Vous êtes ici

Back to top

Le FMI persiste et insiste sur la gouvernance et la corruption au Congo Brazzaville

© Sercom APRnews Photo / Le FMI persiste et insiste sur la gouvernance et la corruption au Congo Brazzaville
Mardi, 26 décembre 2017

Le FMI persiste et insiste sur la gouvernance et la corruption au Congo Brazzaville

APRNEWS- Vexée par les cachotteries des dirigeants congolais, Christine Lagarde, la directrice du FMI avait donné le ton : livre ouvert, chiffres clairs et dette publique transparente.

Cette fois-ci Sassou doit se garder de faire un bis repetita, comme depuis une décennie. Le moins qu’on puisse dire, c’est la dernière chance offerte à son régime avant le solde tout compte.

Les experts de l’institution de Bretton Woods en mission au Congo-Brazzaville du 5 au 20 décembre 2017 n’ont pas dévié d’un iota et d’une virgule de la ligne directrice tracée par la directrice quant à prêter du fric à des flambeurs. Décidé à ne plus s’en laisser compter, les consignes préconisées par le FMI ont été suivies à la lettre. Appelant chat « chat », le langage a été plus abrupt et sans fioriture. 

Etant donné que le FMI semble persister et signer d’une encre indélébile, Sassou Nguesso, Clément Mouamba, Calixte Ganongo, Lucien Ebata, Gilbert Ondongo et Jean-Jacques Bouya ne sont pas au bout de leurs peines pour arracher un accord avec un FMI plus intransigeant que jamais. Devenue la risée de la CEDEAO et de la CEMAC, le Congo s’est entendu dire par l’Institution : « La récréation est finie »

L’heure est aux comptes et cet Etat pétrolier ne pourra plus compter sur la complaisance d’un Strauss-Kahn comme, jadis, lorsque les banquiers lui accordèrent, les yeux fermés, le statut de pays pauvre très endetté (PPTE), une largesse qui permit à un réseau de députés, ministres, parents de dirigeants de s’encanailler dans les paradis fiscaux.

Même si Christine Lagarde avait laissé transparaître une ouverture en déclarant « qu’il ne s’agissait pas de voler au secours d’un pouvoir ou d’un homme, mais de sauver une population », le ton est resté ferme. Plus question d’user du discours diplomatique qui a cours dans les institutions internationales. « Une fois ce travail achevé, un arrangement financier visant à soutenir le programme économique du Congo sera discuté au niveau du personnel du FMI avant d’être proposé à l‘examen du conseil d’administration ». Tout est résumé dans ce paragraphe. En somme les banquiers américains disent : « avouez vos forfaits et vous échapperez à la forfaiture. Bonne renommée vaut mieux que ceinture d’airain. »

Le communiqué final de la mission du FMI est on ne peut plus clair. Un accent particulier devrait être mis par les autorités du Congo-Brazzaville en charge de la conduite de la politique économique sur la gouvernance et la corruption. 

Entendez la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption des mœurs financières et sociales. Car, la gouvernance et la corruption sont les deux maux qui minent l’économie du Congo-Brazzaville. Le FMI pointe du doigt la faiblesse des organismes de lutte contre la corruption. Le gouvernement congolais devrait mettre en place au début de l’année prochaine une étude sur la gouvernance. C’est un jeu de mots, car autant demander à un cleptomane de garder un coffre-fort avec interdiction de voler. Mieux, c’est un VDA qui est demandé à ces Congolais qui l’ont toujours imposé à d’autres ( Vivre durement aujourd’hui pour vivre mieux demain)

Les oreilles du FMI ont sifflé

Les mises en garde, les interpellations et les avertissements de la société civile, des ONG, des sites d’information (congopage, congo-liberty, zenga-mambu, brazzanews, dac-press, mwinda…), des lanceurs d’alertes à l’instar de Jean-Luc Malékat ainsi que Serge Berrebi et des leaders de l’opposition ne sont pas tombés dans les oreilles d’un sourd. A force de répéter que plus rien ne va au Congo et que les jeux sont faits, leurs cris ont été largement utilisés par les fins limiers du FMI pour clouer au pilori l’équipe de Sassou Nguesso, Clément Mouamba, Calixte Ganongo, Lucien Ebata, Gilbert Ondongo et Jean-Jacques Bouya.

L’économie des pétroliers congolais

Il n’y a plus d’échappatoire à la problématique de la crise car la baisse du prix du baril du pétrole a bon dos. Il faudra trouver d’autres alibis pour justifier le laisser-aller du clan d’Oyo : le marasme économique et financier du Congo-Brazzaville ne saurait être imputable à la seule chute du prix du baril qui tourne aujourd’hui autour de 60 dollars. 

Pourquoi chercher midi à quatorze heures quand les difficultés de trésorerie sont en grande partie dues à la mauvaise gouvernance, à la corruption, à la mauvaise allocation des ressources, au vol, aux choix hasardeux de politique économique, à la kleptomanie, au clientélisme, au recours systématique à l’endettement pour financer les infrastructures très onéreuses et de mauvaise qualité de la municipalisation accélérée. Une montagne de crimes moraux et financiers qui mérite d’être déplacée par une nouvelle éthique.

Une assemblée hilare

La révélation la plus scandaleuse faite par Jean Claude Ibovi lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale est la route inexistante de 137 km construite et inaugurée par Jean Jacques Bouya dans la partie septentrionale du Congo-Brazzaville et qui aurait coûté au Trésor Public des milliards de francs CFA. Humour noir ou folie, au lieu d’être scandalisés, les députés étaient hilares au sein de l’hémicycle. Impassible sur son siège de député, Jean-Jacques Bouya en a cependant pris plein la gueule. Sans s’offusquer outre-mesure, les coups d’Ibovi paraissaient rebondir comme un ballon sur la bedaine de Bouya, le kleptomane le plus détesté des Congolais après Sassou. Ce fut du pur stoïcisme de la part de cet ancien pilote d’avion.

D’ailleurs on se demande pourquoi Jean Claude Ibovi a attendu ce moment pour faire cette déclaration fracassante ? Issu d’un univers où le cynisme est roi, Jean-Claude Ibovi était-il en service commandé ou agissait-il de son propre chef ? Que sait Jean Claude Ibovi de la dilapidation des fonds publics par d’autres ministres et patrons d’entreprises et administrations publiques ? Christel Sassou Nguesso, Edgar Nguesso ou Willy Nguesso par exemple ? 

Cette information a provoqué le ricanement général de nos honorables députés plutôt que d’appeler à la démission de l’immense ministre des grands travaux. Dans un pays normalement constitué, Jean Jacques Bouya serait mis en examen par un juge d’instruction à la demande du procureur de la République André Oko Ngakala et renvoyé illico presto du gouvernement. La chasse aux têtes à sacrifier est ouverte. 

A l’heure où Denis Sassou Nguesso, Clément Mouamba, Calixte Ganongo, Lucien Ebata, Gilbert Ondongo et Jean-Jacques Bouya s’aplatissent face au FMI, l’arrestation de Jean-Jacques Bouya serait un signal positif fort contre le vol des deniers publics et la corruption à cette institution, comme gage de nettoyer les écuries d’Augias.

Réformes

Les autorités devront faire des réformes fortes et immédiates en matière de gouvernance pour ancrer les attentes d’un changement positif dans la gestion des ressources publiques. Ce sera alors une première. Car de mémoire de Congolais les « autorités » n’ont jamais fait autorité en matière d’orthodoxie financière. À cet égard, le prenant au mot, l’équipe du FMI a salué l’intention du gouvernement d’approuver début 2018 une étude sur la gouvernance qui guidera les futures réformes. 

Même si les études entreprises par les gouvernements servent en général à enterrer les problèmes et dédouaner les coupables, ces réformes devraient inclure la mise en place d’un ensemble d’organes indépendants de lutte contre la corruption, la déclaration d’actifs pour les hauts fonctionnaires, la mise en place et le renforcement de mécanismes de contrôle de certaines structures publiques, notamment les sociétés pétrolières publiques et les grands projets.

Dilemme cornélien

Le temps presse. Le Congo-Brazzaville du khalife d’Oyo, Denis Sassou Nguesso, qui court désespérément derrière un accord avec le FMI se trouve dans un tunnel qui mène nulle part ailleurs. Articulée par des dirigeants politiques sans foi ni loi, l’économie du Congo-Brazzaville continue de subir les contrecoups de la baisse des prix du pétrole, d’une dette insoutenable (5320 milliards de francs CFA soit 110 % du PIB) et des faiblesses dans la gouvernance et la lutte contre la corruption.

Longtemps considéré comme un totem et un tabou tahitien, l’enrichissement illicite des membres du clan Sassou est dans le viseur du FMI. Que faire ? S’agira-t-il de sacrifier les courtisans du clan ou faudra-t-il sauver les populations du Congo-Brazzaville ? Connu désormais pour être un adepte de Bacchus (doux euphémisme pour dire « ivrogne ») Sassou-Nguesso voit ses nerfs soumis à rude épreuve face à ce dilemme cornélien. Un dilemme cornélien implique un choix impossible entre deux valeurs tout aussi importantes et estimables l’une que l’autre, à savoir le devoir d’un côté, et l’amour de l’autre. Comme on sait que Sassou n’est pas capable d’amour patriotique, il fera alors un choix de corniaud.

Avec Benjamin Bilombo Bitadys