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Les vieux diesels, un danger pour l’Afrique

© Sercom APRnews Photo / Les vieux diesels, bons pour polluer l’Afrique
Vendredi, 15 décembre 2017

Les vieux diesels, un danger pour l’Afrique

LE MONDE - Inquiet du phénomène, le programme des Nations unies pour l’environnement prépare un rapport inédit sur l’explosion du marché des véhicules d’occasion.

Des dizaines d’épaves de Toyota, deRenault, de Peugeot, de citröen, Golf et de Mercedes sont alignées et empilées sur le bord de la route et jusqu’au pied des immeubles délabrés. Ces voitures-là ont rendu depuis longtemps leur dernier  souffle. Mais l’air est irrespirable.

Matatus (minibus bondés ornés de graffitis bariolés), camions, voitures… la plupart hors d’âge, jouent du klaxon et du volant pour tenter de progresser de quelques mètres dans un immense flot anarchique qui s’ébroue au milieu des piétons et des vendeurs de rue. Fin de journée banale dans les faubourgs déshérités de Nairobi.

Dans quelques années, c’est ici, dans les bouchons de la capitale du Kenya, dans les rues saturées de Kampala, celle de l’Ouganda, ou dans la cohue de Cotonou (Bénin), que se déverseront les millions de diesels dont l’Europe ne veut plus pour ses citoyens. Ils continueront à recracher leurs oxydes d’azotes (NOx), ces gaz toxiques responsables de dizaines de milliers de morts chaque année et dont les constructeurs se sont évertués à dissimuler les vrais niveaux d’émission jusqu’au scandale du « dieselgate » et l’aveu du numéro un mondial du secteur, Volkswagen, en 2015.

Ce scénario préoccupe l’Organisation mondiale de la santé. « Ce qui nous inquiète, aujourd’hui, avec cette flotte de vieux véhicules diesel, c’est où ils vont finir. Et j’ai déjà une petite idée : le marché africain va être inondé », confie Maria Neira, directrice du département santé publique et environnement.

Dans un rapport inédit sur les liens entre pollution et mortalité publié fin octobre, The Lancet a classé le Kenya parmi les pays les plus touchés. Selon les décomptes macabres de la revue médicale britannique, pour la seule année 2015, la pollution, principalement de l’air, a provoqué près de 58 000 morts, soit environ 20 % de tous les décès.

« Vide réglementaire »

Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), basé à Nairobi, le trafic routier est à l’origine de 90 % de la pollution...