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Côte d’Ivoire : « Asseyons-nous et dialoguons »

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Lundi, 19 mars 2018

Côte d’Ivoire : « Asseyons-nous et dialoguons »

APRNEWS - « Le dialogue est l’arme des forts et non des faibles», disait le président Félix Houphouët-Boigny. Quel est l’intérêt de cette pensée 25 ans après la disparition du « vieux » ? Comme on le sait, il y a des pensées qui ne peuvent être prisonnières d’une époque. En raison de leur portée, elles parviennent à traverser le temps. 

En 2018, la pensée du sage de Yamoussoukro sonne comme si elle venait d’être dite à l’instant. Le marigot politique fortement agité ces derniers temps explique le recours à ces propos d’Houphouët. Ses héritiers s’affrontent armés comme un revolver. 

De Yamoussoukro à Gagnoa en faisant une halte à Divo avant d’atteindre  Abidjan, le débat entre « les partenaires» atteint le sommet de la « honte politique ». « Politicien de salon », « Politicien alimentaire », « Petits politiciens », « Homme dépassé ». Bref, les alliés du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) qui ambitionnent inoculer les valeurs de paix à la société, ont curieusement déposé le rameau d’olivier au portillon des poudrières. Exit la pensée d’Houphouët.

Désormais aucun meeting n’est de trop pour voler dans les plumes de l’allié. Tel pour expliquer que la maison réparée pour y vivre seul –et non ensemble !- jusqu’en 2050, mérite d’être débarrassée de tous ceux qui rusent avec le parti unifié. Tel autre pour rappeler qu’en 2020, c’est l’alternance en sa faveur ou rien.

Dans l’un ou l’autre cas, les positions semblent inconciliables. Si l’opinion s’étonne de voir défiler les flèches chaudes entre « partenaires », elle n’est cependant pas surprise de cris stridents poussés par l’opposition.

Asseyons-nous et discutons

Entre les deux pôles que constituent l’opposition et le pouvoir, il existe un pont qui ramène à la pensée d’Houphouët-Boigny : «Asseyons-nous et discutons.»
Une phrase prononcée par l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo aux heures chaudes de l’opposition entre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda) et le Front populaire ivoirien (Fpi). A la faveur des élections sénatoriales du 24 mars prochain, le «Asseyons-nous et discutons» est remonté une fois encore à la surface. 

Réunis au sein de la plateforme politique Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (Eds), l’opposition a appelé le pouvoir à revenir aux fondamentaux légués par « le père de la nation », c’est-à-dire le dialogue. Mais le dialogue s’est mué en monologue. Comme Moïse prêchant dans le désert, l’opposition a le sentiment de parler en vain. La main tendue pour la réforme de la Commission électorale indépendante n’a pas été saisie quoiqu’elle ait été encouragée par un arrêt de la cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Elle a promis battre le macadam le jeudi pour se faire entendre.

Pourtant, en associant les pensées de Félix Houphouët-Boigny et de Laurent Gbagbo, on sauve la société. « Asseyons-nous et dialoguons », une belle synthèse qui peut ramener la paix entre les alliés et favoriser des relations pacifiques avec l’opposition.

N’est-ce pas là ce à quoi le corps social aspire ? Autrefois, nous apprenions les guerres à travers les livres d’histoire. Nous regardions les autres par les persiennes, ne sachant pas trop la profondeur de leurs souffrances. 

Aujourd’hui, après avoir entendu siffler les balles en Côte d’Ivoire, nous sommes à même de mieux d'apprécier les effets dévastateurs des crises. Il nous faut donc retourner au dialogue pour baisser la tension.

Souvenons-nous du discours d’Houphouët devant le corps diplomatique le 1er janvier 1970 : «Dans la recherche de la paix, de la vraie paix, de la paix juste et durable on ne doit pas hésiter un seul instant, à recourir, avec obstination au dialogue.»

Serges Kamagaté