Mecque. Il fait partie de la tribu des Koreiche et du clan des Hachem – c'est pourquoi on appelle le roi de Jordanie le souverain hachémite: pour souligner sa filiation directe avec le Prophète.
LE CARAVANIER PAUVRE
Orphelin de père et de mère à six ans, il est recueilli par son oncle Abou Taleb, qui le traitera comme son fils ; il grandit avec son jeune cousin Ali. Mahomet devient caravanier, c’est-à-dire qu’il transporte les marchandises venues du monde indien (épices, soies, textiles…) jusqu’en Mésopotamie et en Syrie. À l’occasion de ces voyages, il rencontre des tribus juives et chrétiennes, dont des nestoriens, ces chrétiens qui privilégient la double nature humaine et divine du Christ et qui, depuis le concile de Chalcédoine en 451, ont été exclus de l’Église. C’est auprès d’eux que Mahomet s’initie aussi bien à la Torah qu’aux évangiles. Il semble que Mahomet, de condition modeste, soit resté célibataire plus longtemps qu’il était alors d’usage.
L’ÉPOUX FIDÈLE
Il va bientôt travailler chez Khadija. Cette femme veuve, deux fois mariée, est riche et dirige elle-même ses affaires. Elle a remarqué Mahomet et lui a demandé de conduire ses caravanes, les plus importantes de La Mecque, en Syrie. Khadija décide d’épouser cet employé séduisant devenu son homme de confiance et ce, malgré la différence d’âge: elle a quarante ans et Mahomet vingt-cinq seulement. Le mariage est célébré en 595. Devenu un personnage considéré qui n’est plus obligé de gagner sa vie au service des autres, Mahomet souffre néanmoins de ne pas avoir d’héritier mâle. Et malgré la polygamie illimitée permise alors dans cette société polythéiste, le jeune homme demeurera fidèle à sa femme tant que celle-ci vivra. À défaut, il adoptera deux garçons: son jeune cousin Ali, devenu aussi pauvre que Mahomet l’était, et un certain Zayd, originaire d’une tribu fortement christianisée.
LE MESSAGER DE DIEU
Mahomet a pris l’habitude de se retirer régulièrement, des nuits entières, dans les cavernes qu’on trouve à quelques kilomètres de La Mecque, sur la colline de Hira. C’est là que, un jour de l’an 610, il entend une voix qui lui répète incessamment: « Lis, récite! » Puis il voit l’archange Gabriel. L’homme est troublé et sent le doute s’emparer de lui. Il s’en ouvre à ses proches: son épouse Khadija et son cousin Ali. Ils l’encouragent à écouter et à faire ce que l’archange lui demande.
Il récite et répète les paroles dictées, paroles divines. La récitation (en arabe, Cor’ân) des premières révélations porte à la fois sur le Dieu unique et sur l’unicité de Dieu: il n’a pas d’associé, il n’a pas engendré ni été engendré. C’est là une première grande différence avec les chrétiens, qui, par le mystère de la Trinité – le Père, le Fils et le Saint-Esprit – seront qualifiés d’associateurs. Mais ces premières révélations abordent aussi le Jugement dernier et contiennent de vives critiques contre la classe dirigeante de La Mecque, son luxe et ses richesses.
LE PROSCRIT
La réaction hostile des notables est compréhensible: sur le plan politique, s’ils se mettent à reconnaître Mahomet comme messager de Dieu, il faudra s’attendre à ce qu’il acquière une influence prépondérante dans la ville ; sur le plan religieux, admettre la justesse du message qu’il transmet et notamment l’unicité de Dieu, c’est se vouer à la condamnation en admettant avoir été jusque-là dans l’erreur ; sur le plan économique enfin, attaquer le polythéisme de la Kaaba, et donc le pèlerinage des caravaniers et des commerçants, c’est s’en prendre aux ressources de la tribu régnante, les Koreiche.
L’hostilité à l’égard de la jeune communauté qui grandit autour de Mahomet prend des formes diverses: ostracisme, vexations et parfois de véritables persécutions. Car le discours du Prophète séduit les personnes vulnérables: les jeunes et les pauvres de la tribu, les femmes… À tel point qu’un premier groupe de croyants doit quitter La Mecque en 615 pour se réfugier en Abyssinie, auprès du très chrétien Négus, le roi des rois.
Mahomet, lui, reste: il dispose encore de la protection de son oncle Abou Taleb, chef du clan des Banous Hachem, celui-là même qui l’avait recueilli, et son mariage avec Khadija lui a donné une position qui le rend intouchable.
En 619-620, la situation va dramatiquement changer. C’est « l’année du chagrin » : Mahomet perd coup sur coup son épouse et son protecteur. Son propre clan, désormais dirigé par un adversaire acharné de la nouvelle religion, ne le protège plus. Sous la pression des événements et des hommes, Mahomet doit quitter La Mecque, partir, émigrer, s’exiler (en arabe hajara) avec ses compagnons pour échapper à la vindicte des habitants de La Mecque. C’est l’hégire, qui marque le début de l’ère musulmane.
Une ère nouvelle : l’hégire
Désormais sans protecteur, Mahomet doit chercher ailleurs un endroit suffisamment sûr pour lui et ses compagnons, afin de poursuivre sa prédication. Dans un premier temps, il se rend à Ta’ef, une oasis au sud de La Mecque, d’où il est chassé à coups de pierres. C’est alors que des habitants de Yathrib, une cité agricole au nord de La Mecque, lui proposent de l’accueillir. Habitée par des tribus rivales, dont quelques-unes des plus importantes sont juives, Yathrib abrite aussi quelques musulmans qui s’étaient convertis à l’occasion de voyages ou de pèlerinages à La Mecque les années précédentes. On les appelle les Ansar, les « auxiliaires ». Yathrib devient la ville du Prophète (Medinet al-Nabi en arabe, ce qui donnera Médine).
LE PROPHÈTE GUERRIER DE MÉDINE
S’érigeant en arbitre dans la cité, Mahomet ne pouvait renforcer ici sa position sans remporter de victoire face à La Mecque qui l’avait chassé. Il y eut naturellement les razzias, nécessaires pour subvenir aux besoins des émigrés de La Mecque, les Mouhajiroun.
Puis la guerre devint ouverte entre les deux villes, à la suite du meurtre d’un Mecquois qui appelait vengeance. Elle fut ponctuée par trois importantes batailles: celle de Badr (624), remportée par les Médinois ; celle du mont Ouhoud, l’année suivante, qui vit le succès des Mecquois ; enfin, un siège mené en 627, sans résultat, par les opposants au Prophète qui n’avaient pas exploité leur succès à Ouhoud.
En effet, les Mecquois vont s’apercevoir que la ville est entourée d’un fossé impossible à franchir, creusé par les Médinois. D’où le nom de cette bataille, dite « bataille du Fossé ». Entre-temps, Mahomet doit aussi affronter des problèmes à Médine, notamment avec les Mounafiqoun, les « hypocrites », des convertis à l’islam dont la tiédeur de la conversion risquait d’affaiblir la communauté, mais aussi avec les tribus juives, les Banous Nadhir, les Banous Qaynoqa et les Banous Qorayza. Les deux premières sont expulsées de Médine et la troisième massacrée au lendemain du siège de la ville.
Désormais seul maître de la cité, Mahomet va organiser ses fidèles. La Oumm, la communauté des croyants qui transcende les tribus et les clans, va se fonder sur les principes d’égalité, de fraternité et de solidarité. Le Prophète joue pleinement son rôle d’arbitre et rend la justice, qui n’est plus une affaire d’individu, mais celle de la collectivité. Le chef religieux est devenu à Médine à la fois un chef politique et militaire: sa prédication ne concerne plus seulement les relations de l’homme avec Dieu, mais aussi celles de l’homme avec les autres hommes.
À LA CONQUÊTE DE LA MECQUE
En 628, Mahomet décide de faire le pèlerinage à La Mecque avec un millier de ses compagnons. Les dirigeants de La Mecque les arrêtent à Hudaybiyya, à la limite de la ville sacrée ; mais il leur est impossible d’empêcher quiconque, fût-il leur pire ennemi, d’effectuer ce pèlerinage! Ils promettent donc à Mahomet qu’il pourra le faire, mais pendant trois jours et l’année suivante seulement. À la surprise –et surtout à la déception– de ses compagnons, Mahomet accepte. C’est le « pacte de Hudaybiyya ».
En fait Mahomet obtient là un grand succès: pour la première fois, il traite d’égal à égal avec les Mecquois. L’année suivante il effectue le pèlerinage prévu. Il se réconcilie aussi avec des membres de son clan. Et pour sceller cette réconciliation, il épouse plusieurs parentes. Mahomet a pris pas moins de neuf femmes pour conclure des alliances –certains disent même onze– et deux concubines: une chrétienne, Marie la Copte, et une juive, Rayhana.
En 630, rompant le pacte de Hudaybiyya, Mahomet rentre dans La Mecque à la tête d’une armée, sans rencontrer de véritable résistance, et fait abattre les idoles de la Kaaba. Son triomphe politique et religieux est total: il n’y a pas eu de bataille. En 632, il effectue le « pèlerinage de l’adieu », y accomplissant tous les rites que nous connaissons aujourd’hui. Trois mois plus tard, malade, il meurt dans les bras de sa dernière épouse, Aïcha, la fille de son successeur et ami, Abou Bakr.