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Etats-Unis: Oprah Winfrey future présidente ?

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Mardi, 9 janvier 2018

Etats-Unis: Oprah Winfrey future présidente ?

APRNEWS - Le discours de la présentatrice et femme d'affaires américaine lors des Golden Globes a convaincu ses supporters qu'elle a tout d'une future présidente...

Émouvant, enflammé, pertinent, engagé… Le discours d’Oprah Winfrey, dimanche soir lors de la cérémonie des Golden Globes, a suscité une kyrielle d’éloges. Il a aussi et surtout fait naître chez de nombreux Américains l’espoir que l’influente présentatrice et femme d’affaires américaine devienne la prochaine présidente des États-Unis. Les larmes du tout-Hollywood perlaient encore sous les spotligths que les hashtags OprahForPresident et Oprah4President bourgeonnaient déjà sur Twitter.

Un vœu pas si pieux que ça aux yeux d’Alix Meyer. « Sur le papier, Oprah Winfrey dispose de nombreux atouts pour devenir au moins la candidate du parti démocrate à l’élection de 2020 », estime en effet le maître de conférences en civilisation américaine à l’université de Bourgogne. Ces atouts, 20 Minutes est allé les dénicher dans le CV de celle qui incarne le rêve américain.

Une enfance modeste et meurtrie

Née le 29 janvier 1954 dans le Mississippi, de parents non mariés et qui se sont séparés peu après sa naissance, Oprah Gail Winfrey a vécu les six premières années de sa vie dans un quartier pauvre avec sa grand-mère, prompte à la frapper avec une baguette lorsqu’elle se conduisait mal. En 1986, celle qui pilotait son propre talk-show depuis deux ans a révélé, lors d’un épisode sur les abus sexuels, avoir été violée par plusieurs membres de sa famille, notamment, alors qu’elle avait 9 ans. A 14 ans, elle a donné naissance à un garçon qui est mort peu après.

Ces épreuves personnelles ont donné un relief particulier à son discours de dimanche, dans lequel elle a rendu hommage à la campagne anti-harcèlement #MeToo ainsi qu’à Recy Taylor, une femme noire qui avait osé rapporter aux autorités son viol par plusieurs hommes blancs en 1944.

Pour Alix Meyer, il n’y a pas à tergiverser, « le fait qu’Oprah Winfrey soit une femme, qui plus est afro-américaine, serait un atout non négligeable dans l’accession à la présidence du parti », qui a porté Barack Obama à la Maison-Blanche.Une carrière fulgurante dans les médias. Malgré cette enfance douloureuse, Oprah Winfrey a été une élève brillante. Le concours d’éloquence qu’elle a remporté adolescente lui a permis de décrocher une bourse à l’université du Tennessee, où elle a étudié la communication. L’ex-Miss Black Tennessee s’est aussi fait remarquer en présentant le journal de la station de radio noire WVOL. Elle est par la suite devenue la première femme noire présentatrice de télé, à la WLAC de Nashville. Sa carrière a réellement explosé lorsqu’elle a pris les manettes de son propre talk-show, « The Oprah Winfrey Show », où ses célèbres interviews, comme celle de Michael Jackson en 1993, ont marqué l’histoire du petit écran américain. Le dernier épisode de l’un des rendez-vous télévisés les plus vus aux États-Unis a été diffusé en mai 2011, vingt-cinq après ses débuts. Depuis 2012, elle présente « Oprah’s Next Chapter » sur sa propre chaîne.

Là encore, Alix Meyer ne doute pas que « l’aura médiatique d’Oprah Winfrey lui sera utile pour s’assurer une visibilité » sans pareille dans les médias. Aux États-Unis, les spots de campagne sont utilisés à l’envi par les candidats, parfois de façon nauséabonde parfois faisant la part belle à l’intox. En 2016, le spot de Donald Trump diffusé en vue de son investiture à la tête des républicains et centré sur la question de l’immigration avait montré des images de migrants au Maroc, alors que le milliardaire y parlait du Mexique. Gageons que l’ex-journaliste ne tombera pas dans le même écueil.

Une influence et une fortune d’exception

Pas plus tard que le 27 décembre, Oprah Winfrey a pris la 3e place du classement annuel des personnalités féminines les plus admirées des Américains, classement établi par l’institut Gallup. Devant elle, Hillary Clinton caracolait, suivie de près par Michelle Obama. L’influence d’Oprah Winfrey a, dimanche, une nouvelle fois été confirmée lorsqu’elle a reçu le prestigieux Cecil B. DeMille Award, récompensant l’ensemble de sa carrière. Une carrière à multiples facettes.

Businesswoman hors pair, Oprah Winfrey a rapidement diversifié ses activités, et donc ses sources de revenus. Journaliste, animatrice, directrice de magazines, la sexagénaire a joué dans plusieurs films engagés (La Couleur pourpre, de Steven Spielberg, Le Majordome, de Lee Daniels, etc.) et téléfilms. Après avoir fait la promotion du programme alimentaire Weigth Watchers (et gagné 3,1 millions d’euros, soit 585.000 euros par livre perdue), elle est devenue la troisième actionnaire de la société américaine. Au 1er janvier, sa fortune personnelle était estimée par le magazine Forbes à 2,4 milliards d’euros.

Déplacements, meetings, spots publicitaires… Aux États-Unis, les dépenses engagées dans le financement d’une campagne électorale atteignent des sommets. Celle de 2016 a été la plus chère de l’histoire américaine, a rappelé le site Atlantico, citant le New York Post. Tandis que Hillary Clinton se serait délestée d’environ 1 milliard de dollars, Donald Trump, lui, n’aurait investi « que » 515 millions d’euros. « Je pense que je n’ai pas du tout besoin d’autant d’argent que les autres, car j’ai déjà énormément de publicité. » Sur ce point, il n’a pas eu tort.

Un soutien de la première heure à Barack Obama bientôt présidente ?

Dès 2006, Oprah Winfrey a soutenu Barack Obama, appelant régulièrement les électeurs à voter pour celui qui n’était encore que sénateur de l’Illinois. Un coup de pouce qui, selon certains analystes, aurait permis au démocrate de devenir le premier président noir des États-Unis. En mars, dans une interview au milliardaire David Rubenstein sur la chaîne Bloomberg, alors qu’elle avait d’abord répondu n’avoir « jamais envisagé que [se présenter à la présidence des États-Unis] serait même une possibilité », Oprah Winfrey a fait savoir, dans un sourire malicieux, que l’idée ne lui semblait plus incongrue.

« Dans un contexte post-Trump, on est devenu modeste, on sait qu’il n’y a pas besoin d’être élu pour devenir président », raille dans un premier temps Alix Meyer. Mais, de là à ce qu’elle se lance dans la course à l’investiture du parti démocrate, « on est encore dans la politique-fiction, tranche-t-il. Les meilleures garanties ne vous assurent pas de la victoire, regardez Hillary Clinton. » Enfin, Alix Meyer rappelle que le parti démocrate compte de nombreux ambitieux, qualifiés, dont Kamala Harris (sénatrice de Californie afro-américaine et considérée comme « l’étoile montante des démocrates ») ou bien Martin O’Malley (candidat malheureux à l’investiture du parti en 2016).

Avec 20MINUTES