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Immigration clandestine, quand le désespoir côtoie la mort

© Sercom APRnews Photo / Immigration clandestine, quand le désespoir côtoie la mort
Dimanche, 24 décembre 2017

Immigration clandestine, quand le désespoir côtoie la mort

APRNEWS- L’année 2017 a particulièrement été marquée par le phénomène de l’immigration clandestine de nombreux africains vers l’Europe.

Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), l’Italie a à lui seul, enregistré en 2017 plus de 61.000 migrants clandestins. Ce départ massif vers l’Europe, dans des conditions surréalistes, se solde bien souvent par des drames. Les images horrifiantes de personnes mortes en méditerranée hantent encore les esprits.

En 2015,  l’Organisation des nations unies (ONU) estimait à 3771 migrants morts. L’on a assisté, en 2016, à une augmentation du nombre de décès. En effet, plus de 5000 clandestins ont perdu la vie dans leur course vers la quête d’un mieux-être. Pour l’année 2017, déjà au premier trimestre, le HCR annonçait 1075 morts, un chiffre en hausse par rapport à celui de 2016 qui était, à la même période, d’environ 853 décès. A cela s’ajoute le drame des migrants noirs vendus comme esclaves en Libye. Un commerce officiellement découvert et diffusé par la chaîne américaine CNN en novembre.  

Bien que confrontés à de telles murailles aux conséquences désastreuses, les candidats à l’immigration ne lâchent pas prise. Doit-on regarder du côté des causes de ce phénomène pour mieux saisir les raisons de la détermination des immigrants ?

Les causes économiques et politiques sont régulièrement désignées comme poussant les africains dans des embarcations de fortune pour rejoindre l’Europe. Sur le plan économique, malgré l’amélioration des perspectives économiques en 2017 annoncée par la Banque mondiale, les populations ploient encore sous le poids de la pauvreté. Selon les chiffres de l’institution, un africain sur deux vit sous le seuil de la pauvreté. L’accès à l’eau potable, les problèmes liés à la distribution de l’électricité, la cherté des denrées alimentaires, l’accès difficile à un logement, l’analphabétisme sont autant de questions qui tardent à être définitivement réglées. 

A cela s’ajoute l’éternel problème du chômage des jeunes. Selon la Banque mondiale, les jeunes représentent 60 % de l’ensemble des chômeurs africains. Un tel chiffre met une lumière crue sur leur désespoir.

L’Afrique est également traversée par des conflits armés, des situations d’instabilité politique qui obstruent les perspectives d’avenir. C’est par exemple le cas de la Libye, du Soudan du sud, de l’Erythrée de la RDC et de certains pays en transition démocratique. De telles situations font de ces pays, des repaires de la corruption, rompant du coup le principe de l’égalité entre les citoyens. En gros, les candidats à l’immigration cherchent des cieux où ils pensent pouvoir  trouver une situation meilleure et ce, peu importe les conséquences.

Ils sont nombreux ces migrants qui ne parviennent pas à atteindre les côtes européennes. Un bon nombre succombe aux conditions difficiles du voyage. Certains perdent la vie soit dans le Sahara, aux mains de ravisseurs, soit en mer. D’autres, comme l’a montré CNN, après avoir été réduits en esclavage sont vendus aux enchères. 

Pour ceux qui atteignent l’Europe, la vie ne se présente pas à eux comme ils l’auraient souhaité. Une fois sur le territoire, ils sont confrontés à plusieurs problèmes dont celui de l’emploi, de l’acquisition de documents administratifs etc. La conséquence directe est qu’ils sont obligés de travailler « au noir » dans des conditions précaires et vivre en deçà de leurs espérances.

Pour le pays d’origine de l’immigrant clandestin, on note une perte en ressources humaines. Des intelligences font souvent partie du voyage. Désespérés et sans perspectives, ils prennent le chemin de l’Europe pour se « construire ».

Face à ce drame à la fois humain et économique, il va falloir trouver des solutions.

Quelles sont les perspectives d’avenir offertes aux candidats au départ ? Les  pays doivent s’attaquer de front au problème de l’emploi en initiant des partenariats avec les entreprises privées et les universités publiques et privées. Ce partenariat permettra aux entreprises, sous certaines conditions, de recruter les nouveaux diplômés. En outre, les Etats doivent créer un fonds pour financer les étudiants porteurs de projets, à charge pour ces derniers, de rembourser à l’état ledit prêt.

Les Etats doivent également créer l’égalité de chance pour tous à accéder à un emploi, public ou privé, en s’engageant à mettre en œuvre les pratiques de la bonne gouvernance. Cela permettra de rassurer les personnes en quête d’emploi. En outre, les pays doivent encourager à l’entrepreunariat en allégeant les charges fiscales au profit des jeunes entrepreneurs.

Les Etats doivent harmoniser leurs politiques migratoires  dans les espaces sous régionaux et également renforcer la coopération nord-sud afin de trouver des solutions communes à ce phénomène.

Il convient également d’initier des campagnes de communication et de sensibilisation,  sécuriser les documents de voyages, renforcer la surveillance des frontières, démanteler les réseaux des trafiquants et passeurs, encadrer les migrants bloqués dans les pays de transit et favoriser leur retour.

Serges Kamagaté