Vous êtes ici

Back to top

Football- Salif Bictogo : « Sidy Diallo est un frère… »

apr-news/ Interview Salif Bictogo
Lundi, 15 janvier 2018

Football- Salif Bictogo : « Sidy Diallo est un frère… »

APRNEWS- Depuis l’élimination des éléphants au mondial 2018, la crise qui couvait au sein de la grande famille du football ivoirien, a éclaté au grand jour. Dans cette interview accordée à APR NEWS, le Président du Stella Club d’Adjamé fait le tour de l’environnement du football. 

APRNEWS : Les éléphants de Côte d’Ivoire ne seront pas présents au mondial de 2018 en Russie. Selon vous, est-ce une impréparation qui en est la cause ?

Salif Bictogo : C’est dommage qu’on ne soit pas à cette grande fête du football. Malheureusement il faut constater les faits. Nous sommes tous responsables mais à des degrés divers. On n’a pas su taper du poing sur la table au moment où on sentait que l’impréparation de nos éléphants depuis la dernière CAN pouvait nous réserver de mauvaises surprises et par rapport même au choix de l’entraineur où il n’y a pas eu de consultations des mandants. Le mandataire en a fait une affaire personnelle et malheureusement l’échec est là. C’est la raison pour laquelle je dis que nous sommes tous responsables. 

APRNEWS : Quelle est précisément la responsabilité de la FIF ?

S.B : C’est la FIF qui manage l’équipe nationale. Notre souhait aurait été d’être à la coupe du monde. Je veux tout simplement dire que les causes de notre élimination remontent à l’échec des éléphants à la CAN 2015. On n’a pas su relever la tête. En football, sachez-le, il n’y a pas de génération spontanée.

APRNEWS : Ne pensez-vous pas qu’il faut une réforme en profondeur de toute l’organisation qui a en charge la gestion du football ivoirien ?

S.B : Bien sûr. Nous disons qu’il y a une profonde mutation à faire. Il faut refonder notre football. Faire appel à toutes les compétences pour qu’ensemble nous trouvions les bonnes solutions qui pourront faire avancer notre football.

APRNEWS : Le 29 décembre 2017, 42 clubs dont le Stella d’Abidjan, ont saisi la fédération par exploit d’huissier pour demander la tenue d’une assemblée générale extraordinaire. Que reprochez-vous aux dirigeants de la fédération ?

S.B : Ils ont voulu noyer le poisson en faisant croire que le reproche fondamental était l’élimination des éléphants au mondial 2018. Nous sommes tous dirigeants du football et savons que parfois le dernier peut battre le champion. 
L’élimination est en fait l’élément déclencheur de la mauvaise gestion de notre football sur le plan organisationnel. 

Nous avons tous ensemble constaté une mauvaise gestion de notre football sur le plan humain, financier. Par exemple, regardez le départ de nos héros. Je pense à Yaya Touré, Didier Drogba, Didier Zokora.

La sortie de ces anciens n’a pas été à la hauteur de ce qu’ils ont donné à la Côte d’Ivoire. Je crois que dans d’autres pays, on les aurait honorés avant leur départ. Ensuite la gestion de nos ressources financières est très lamentable. Ce sont ces quelques faits qui nous ont amené à prendre notre responsabilité en constatant que notre mandataire est en train de laisser tomber le canari.

APRNEWS : La FIF a déclaré irrecevable la requête sur le fondement de plusieurs faits dont, le défaut de quorum, le refus de produire au comité exécutif l’originale de la demande individuelle de chaque club. Comment peut-on expliquer que les clubs n’aient pas pu prendre toutes les dispositions utiles pour faire passer leur demande ?

S.B : Je crois que la FIF, dans ce dossier est devenue juge et partie. Or ce n’est pas ce que l’article 36 alinéa 2 des textes lui demande. Elle a simplement outrepassé ses droits.

APRNEWS : Quelles voies comptez-vous exploiter pour amener l’organisation fédérale à tenir une assemblée générale ?

S.B : Nous faisons un point de presse demain (lundi 15 janvier) et nous vous donnerons la suite sur la décision de la FIF. 
D’ailleurs il a été fait par un de nos ‘’employés’’, c’est-à-dire le Directeur exécutif qui devait rester loin de nos affaires de président. ‘’L’employé’’ doit rester à équidistance de ses employeurs.

APRNEWS : Le Président Sidy Diallo a déclaré avoir été élu pour 4 ans alors que vous demandez son départ, n’est-ce pas une guerre perdue d’avance ?

S.B : Jacob Zuma, le président de l’Afrique du Sud a été élu pour un long mandat. Malheureusement tout est en train d’être mis en œuvre pour qu’il soit destitué. Je crois que lorsqu’on gère mal les deniers des contribuables, on ne pas continuer dans la gabegie et accepter de diriger  une faitière. Comme on le dit, vous êtes élus par des mandants, vous n’êtes que le mandataire. A partir du moment où les mandants estiment que vous êtes en train de détériorer le bien commun, ils ont le droit, en vertu des textes, d’exiger des comptes.

APRNEWS : Ne pensez-vous pas qu’il est important d’éviter un bras de fer avec la FIF ? Vous pouvez par exemple engager des discussions pour que le football ivoirien se porte mieux.

S.B : On aurait pu peut-être éviter le bras de fer si on avait à la tête de notre faitière un rassembleur. Malheureusement il a eu 6 ans sans pouvoir tendre la main à qui que ce soit. Vous savez qu’on ne sort pas d’une élection comme si on sortait d’un gala. Il y a eu confrontation d’idées, étant donné qu’il y a de bonnes idées dans les deux camps, il faut pouvoir les rassembler.

Le football est un facteur de rapprochement et de rassemblement. Mais lorsque des dirigeants veulent écarter un ou des acteurs, on aboutit inévitablement à la situation que nous connaissons. Je pense qu’il faut toujours rassembler pour qu’on aille de l’avant. On peut transformer une élection en un consensus pour le bien du football. 

On n’a pas à vous dire qu’il n’est pas rassembleur, vous avez vu le pugilat qu’il y a eu avant le match Côte d’Ivoire - Maroc. Ce sont des signes.

APRNEWS : Malick Tohé, vice-président de la FIF en charge du marketing a été remercié. Quels commentaires cela vous inspire-t-il ?

S.B : On ne peut pas virer Malick Tohé. Il a été élu sur la même liste que M. Sidy Diallo. C’est pourquoi ils ont été prudents en parlant plutôt de « révocation provisoire ». Quand une personne est élue, il y a des étapes à franchir avant d’être révoquée. C’est justement pour ces raisons que nous demandons la révocation de tous puisqu’ils ne peuvent plus s’entendre mieux vaut qu’ils partent.

APRNEWS : Certains acteurs du sport soutiennent que vous êtes dans une logique de revanche puisque vous avez été battu par Sidy Diallo aux dernières élections à la tête de la FIF.

S.B : Sidy Diallo est un frère. Malheureusement sa gestion est scabreuse. Je ne suis pas un revanchard. Je n’ai pas eu ma notoriété en étant président de la FIF. Je dirige le Stella Club d’Abidjan depuis plus de 18 ans. J’ai acquis la notoriété avant de diriger le Stella et c’est ce qui a d’ailleurs contribué à faire de moi le président de ce club. Lui,  c’est au niveau de la fédération, en étant élu de la manière la plus calamiteuse qu’il a acquis sa notoriété. Vous savez comment il a été élu.

En 2016, bien que son mandat ait été échu depuis 2015, vous avez vu toutes les acrobaties qui ont été faites tant par le président de la commission électorale que par un avocat pour arriver à une élection en 2016 où il était unique et a organisé deux assemblées générales en 2 heures de temps. Alors que les textes précisent que pour organiser une assemblée générale il faut l’annoncer 15 jours avant. Je suppose donc que si l’ont fait une assemblée générale à 10h, il faut attendre 15 jours pour tenir la 2ème.  M. Sidy a tenu une assemblée générale à 10h et une autre à 12h. Cela n’a aucun sens, et c’est pourquoi, il est hanté par son élection. 

Dans ces conditions, on ne peut que semer le désordre dans notre football. Vous constatez que depuis plus de 4 ans, on n’est pas présents dans les compétitions de jeunes, tout simplement parce qu’on est éliminé dans toutes ces compétitions. Il n’existe plus de championnat de jeunes, ni de championnat de football féminin alors que toutes ces compétions sont financées par la FIFA. Ce sont tous ces dysfonctionnements que nous dénonçons. Nous ne sommes que des compétiteurs, nous mettons notre énergie, notre argent pour que le football continue de vivre en Côte d’Ivoire.

APRNEWS : La côte d’Ivoire vient d’être battue par la Namibie lors de la CHAN. Quel est votre commentaire ?

S.B : Ce n’est nullement une surprise, on ne peut pas s’attendre à des miracles lorsque dans le foyer rien ne marche. Nous sommes à la première journée et perdons. Sans faire injure à la Namibie, je ne pense pas que perdre contre ce pays soit honorable. 

On ne sait pas à quel moment on joue. La FIF n’informe pas les dirigeants des clubs. L’équipe qui vient de s’incliner est celle des clubs et non de Sidy Diallo. Nous ne sommes même pas informés par Sidy. Il est certes vrai que nous sommes dans un ‘’affrontement’’, mais la moindre des choses est d’informer ceux qui forment ces joueurs afin que chacun des dirigeants puissent donner des conseils ou les motiver.