APRNEWS: Dialogues et investissements construisent la paix
De nombreuses voix africaines se font entendre afin d’exhorter les institutions du financement du développement et les autres partenaires à multiplier les initiatives.
Il est urgent de rendre opérationnelles les idées novatrices pour instaurer la paix et la sécurité en Afrique, où se trouvent onze des États les plus touchés par les conflits dans le monde.
Ainsi, Marie-Laure Akin-Olugbade, vice-présidente de la BAD (Banque africaine de développement) chargée du développement régional, de l’intégration et du complexe de prestation de services, a-t-elle donné l’impulsion des IFD (Institutions financières du développement) lors d’une session en marge de la 79e Assemblée des Nations unies, intitulée « Investir dans la prévention : Renforcer la paix – Un appel à l’action pour les IFD ».
Il est impératif d’établir un lien entre le financement du développement et la consolidation de la paix, tout en tirant parti du secteur privé pour instaurer la paix, la sécurité et la cohésion sociale entre les communautés.
Au cours des vingt dernières années, le niveau des conflits mondiaux a augmenté, un cinquième de la population africaine résidant dans des zones de conflit, ce qui affecte l’avenir du continent dont la croissance est la plus rapide au monde.
« Notre objectif aujourd’hui est très clair. Nous souhaitons mobiliser les institutions pour qu’elles accordent la priorité à la construction de la paix, grâce à des partenariats innovants et à de nouveaux mécanismes financiers. Il s’agit d’un appel à l’action ! », a déclaré Marie-Laure Akin-Olugbade.
Le nouvel agenda pour la paix, qui est au cœur du Sommet de l’avenir des Nations unies, met en évidence la manière dont les différents acteurs, y compris les IFD, peuvent servir d’agents de paix, et souligne le rôle des partenariats, en particulier dans le contexte des pays fragiles et touchés par des conflits, appelant à une mobilisation politique et financière accrue pour prévenir les conflits.
Les effets de trois décennies d’une guerre civile dévastatrice au Mozambique sont encore évidents, a expliqué Amilcar Tivane, vice-ministre de l’Économie et des finances du Mozambique, en soulignant la nécessité de la prévention.
Son gouvernement a trouvé des solutions innovantes pour s’attaquer aux causes profondes du conflit et pour résoudre les problèmes de sécurité persistants dans le nord du pays, tels que le terrorisme et l’insurrection. « Ce qui a fonctionné, c’est une stratégie de renforcement de la résilience associée à des partenariats », a détaillé Amilcar Tivane. Le pays lance également une nouvelle initiative de paix pour la reconstruction des zones touristiques touchées. »
Construire des partenariats innovants
« Nous avons appris que la prévention est essentielle. Parfois, il est difficile pour les gouvernements de reconnaître que les dimensions sociales peuvent avoir un impact significatif ».
De son côté, Issa Faye, directeur général de la BID (Banque islamique de développement), considère que la combinaison de financements ordinaires et concessionnels de son institution a été la clé du succès du soutien financier apporté à 32 pays africains fragiles sur les 52 qu’elle soutient.
En effet, la BID a aidé des milliers de réfugiés par le biais de programmes visant à combler les lacunes en matière de compétences, de formation et d’éducation, en combinant l’autonomisation économique et la sécurité alimentaire.
Selon Issa Faye, le financement islamique est un concept qui encadre de nombreux programmes de l’institution ; il est toutefois nécessaire de trouver des financements alternatifs qui soient dédiés, réactifs et résilients. « Nous aimerions mobiliser les institutions pour qu’elles accordent la priorité à la construction de la paix, grâce à des partenariats innovants et à de nouveaux mécanismes financiers », a-t-il déclaré.
Pradeep Kurukulasuriya, secrétaire exécutif du Fonds d’équipement des Nations unies (FENU), a présenté un exposé sur la perception des risques, qui constitue un autre obstacle majeur au financement des initiatives de paix en Afrique. Il a donné un exemple concret d’une initiative de paix réussie au Burundi. « Le Fonds s’efforce de réduire les risques afin que des flux de financement plus importants puissent provenir d’institutions plus grandes et mieux établies. »
Depuis 2021, les organismes onusiens et le Burundi travaillent aux causes profondes interconnectées et transnationales de l’instabilité et de la perte de la nature dans le parc national de Kibara et les zones tampons environnantes. L’initiative conjointe avec plusieurs partenaires, dont l’Unesco, utilise une approche unique de financement mixte.
Financer la paix
Itonde Kakoma, président d’Interpeace, a déclaré qu’une nouvelle approche paradigmatique, qui s’éloigne de la focalisation sur les donateurs et voit plutôt les partenaires de développement investir dans des centres d’investissement pour la paix et créer une réserve de projets positifs pour la paix, est plus que nécessaire.
Il a ajouté qu’il était plus impératif que jamais d’établir un lien entre le financement du développement et la consolidation de la paix, tout en tirant parti du secteur privé pour instaurer la paix, la sécurité et la cohésion sociale entre les communautés vivant dans des environnements complexes. « Nous sommes convaincus que les objectifs de développement durable peuvent être atteints grâce au financement de la paix. »
D’autres participants, comme Elizabeth Spehar, secrétaire générale adjointe à l’appui à la consolidation de la paix des Nations unies, ont souligné l’importance de l’inclusion et le rôle des IFD. « Nous avons besoin de la puissance économique des IFD. Nous devons y travailler ensemble », a-t-elle déclaré.
Dans le cadre du projet pilote mené par la BAD en République centrafricaine avec le HCR, les Nations unies « travaillent avec les communautés sur le volet paix et la BAD sur le volet emploi », a-t-elle déclaré.
PF, d’après un compte rendu de la BAD.