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Côte d’Ivoire : Les vérités du Député Kkp

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Jeudi, 1 février 2018

Côte d’Ivoire : Les vérités du Député Kkp

LE NOUVEAU REVEIL- Dans une interview accordée au quotidien Le Nouveau Réveil, le Député KOUASSI Kouamé Patrice, alias Kkp s’est prononcé sur l’affaire « Touré Yah ». Avec un regard de juriste, il donne son éclairage sur cette affaire qui défraie la chronique. Le Député de Yamoussoukro Commune, par ailleurs cadre du Pdci-Rda, livre également son analyse sur le projet de parti unifié du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), les prochaines élections et le transfert de la capitale à Yamoussoukro.

Vous êtes député mais aussi homme de droit. Quel regard portez-vous sur l'affaire Touré Yah ?

Ce qui est important à dire, c'est que l’honorable Touré Yah conteste les faits qui lui sont reprochés. Il ne cesse de dire et redire qu'il n'a pas jamais giflé l’agent de police. D'ailleurs, après les faits qui se sont déroulés le vendredi 26 janvier, ils ont été entendus le même jour, tous les deux, au 30e arrondissement. Après avoir été entendu, il est rentré libre chez lui. Il me semble que si comme le soutient le procureur, il y avait flagrant délit on ne l'aurait pas laissé tranquillement rentrer chez lui à la maison. A partir du moment où les faits se sont déroulés le vendredi et que c'est le dimanche soir que des agents de police se sont rendu chez lui pour le convoquer à la préfecture de police, il me parait évident que nous n’étions plus dans le cas de l’infraction commise actuellement ou qui vient de se commettre et par conséquent, le flagrant délit ne se justifie pas. 

Le fait que ce soit un week-end est-ce que cela ne justifie pas l'attitude du procureur de la République ?

Bien au contraire. Il est important de connaître le rôle du procureur de la république qui est de représentant de l'Etat au sein de l'appareil judiciaire avec pour mission de poursuivre les infractions. Je dirais que c'est quasiment à charge que le procureur de la République prend des initiatives. Quand il le fait et défère un député à la Maca, vous imaginez bien que le procureur de la République ne peut justifier sa décision, dans ce cas précis, que par le flagrant Cependant, ce n'est pas parce que le procureur estime qu'il y a flagrant délit que le flagrant délit se justifie. En effet, le temps écoulé entre les faits et la convocation à la préfecture de police, soit plus de 48h après, suffit pour dire que légalement le flagrant délit ne se justifiait plus. En outre, la clameur publique a déjà conduit devant les tribunaux des personnes qui ont été par la suite reconnue non coupable. Cela m’amène à dire respectons la présomption d’innocence.

Comment comprendre qu'un député ait pu être amené à la Maca de façon péremptoire ?

Le Bureau de l'Assemblée nationale a saisi le procureur de la République en demandant que les poursuites soient suspendues. Dans l'intervalle, le Bureau de l'Assemblée nationale instruira cette affaire pour comprendre ce qu'il en est de façon plus approfondie car il y a des zones d'ombres qui méritent d'être éclairées. 

Etes-vous d'avis avec certaines personnes qui estiment que l'Assemblée nationale a été bafouée ?

Evidemment que l'Assemblée nationale a été bafouée. Comment pouvez-vous comprendre qu'un député de la nation puisse, dans ces circonstances, être déféré à la Maca après avoir passé toute une nuit à la préfecture de police à être entendu sans avoir été mis en garde à vue mais en étant privé de sa liberté de façon abusive jusqu'au petit matin avant d'être conduit devant le procureur qui lui-même, par la suite, prend la décision de le déférer. Oui, l'Institution a été bafoué, les députés ont également été bafoués et par conséquent le peuple que nous représentons a été bafoué. C'est pourquoi je dis que toute la lumière sera faite sur cette affaire. 

D'aucuns disent que c'est parce que le député Touré Yah est PDCI qu’il a été traité ainsi. Qu’elle est votre avis ?

Je dirais que c'est de la spéculation dans la mesure où je n’ai aucun élément objectif pour le confirmer ou l’infirmer. Je ne veux pas m'engager dans la spéculation et je ne sais pas si c'est une action qui est ciblée contre le Pdci ou pas.

Des élections sont annoncées pour cette année. Vous qui êtes un militant du Pdci-Rda, pensez-vous que le Rhdp pourra aller en rangs serrés à ces échéances ?

Le Rhdp c'est une alliance politique. Ceux qui impulsent le mouvement de cette alliance politique ce sont les deux leaders des deux partis politiques, le Pdci et le Rdr. Donc la dynamique sera impulsée par rapport à la vision que les deux leaders ont de cette alliance. Comparé au parti unifié, je considère que le Rhdp c'est comme des fiançailles et nos fiançailles doivent aller jusqu'à leur point d'aboutissement qui est 2020. Quand tous les engagements auront été tenus, on sera plus en confiance pour parler d’autre chose et envisager le mariage qui peut être assimilé au parti unifié. Cependant, dans le mariage, il y a la communauté de biens et la séparation de biens. Je vous laisse deviner la suite

Quel est l'état de la situation du Rhdp, aujourd'hui, à Yamoussoukro ?

Je dirais qu'il n'y a pas de problème particulier. C'est le délégué départemental du Pdci qui est le coordonnateur du Rhdp à Yamoussoukro. A ma connaissance, il n'y a pas de problème particulier. Cependant, je tiens à rappeler que le délégué avait souligné qu'il n'était pas souhaitable que la composition du Rhdp aux élections locales soit imposée par Abidjan sans tenir compte des réalités du terrain. 

A Yamoussoukro êtes-vous disposés à aller en Rhdp ?

Yamoussoukro, est un cas spécial dans le sens où c'est un bastion du Pdci-Rda. Normalement, il ne devrait pas avoir de liste Rhdp comme c’est le cas dans les bastions des autres partis politiques du Rhdp. Donc si on veut être cohérent, on devait appliquer ce qui se passe ailleurs à Yamoussoukro en tant que bastion du Pdci-Rda et avoir uniquement une liste Pdci-Rda. 

Il est question d'aller au parti unifié avant les élections locales. Vous y croyez ?

C'est un vœu pieux pour moi que de prétendre aller au parti unifié de façon aussi précipitée aussi rapide, je n'y crois pas. Comme je vous le disais plus haut ce sont les leaders des deux partis phares du Rhdp qui impulsent le mouvement de cette alliance. Si c'est le choix de ces leaders certainement qu’ils viendront poser la question à la base. A ce moment là, la base leur dira ce qu'elle en pense. 

Dans l'entendement de certaines personnes aller au parti unifié c'est se départir de son parti politique. Ensuite, le choix du candidat en 2020 sera désigné par les militants du Rhdp sans tenir compte de leur appartenance politique. Qu'est-ce que vous en pensez ?

Vous savez, il y a tellement de spéculations sur cette question du parti unifié. Je ne sais pas quels sont les arrangements qui pourraient avoir au niveau du parti unifié. Mais ce que je sais, c'est qu'au niveau de la base à Yamoussoukro, il est hors de question que le Pdci-Rda disparaisse. Maintenant, qu'est-ce qu'il adviendra dans le cadre du parti unifié, ça je ne sais pas. Ce que je sais, ce que ma base me dit de façon récurrente, nous tenons à l'identité du Pdci-Rda et nous ne souhaitons pas que le Pdci-Rda disparaisse dans le cadre d'un parti unifié. Le reste on verra bien ce qu’il adviendra. 

Le président a affirmé que 2018 sera une année déterminante. Est-ce que vous convenez avec lui ?

Je dirais que chaque année est déterminante. Plus nous nous rapprochons de l'échéance de 2020, plus la pression va augmenter. Donc chaque année pour moi est déterminante, pas seulement 2018. Je ne suis pas dans les confidences du président Bédié, je ne sais pas quel est son calendrier par rapport au Rhdp donc je ne saurais vous dire pour quelle raison il dit que 2018 est déterminant. Mais ce que je peux vous dire c'est qu'en 2018, nous avons des élections locales importantes qui seront déterminantes pour la suite de nos fiançailles dans le cadre du Rhdp par rapport à 2020. On aura l'occasion de voir comment les élections municipales, régionales et sénatoriales vont se passer. Nous aurons donc un aperçu de ce que sera le Rhdp en 2020. 

Que doit être l'attitude des militants du Pdci-Rda ?

Ce que je peux dire et par rapport à ce que j'entends de ma base, c'est qu'elle attend les décisions qui vont être prises par le président Bédié. La base attend d'être consultée pour savoir ce qu'elle en pense. Nous avons déjà eu un élément de consultation avec les délégués qui se sont rendus à Daoukro. Je pense que cette consultation peut être beaucoup plus élargie. Mais il me semble primordial, pour être en phase avec la base, qu'elle soit consultée à un moment où à un autre par rapport aux décisions qui devraient être prises. 

Il y a un certain nombre de difficultés dans la marche du Rhdp. Je prends le cas de la région du Hambol où le président élu qui est du Pdci-Rda a été évincé au profit d'un militant du Rdr. 

Je regarde cette affaire avec l'œil du juriste et je dis qu’il y a tellement d'irrégularité au niveau de cette décision qu'elle aurait dû faire l'objet d'un recours. Parce que c'est une décision, du point de vue du droit, qui me semble tout à fait irrégulière.

Il est de plus en plus question de la recomposition de la CEI avant les élections locales annoncées pour cette année. Qu'en pensez-vous?

Je ne me rappelle pas les détails du dispositif de la décision de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples mais elle dit ceci :

  • L’Etat de Côte d’Ivoire a violé son obligation de créer un organe électoral indépendant et impartial en violation des accords internationaux qu’il a signé ;
  • Ordonne à l’Etat de Côte d’Ivoire de modifier la loi de 2014 relative à la CEI pour la rendre conforme aux conventions internationales qu’il a signé.

L'Etat de Côte d'Ivoire devait soumettre à la Cour un rapport sur l’exécution de cette décision dans un délai qui est expiré sans qu’aucune modification n’ait été apportée à la CEI à ce jour. C’est gênant et je pense que l’Etat doit exécuter cette décision de la Cour que je trouve très pertinente surtout lorsqu’elle déclare que les partis politiques sont dans une situation plus avantageuse par rapport aux candidats indépendants, ce qui est illégal.

C'est une inégalité devant la CEI qui est censée être indépendante et impartiale. 

Le président Bédié a souhaité longue vie au Pdci-Rda. Cela a suscité une polémique. Comment avez-vous perçu ce message ?

Je vais tout simplement vous donner une citation du Président Houphouët qui a dit : "Ce que je laisse à la Côte d'Ivoire, c'est le Pdci-Rda". Il n'a pas dit ce que je laisse aux militants du Pdci-Rda, il a dit ce que je laisse à la Côte d'Ivoire, c'est le Pdci-Rda. C'est comme un testament que le président Houphouët a fait à l'endroit de la Côte d'Ivoire. Donc quand le président Bédié dit "longue vie au Pdci-Rda", bien sûr, il le dit en tant que président du parti mais il le dit également par rapport à l'héritage qu'il a reçu du président Houphouët. Longue vie au Pdci-Rda parce qu'évidemment, le Pdci-Rda aura longue vie dans ce pays. Et nous souhaitons tous en tant que militant du parti que le Pdci-Rda ait longue vie. 

Etes-vous candidats aux municipales ?

Non! Vous savez, je suis contre le cumul des postes. Quand vous êtes dans une circonscription électorale et que vous commencez à cumuler les postes, c'est une insulte aux autres cadres de votre circonscription parce que c'est comme si vous étiez le seul compétent. A Yamoussoukro, nous regorgeons de cadres et je ne suis pas le seul compétent. J'estime qu'il faut faire la promotion des jeunes, des autres cadres pour qu'ils puissent se positionner aux différentes fonctions électives qui existent dans la région. Je ne suis pas candidat aux municipales parce que j'estime que j'ai déjà un poste de député qui m'occupe suffisamment. Par contre, c'est avec plaisir que je participerai à la liste du Pdci-Rda qui ira aux élections. 

On vous reproche d'avoir été un peu dur lors d'une rencontre à Yamoussoukro portant sur le transfert de la capitale politique. 

Moi, je fais d'abord un constat. C'est le président qui n'est pas houphouetiste, c'est-à-dire Laurent Gbagbo qui a posé un acte significatif en 2002 en créant le programme spécial de transfert de la capitale et qui a commencé à construire des infrastructures à Yamoussoukro pour le transfert de la capitale. L'autre constat que je fais, c'est que c'est un houphouetiste qui dissout, en 2012, le programme spécial de transfert de la capitale à Yamoussoukro. Il est évident que lorsque nous avons constaté cette dissolution en 2012, au début, on s'en est réjoui. On s'est dit le président de la République qui dissout le programme spécial de transfert et transfert ses activités à la présidence, cela veut dire qu'il va s'en occuper personnellement et efficacement. Sauf que de 2012 à 2015, soit 5 ans plus tard, nous constatons que rien n'a été fait. C'est pour cette raison que nous avons interrogé le président de la république, conformément à la Constitution, pour lui demander pourquoi le transfert de la capitale tardait à venir. Nous n'avons pas eu de réponse comme le prévoit la constitution Nous avons entendu différentes déclarations selon lesquelles le transfert de la capitale se ferait parce que le Senat va être installé à Yamoussoukro. je le dis et je le répète, le transfert d'une capitale ne se fait pas sans une feuille de route globale. Il se fait de façon structurée à travers un organe qui le gère de façon cohérente avec un chronogramme pour la construction d'un certain nombre d'infrastructures, avec un chronogramme pour le transfert des institutions. C’est à cette seule condition que nous pourrons croire que le transfert de la capitale se fera.